Mad Dog and Glory John McNaughton - 1993
Découverte
Bill Murray en mafieux ? De Niro en flic de Chicago, limite poltron, timide et introverti, complètement lisse et en mode droopy ? Qui a fait le cast
? Alors qu'on aurait pu s'attendre à une inversion des rôles, ce casting à contre-pieds fonctionne plutôt bien. Les deux acteurs sont bons respectivement dans leurs rôles.
Pour être franc, le fait que le personnage de Murray soit un mafieux débonnaire qui en plus de son business illégal fasse du stand-up pour combler sa soif de reconnaissance publique, aide à surmonter cet a priori miscast. Cette astuce n'est pas incongrue au final, et contribue au ton comique cynique qui ressort globalement. Murray sait aussi jouer le truand dur quand il le faut, même si en fan, il m'est difficile de faire abstraction de sa puissance comique qui peut jaillir à tout moment. C'est toujours sur le fil, à deux grandes exceptions près, lorsqu'il choppe De Niro par deux fois, là il donne pas envie de rire.
De Niro, joue un flic, à l'évidence technicien, en charge de photographier les scènes criminelles et de donner des premiers éléments balistiques aux enquêteurs. Il est célibataire endurci (plusieurs années sans sex), timide, bref complètement inintéressant à première vue.
Ce qui va tout bouleverser, c'est lorsque De Niro sauvera inconsciemment Murray, client, lors d'une attaque à main armée dans une épicerie dans laquelle il se rendait innocemment pour acheter des gâteaux à un collègue policier. Murray, qui suit une psychothérapie, s'amuse qu'un flic lui ait sauvé la vie, lui mafieux, et veut tout faire pour le lui rendre.
Il décide alors de s'intéresser à lui, à ses désirs,... pour au final lui offrir ou plutôt lui imposé, Uma Thurman, pour une semaine. Uma campe ici le rôle d'une fille assez paumée qui paye une dette de son frangin auprès de Murray.
Bien évidemment, on devine la suite assez rapidement: De Niro n'en veut pas (ça colle pas avec l'éthique policière cette affaire), Thurman insiste sous couvert de mauvais moments avec Murray si De Niro ne la garde pas pour la semaine, il cède, tombe amoureux et veut la libérer du joug de Murray au final. Pendant toute cette partie du film, je crois avoir assisté à la scène de sexe la plus dérangeante, embarrassante, inconfortable et inélégante qu'il soit. Anti-glamour à souhait.
Mais le perso de Murray, n'est pas du style à se faire délester de son bien, de sa propriété sur Thurman. Le ton du film vire alors tout à coup, vers quelque chose de plus sombre, moins léger, plus violent. On a alors droit notamment au show burné de l'allumette rousse, alias David Caruso, flic également (toujours quoi) de son état. Évidemment cet acteur n'a pas le charisme et la carrure pour ce flic adepte de la castagne et fort en gueule, là encore du contre-emploi qui surprend et peut faire sourire. Pas crédible mais on s'en fout en fait, car il a presque la meilleur scène du film.
Je raconte pas la fin en happy end évidemment, avec dépassement de soi et une violente scène de bagarre ou combat de rue, entre murray et de niro, qui tournera un peu en déception sur la fin.
En conclusion, film avec pas mal d'ironie, sur les perso/cast, les situations. Encore un exemple, De Niro est poltron et il porte le sobriquet "Mad dog"
.
Comédie cynique, parfois crue, surprenante par ces changements de ton mais complètement balisée et attendue sur le dénouement de l'intrigue. Des petits ou moyens défauts un peu partout, mais la sympathie l'emporte au final pour un métrage typiquement 90's qui ne se regardera qu'une fois, un dimanche froid et pluvieux et qui vaut toujours mieux qu'une apres-midi avec Drucker.
Allez je vais mettre des "plus" pour ne pas être catalogué comme aigri après mes critiques de J.Chan: voir De Niro dans un rôle de flic à l'opposé de ses rôles précédents, Murray toujours divertissant et à contre-emploi, Thurman (bah c'est Thurman quoi, rien à rajouter), soundtrack de qualité, bon acting globalement, script simple qui prend pas la tête pendant 90 minutes, production Scorsese.
Pour les fans de De Niro ET Murray !
7/10
Les hommes livrent leur âme, comme les femmes leur corps, par zones successives et bien défendues.