[Dunandan] Mes critiques en 2014

[osorojo]

C'est clairement de la bonne came ce H2G2. Y a plein de références partout, les idées fourmillent, ça part en délire tout le temps, de quoi passer un très bon moment. Je sais pas si j'irai aussi haut en note, mais je me rappelle d'une séance extrêmement agréable. Alors que je m'attendais à un truc très niais, je me suis laissé cueillir par un film très inspiré Jolie critique Dun'

[Mr Jack]

Bah tu sais on s'influence réciproquement, par exemple ta critique de Bullitt m'a donné envie de le voir ... (mais quand je dis ce genre de choses, ça peut prendre quelques semaines comme un an ou deux )

Nan mais c'est sur, et puis c'est aussi pour ça que j'apprécie ce forum, cette ouverture d'esprit et cette réciprocité, t'es un exemple, Dun

[Dunandan]

The mist, Frank Darabont (2008)

Frank Darabont, le mec qui a montré en trois films comment adapter un roman de Stephen King (en fait quatre si on compte son court-métrage), en se focalisant sur la psychologie et le comportement des personnages, contribuant à les rendre réels, incarnés. Bon ce n'est pas mon préféré du lot pour des raisons de dosage que j'expliquerai plus loin, mais j'ai encore pris mon pied pour l'expérience qu'il propose, en se focalisant d'abord sur l'humain avant d'envoyer la sauce dans ce qui est selon moi l'un des meilleurs films de monstres. Le script est efficace, divisé en deux parties. La première est certainement la meilleure, car elle instaure l'ambiance (un bon brouillard épais), pose un cadre (intimiste avec caméra à l'épaule), et nous introduit les personnages dans ce qui est avant tout un thriller psychologique, où ce qui importe est moins la menace extérieure que les diverses réactions humaines possibles face à l'inconnu. C'est un classique, plusieurs l'ont fait avant, et ici ça fonctionne bien (car on a passé un peu de temps avec eux, avec des dialogues de tous les jours très réalistes) tant qu'on accepte des réactions un peu excessives dans le genre, comme les délires religieux, le pragmatisme, le déni, le fatalisme, ou l'empathie. Tout se mélange pour reconstituer en miniature la société humaine dans ses contradictions et sa dureté face à ses peurs, recomposée à travers différents clans où les anciens rôles ne sont plus, remplacés par la force de conviction, malléable comme un rien. Un jeu humain très dangereux qui gangrène ce huis-clos de l'intérieur avant même que les créatures ne pénètrent leur espace vital.

Cependant, même si l'intention de confronter ces humains est très bonne, voire la meilleure idée du film (une référence évidente à The Thing), et que la tension à l'intérieur du supermarché est palpable et haletante, justement cela justifie des actions parfois vraiment très bêtes et absurdes (pourtant on a bien vu qu'il y a du danger potentiel, pourquoi il y a toujours un con qui veut sortir), et des personnages taillés à la serpe (la psychotique religieuse est un exemple fort de ce genre). Heureusement que le casting est vraiment très bon, ce qui permet d'accepter dans une certaine mesure les différents rapprochements/symboliques entre brouillard, peurs irrationnelles, instinct de survie, et Apocalypse. Autre problème, le temps passe à vive allure et ainsi, malgré qu'on ne lâche jamais les personnages, l'évolution soudaine de certains d'entre-eux (ceux qui se rallient à la cause divine de cette sorcière) est inexplicable ou peu crédible. Dernier petit défaut, les effets spéciaux ne sont pas toujours très bien incrustés (surtout au début, lorsque la créature géante baigne dans la lumière), mais dans l'ensemble ils sont quand même de haute tenue, surtout lorsqu'ils sont entourés de brouillard et qu'on ne voit que des parties, car on a toujours peur de ce qu'on ne voit pas (mais c'est aussi flippant de les voir utiliser des capacités hybrides et donc inattendues).

Au final, malgré ces nombreux défauts (psychologie et symboliques peu raffinées, évolution des personnages mal gérée, situations absurdes, effets parfois loupés), au niveau de l'immersion sensorielle cette bobine fait très mal, avec une première partie qui met bien en exergue l'humain face à ses peurs primaires, une seconde qui envoie du lourd au niveau du bestiaire et des séquences qui tachent, et une fin nihiliste peut-être un peu trop appuyée mais qui est finalement dans le ton apocalyptique de l'ensemble où la racine du mal, le véritable monstre, réside d'abord en l'homme.

Note : 8/10

[osorojo]

Film de fillette réalisé par le papa manichéen Darabont

Il m'avait bien saoulé ce The Mist, alors que j'en attendais beaucoup vu la répute qu'il se tape !

[Dunandan]

Ben tu vas voir, si tu me lis j'ai relevé plein de défauts, mais au fond j'ai quand même toujours satisfait de l'ensemble (thèmes et symboliques intéressants, casting convaincant, mise en scène d'abord intimiste puis qui offre de sacrés morceaux graphiques ...). Mais ouais le gros soucis est le dosage. Ce n'est pas si manichéen que ça (car même le "héros" s'en prend une belle), mais ça manque de subtilité (malheureusement la norme générale en ce moment dans les "gros films").

[osorojo]

Ué j'ai lu ta critique ^^ Mais moi, les trucs que tu évoques, dans un film qui se veut sérieux comme The Mist, ben ça me bloque carrément. Du coup je sors du film et j'apprécie plus rien. Les attitudes absurdes, dans un bon bis, c'est marrant et ça fait partie du jeu, mais là, ça passe pas du tout.

Et dans mes souvenirs, c'est quand même bien manichéen. T'as le groupe de gentil avec des principes qui suivent la bonne moralité et t'as les batards qui hésitent pas à retourner leurs vestes. Dans le genre bien grossier c'est pas mal ^^

Et puis la fin en mode M6, pouf je lève le brouillard, ça m'a zigouillé aussi xD

Après, j'exagère peut être mon mauvais souvenir, du au fait surtout que j'avais attendu longtemps pour le voir ^^

Par contre, c'est clair que niveau ambiance il est réussi mais bon, je trouve que le concept du brouillard et de la situation qu'il amène peine à tenir tout le temps du film.

[Dunandan]

Ben la force du film est clairement l'ambiance intimiste, mais ouais je comprends que ces réactions excessives puissent vraiment gêner. C'est parce que je réussis à voir l'aspect symbolique sans sortir du film. Et quelque part, situation extrême = réactions extrêmes. Même si le coup du gamin qui met sa main au feu pour tester si ça fait mal (image), c'est un peu gros bien qu'il avait l'air d'un bouseux pas très malin .

[padri18]

(la tapette qui apparaît dès qu'on dit "idée" est un exemple de cet imaginaire débordant pas si bête)

Si je dis pas de bêtises la tapette apparaît dès qu'une personne a une idée et non pas dès que le mot est prononcé. Voilà c'est juste pour chipoter car sinon gros +1 sur ta critique, une belle réussite ce H2G2 dont la bande annonce donne parfaitement le goût pour ceux qui hésitent à regarder.

Sinon concernant The mist, j'en ai un souvenir moyen relevé par sa fin couillue, c'est bien au final la seule chose qui m'a marqué dans ce film.

[Dunandan]

Ouais le coup de la tapette il faudra que je vérifie en fait, je vais sûrement le faire découvrir à ma femme qui adore le style Monty Python ^^ (mais ça n'enlève en rien à la folie de la séquence, bien au contraire). Edit : j'ai vérifié, c'est bien ce que tu disais (il y a tant de gags qu'il est difficile de tout retenir en détail ...)

Et merci Padri pour la critique (en plus j'ai découvert une version allemande de ce type d'humour que j'avais bien aimé, inconsciemment j'étais préparé, mais c'était quand même beaucoup moins subtil ... tout un art l'absurde).

Sinon pour The Mist, je suis bien conscient qu'il divise celui-là, pas de soucis. Mais voilà ça fait plaisir de voir un S. King particulièrement bien retranscrit. Si on ne vibre pas par l'ambiance qui se met en place, c'est sûr que les défauts bien présents doivent sauter aux yeux.

[dagokhiouma]

Bah putain ! C'est si bien que ça ce truc?!

quand on kif Dragon forever, on evite de sortir ce genre de question

[Dunandan]

Il est loin d'être le seul à avoir aimer ce Jackie Chan ...

M'enfin voilà les "Monty Python Biatch", foncez voir ce film (je n'étais même pas au courant de la mauvaise réput' du film, ça aide ^^). Les autres ben ... faut voir, c'est quand même très particulier .

[Dunandan]

Vampyr, Carl Theodor Dreyer (1932)

Hé bien, il faut se le farcir celui-là, du naphta fantastique bien chiant aux images lancinantes avec une quasi absence de dialogues, qui dure 1h10 alors qu'il en paraît le triple. A l'instar de Nosferatu il figure parmi les films issus de l'expressionnisme allemand qui auraient contribué à l'adaptation du mythe vampirique au cinéma. Au delà de sa place fondatrice d'un genre populaire avec des motifs avant-gardistes pour l'époque (merci le documentaire livré avec le film qui en explique le contexte), j'ai de la misère à lui trouver des qualités. En gros, c'est l'histoire d'un voyageur féru d'histoires occultes qui se retrouve dans une auberge bizarre peuplée de gens et d'ombres bizarres, avec une vague rumeur de vampire et une fille qu'on lui presse de sauver de ses griffes. Même les inter-titres littéraires m'ont paru plus intéressants que de suivre ce lent enchaînement d'images silencieuses et oppressantes, qui ressemble d'ailleurs plus à un rêve semi-éveillé auquel a affaire le personnage principal. Pour ne pas faire la mauvaise langue, une poignée de séquences m'ont intrigué qui peuvent expliquer l'intérêt d'exhumer ce film, comme ces plans qui ressemblent à des tableaux gothiques, des ombres se mouvant parfois seules sans leur propriétaire, ou une cérémonie funéraire qui progresse selon le point de vue du décédé. Bref, du cinéma pour archéologues du cinéma, si vous n'avez pas peur de la poussière et de la moisissure.

Note : 3/10

[Dunandan]

Gravity, Alfonso Cuaron (2013)

Une oeuvre-expérience qui sera vraiment appréciée à la mesure de l'expérience vécue elle-même, tant elle se réduit avant tout à l'immersion qu'elle propose au spectateur de subir les conditions de l'espace à l'instar des protagonistes. Absence de gravité, perte de l'orientation et du sens des distances, impression du vide total, tout cela on le ressent de manière incroyablement réaliste. L'ayant découvert dans des conditions modestes, dans mon salon, le choc est forcément moins important, mais on ne peut saluer que la qualité des effets spéciaux, et surtout la maîtrise de ces fameux plans-séquences qui s'évertuent à nous placer au coeur des évènements, presque en temps réel.

On nous invite à une sorte de survival tant physique qu'existentiel avec une symbolique de la renaissance et de l'humilité face aux progrès technologiques qui fait lourdement référence à un certain film dont je tairai le nom pour ne pas trop en dire. Certes, l'allusion est ambitieuse, et le développement de cette thématique n'est certainement pas aussi subtilement traitée dans Gravity (la tournure du trauma du personnage de Bullock, on la voit venir de loin), mais le défi de ne pas succomber à l'écueil de la démonstration purement technique est un effort fortement louable. Dommage cependant que ce trait soit si souligné (notamment par la musique), peut-être pour rajouter un peu d'émotion à ces visages un poil trop figés et lisses.

Du coup il y a trop de petits écueils pour que je le considère comme un chef-d'oeuvre. J'en ai d'autres en tête comme des dialogues peu inspirés, soit banals (surtout au début), soit renvoyant à des métaphores trop évidentes (si bien que j'ai trop vu le personnage de Clooney comme un simple intermédiaire, d'autant qu'il e
paraît trop cool face à ce qu'il lui arrive). Mais d'un autre côté, l'expérience de l'aventure spatiale sans oublier l'humain avec une visée émotionnelle qui atteint parfois son but, m'a permis de passer un bon moment. Bref, pas le meilleur de Cuaron - il a fait bien mieux avec les Fils de l'homme - mais il marque d'une nouvelle pierre le mariage entre avancée technique et humaine, suite à Avatar pour en citer le dernier exemple notable. Autre qualité, la durée choisie pour le film est idéale pour éviter de faire essouffler le concept.

Note : 7.5/10

[Hulkiss]

fait lourdement référence à un film de renom dont je tairai le nom

Bon, allez Dun, maintenant que ta critique est faite, c'est quoi le titre de ce film??? (on est plus dans le spoil...
Et pendant qu'on y est, comme tu es dans les très vieux films en ce moment, je cherche le titre de celui dans lequel apparait une dame blanche dans un cimetière??? (film des années 20 je crois) vive les critiques à la chaîne qui rouvre beaucoup de choses ....
Et au passage, un peu sévère pour Vampyr non...

[Dunandan]

La symbolique aurait du te mettre la puce à l'oreille vu que t'as vu le film

c'est 2001 Odyssée de l'espace

Bah sinon Vampyr au-delà de l'aspect purement historique de la chose, je l'ai trouvé super chiant. Je préfère largement Nosferatu.