Pitch Black, David Twohy (2000)
Ben voilà j'ai pu l'apprécier à sa "juste valeur", enfin. A trop se prendre la tête sur ce genre de film on finit par en échapper l'essentiel. Bref pour revenir à Pitch Black, l'intérêt de cette bobine repose évidemment sur tout ce qui traîne autour de la personne de Riddick. Etre aux origines mystérieuses, tout le film lui est pourtant consacré pour l'iconiser à mort, avec Vin Diesel qui lui prête tout son charisme.
Après un crash qui rappelle celui d'Alien dont il est un ersatz assumé, la première partie du film fait part d'une mise en place assez longue, permettant de découvrir le cadre et les personnages. De ce côté là c'est plutôt bien foutu pour une série B, j'ai juste à redire sur les filtres de couleur censés nous faire croire à la présence de trois soleils, qui fait assez cheap comme effet, mais on finit par s'y habituer, surtout que le concept d'une luminosité constante est excellent, et qu'il aura toute son importance pour la suite.
Et cette mise en bouche fait surtout honneur à Riddick à travers une courte chasse à l'homme menée contre lui. Genre de Han Solo dix fois plus Bad-ass, primitif comme un animal, il s'amuse à montrer qui est le maître en ces lieux. A travers de petites séquences drôlement jouissives, il se laisse en effet approcher pour jouer avec ses poursuivants sans qu'ils captent que dalle, alors que les soleils battent leur plein. Cette puissance qui émane de lui permet aussi de brouiller les pistes autour du danger qui ne vient pas de là où le pense. Dans le même sens, j'aime beaucoup l'opposition qui se crée entre lui, machine à survivre, et les humains, aveugles (le croyant qui voit ses enfants se faire buter presque sans broncher, espérant jusqu'au bout), égoïstes (le chasseur de prime), lâche/bête (le marchand d'antiquités). Sauf quelques innocents (même pas épargnés par le massacre se mettant en marche), seuls sortent du lot de cette humanité au rabais, la capitaine en quête de rédemption, et le gamin qui idolâtre (à raison) le chauve.
Mais la force de ce film repose sur sa simplicité élémentaire et l'efficacité de son déroulement. Découpé en deux parties bien distinctes, on ne perd jamais le fil de ce qui est une longue chasse menée de bout en bout par Riddick, même quand la situation semble désespérée (elle l'est peut-être pour les autres par contre, mais ils se foutent eux-mêmes dans la merde, c'est ça qui est bon). Dans la seconde partie, il y a une belle montée d'adrénaline avec l'éclipse et le réveil cauchemardesque des créatures, et les capacités de Riddick (qui peut voir dans le noir) qui sont enfin utilisées à fond. Si le design des créatures est influencé par Alien, il parvient à s'en démarquer par de nouvelles capacités (et limites). Et comme pour son aîné, on a le bon goût de les montrer peu (beaucoup à travers les yeux de Riddick), tout en mettant l'accent sur l'ambiance claustrophobe qui se met en place, sans oublier quelques détails graphiques gores. Et puis quel final, bien vénère (par contre un peu court), avec Riddick en train de jouer avec ce prédateur, qui prouve combien le film est bien pensé avec cette première partie qui annonçait cet affrontement entre deux bêtes de calibre équivalent.
Une révision qui fait donc du bien. L'alliage idéal entre Alien (pour son background finement utilisé et ses créatures malignes) et son personnage bien bad-ass, dont l'originalité ultime est de l'avoir rendu aussi dangereux que ces monstres, voire plus lorsqu'on découvre ce dénouement d'une moralité bien douteuse (sacré enfoiros en fait, appliquant les principes comme ça l'arrange) et atypique.
Note : 7.75/10