Die Another Day (Meurs un autre jour) de Lee Tamahori
(2002)
Les quarante ans de James Bond au cinéma fêté par l'arrivée de ce vingtième opus de la saga, et accessoirement dernier épisode avec Pierce Brosnan dans le rôle. Hélas, on est loin du film-somme de la saga façon Skyfall, et on rejoint la qualité globale de la période Brosnan, à savoir du divertissement pas dénué de qualité, mais qui non seulement ne cherche pas à faire plus, mais en plus ne le fait pas de façon irréprochable. On se retrouve donc avec un énième yes-man aux commandes : Lee Tamahori, réalisateur d'un seul film qui aura peu à peu enchaîné les projets ratés et/ou inintéressants au fil des années. Alors pendant un moment, on se dit qu'on a évité le pire, car il faut savoir que Brett Ratner était envisagé pour le poste à l'origine (ce qui pose quand même bien le niveau de la saga à l'époque), le problème est que Tamahori souhaite que ce film soit placé sous le signe du changement, avec une grosse volonté de faire évoluer formellement la saga dans le 21ème siècle. Cela donne donc des trucs affreusement gerbants, avec des effets numériques parmi les plus moches de ce début de siècle (la scène de la vague en Islande c'est quelque chose d'assez inédit, un véritable viol des rétines, la honte totale quand on sait que le film a coûté 150 millions et que la même année le numérique franchissait un cap avec Gollum avec un budget moindre) mais aussi des idées de mise en scène à la con, comme ces effets de montage qui accélèrent le mouvement de la caméra. Bref, des effets qui faisaient peut-être illusion à l'époque, mais qui vieillissent vraiment très mal.
Heureusement, le film a tout de même ses qualités, à commencer par un Brosnan de plus en plus convaincant dans le rôle, mais aussi avec un script assez surprenant par moment. On a donc une introduction dans un contexte intéressant (à savoir la division entre les deux Corée) qui laisse place à une situation inédite : Bond capturé, abandonné par le MI6 et torturé pendant un an. Pendant une bonne heure, on croit vraiment que le film va être bien (il y a quelques séquences très sympas comme celle d'escrime), mais dès le retour au MI6 c'est la catastrophe, et notamment à cause de cette affreuse scène en Islande qui gâche absolument tout sur tout les points. Le casting n'aide pas, avec John Cleese en remplaçant de Q qui n'arrive pas à convaincre, Halle Berry est hyper fade et les bad guys sont peu intéressants. En revanche, bon point pour la composition de David Arnold qui est peut-être bien sa meilleure contribution à la saga. Quand à la chanson de Madonna, elle possède un parti-pris assez extrême qui fait que soit on aime, soit on déteste. Personnellement, j'aime bien, notamment grâce au fait qu'elle s'accorde très bien au générique très particulier (peut-être un des meilleurs de la saga à mes yeux). Bref, Die Another Day est l'énième preuve que James Bond n'était plus que l'ombre de lui-même (alors certes, on est loin devant Roger Moore, mais la comparaison avec les films de Dalton fait mal). En somme, la période Brosnan aura eu le mérite de continuer à faire vivre le personnage et à expérimenter l'implantation de la saga dans un contexte contemporain. Malheureusement, il faudra attendre l'opus suivant et un nouvel acteur pour avoir un résultat qui mette tout le monde d'accord.
NOTE : 5,5/10