LE MÉTÉOREFrançois Delisle - 2013
7,5/10 Présenté à Sundance en 2013, ce film québécois est un OFNI qui repose sur une approche sensorielle et des voix-off omniprésentes. On y suit les pensées existentielles de 3 personnages : Pierre, un homme emprisonné suite à un homicide involontaire dans un accident de la route, sa mère qui lui rend visite régulièrement et Suzanne, son ex petite amie qui va couper progressivement les ponts avec lui. De façon plus ponctuelle, on suit aussi le point de vue d'un des gardiens de prison ainsi que d'un jeune dealer qui finira en cellule avec Pierre.
Le film consiste à illustrer les monologues des personnages par des images oniriques qui renvoient de façon plus ou moins symbolique à ce que raconte les personnages. Les monologues de Pierre sont souvent associés à des images de la nature qui symbolisent son besoin d'évasion. Ceux de la mère et de Suzanne sont symbolisés par des éléments de leur quotidien qui renvoient souvent à la solitude. Car le sujet central du film, c'est bien ça : la solitude destructrice. Et en cela, l'utilisation de monologues est parfaitement justifié. Même si c'est moins glauque et plus posé que Seul contre tous de Gaspard Noé, on y retrouve ce cheminement intérieur des personnages par leur questionnement existentiel.
Du coup, les acteurs sont très peu présents à l'écran. On a quelques gros plans sur le visage meurtri de François Delisle qui joue le rôle de ce prisonnier détruit par la culpabilité de ses actes. On voit Jacqueline Courtemanche qui joue la mère dans ses trajets répétitifs en taxi pour rendre visite à son fils. Et enfin, on a le droit à quelques plans de Noémie Godin-Vigneau pensive en jeune femme qui s'efforce de tourner la page sur cette période de sa vie mais qui n'y arrive pas. Au début, on est forcément déstabilisé par cette narration à laquelle on n'a pas l'habitude mais on finit par s'y faire progressivement et on se laisse envoûter par l'aspect onirique du film.
Visuellement, même si le film n'a pas la virtuosité d'un Terrence Malick et utilise énormément les plans fixes, on y retrouve quand même un style proche de celui-ci. La beauté des images, l'utilisation de la voix-off et le travail sur le son font forcément penser à The tree of life et A la merveille. D'ailleurs, pour ce qui est du son, le réalisateur utilise beaucoup de bruits de prison afin d'accentuer l'effet d'enfermement. Enfin, la fin du film est vraiment très touchante : même si on la voit pas en images, elle nous est racontée par Pierre et on arrive presque à se l'imaginer dans les moindres détails. C'est très fort !
Au final, voici un film au traitement totalement original qui en laissera certainement plus d'un sur le bord de la route. Mais pour peu qu'on arrive à s'immerger dans cette histoire, on en ressortira touché par ce traitement onirique et existentiel de la solitude sous ses différentes formes. Un film difficilement accessible mais captivant.