[Dunandan] Mes critiques en 2014

[Dunandan]

Oui ça décompresse ... et encore j'ai été soft pour les captures .

[Mark Chopper]

Tokyo gore Police que je trouve aussi bon. J'avance donc confiant pour le prochain

Tu as tort : tu as déjà fait le tour de ce genre miteux.

[Dunandan]

Oh, je pense que j'ai au moins encore 2-3 "bons" films à voir (bref je guette les avis d'Angel ...).

[Dunandan]

R100, Hitoshi Matsumoto (2013)

Après Symbol qui était déjà un sacré morceau dans le genre, Matsumoto a réussi à aller encore plus loin. Oui, vous avez bien entendu. R100 est clairement une oeuvre inclassable qui pose bien des problèmes à l'auteur de cette critique. Un film dont le plaisir est d'en faire l'expérience par soi-même, comme sa bande-annonce qui est une promesse d'un mystérieux endroit où votre esprit rationnel sera mis à rude épreuve.

Si je devais donc décrire simplement le sujet de ce film sans trop en dévoiler, c'est le plaisir d'enchaîner des séquences qui n'ont l'air d'avoir aucun rapport, et qui pourtant témoignent d'un immense génie dans la gestion des ruptures de ton, où les goûts se mélangent pour créer un produit hétéroclite absolument unique. Et ce cinéaste atypique prend un malin plaisir à brouiller les cartes, à bouleverser tous nos repères. Pourtant, ses délires n'en sont pas (uniquement), ils véhiculent bien la vision personnelle d'un artiste sur le monde qui l'entoure. Et contre la torpeur d'un quotidien morne et inquiétant, il a choisi de surprendre constamment. Chose réussie, car j'en avais les larmes aux yeux tant j'étais à la fois étonné, ému, et hilare par un tel mélange.

Une comédie qu'on croit fantasmer jusqu'au bout, et qu'il faut voir à cent ans pour la comprendre entièrement, semble suggérer le réalisateur via le titre de son oeuvre. Oui, si vous aviez encore des doutes, Matsumoto est un grand malade. En tous cas, R100 est un film qui m'a fait un bien fou par son ton osé plus que de raison, avec des thèmes aussi variés et bizarrement articulés que le sadomasochisme, la maladie, ou encore la créativité.

[Mark Chopper]

Tu montes sacrément haut là... Je dis ça, je ne peux pas lui mettre de note

[Dunandan]

Ouais j'étais sur le cul. Putain ça commence doucement, mais après ça ne s'arrête plus .

Non vraiment je le mets juste à côté d'Hana-bi qui n'a rien à voir, mais voilà c'est pour te faire une petite idée de la corde sensible que Matsumoto a atteint chez moi

[Mark Chopper]

- Il dit qu'il faut avoir cent ans pour comprendre son film.
- Dans ce cas, pourquoi l'a-t-on produit ? Et combien de centenaires peuvent physiquement se rendre dans un cinéma ? Et depuis quand un club BDSM a un PDG ???

[Dunandan]

Ah ouais j'étais plié à ce moment, je suis monté très très haut là

Vraiment merci de m'avoir fait découvrir ce cinéaste. Aucun de ses films ne se ressemblent, et pourtant je commence à y voir une grande cohérence. Un génie ce mec. J'ai hâte de son prochain projet, et en même temps j'ai peur de la déception tellement on a l'impression (à mes yeux) qu'il ne peut pas aller plus loin.

[osorojo]

Et bien, tu fais monter l'envie de voir son nouveau film. Je me ferais big man japan avant, mais ça a l'air sympa ^^

[Dunandan]

Vu ton appréciation de Symbol, ça devrait passer tout seul

[Dunandan]

To Live and Die in LA, William Friedkin (1985)

Polar urbain à l'esthétique 80's clairement assumée (photo et musique), To Live and Die In LA ne se contente pas d'appliquer les codes du genre, mais sur la base d'une simple et classique opération d'infiltration et de pistage de réseau de faux billets, Friedkin dote son film d'une atmosphère dérangeante, inquiétante, et crépusculaire. On retrouve ici le réalisme docu' de French Connection, tout en le contaminant des filtres fluorescents et agressifs confinant au voyeurisme de Crusing, qui soulignent ainsi la transgression à l'oeuvre dans cette pellicule rageuse où la frontière entre bien et mal est sans cesse perturbée.

A part Michaël Mann, rares sont ceux qui parviennent aussi bien à rendre la ville autant inquiétante et qu'attractive. Mais j'ai aussi eu un peu de difficulté à rentrer dans l'intrigue que je n'ai pas toujours trouvée limpide, avec des personnages principaux qui m'inspirent peu d'empathie. C'est le genre d'oeuvre qui, à l'image de son esthétique, ne prend pas le spectateur dans le sens du poil, et il faut du temps pour l'apprécier totalement dans ses intentions. D'autant plus que Friedkin est malin, et brouille les pistes comme au début de la rencontre du faussaire et de sa copine, qui de dos ressemble à un homme. De la même manière, les dialogues regorgent de petits double-sens qui m'ont légèrement sorti du film, renvoyant à ce sentiment d'implosion qui guette les protagonistes.

Le personnage principal, j'ai donc un peu de mal. Sorte de tête brûlée antipathique qui sous prétexte de retrouver le faussaire, veut venger la mort de son ami, et exploite ainsi tous les moyens à sa disposition. On ne ressent que froideur chez lui, ce qui est dans le ton du film puisque c'est une manière de montrer qu'il n'y a plus trop de différence avec son adversaire, donnant lieu à des scènes franchement vénères et explicites avec des impacts de balle qui font très mal et une course-poursuite aussi dantesque que celle de French Connection. Face à lui, Willem Dafoe assure en artiste maudit reconverti en faussaire (avec une très belle intro sur la conception des faux billets) prêt à brûler ses oeuvres inaccomplies (le dénouement prend tout son sens en se rappelant de cela). Pour finir avec le casting, le choix d'actrices au corps androgyne n'est pas anodin, sûrement une autre façon de toucher le fond vicieux et ambigu des personnages.

Malgré ma demie déception, je reconnais là une oeuvre fascinante et singulière qui sublime le genre (notamment grâce à son atmosphère crépusculaire et agressive, et sa représentation nihiliste d'une époque où le fric pourrit tout le monde), à laquelle je n'ai pas complètement adhéré pour ces mêmes raisons. Je le reverrai peut-être à la hausse avec le temps, et je suis déjà content d'avoir pu découvrir cette référence du polar qui avait traîné sur mes étagères depuis (trop) longtemps.

[Dunandan]

Metal hurlant, Gerald Potterton (1981)

Pas revu depuis mon adolescence, et c'est toujours aussi bon. Le fil directeur de l'histoire, une sphère verdâtre incarnant le mal absolu et menaçant une jeune fille de mort pendant qu'elle lui raconte des histoires à travers l'espace et le temps, n'est vraiment qu'un prétexte pour laisser libre cours à l'imagination des créateurs de cette bobine décomplexée. Ainsi, dans la pure tradition des films à sketch, l'enchaînement est simpliste voire parfois un peu bancal, mais nous invite à une belle diversité d'univers et de tonalités différentes, avec par exemple du polar post-apocalyptique, de la SF avec des extra-terrestres folklo et drogués, ou encore divers mondes exotiques, futuristes, ou Héroic-Fantasy, tous très sympa à découvrir. Le mot d'ordre est nudité, violence, et rock'n roll. Vous voilà prévenus.

Quant aux dessins, ils ne plairont pas à tout le monde, car les traits sont assez grossiers (même pour l'époque), et l'animation, saccadée. Cependant, le caché est charmant, d'autant plus qu'on ne s'ennuie jamais avec une telle diversité de styles abordés et une grande générosité dans les détails graphiques. Les segments sont plus ou moins longs, de 5 à 30 min (pour le dernier), et les situations sont vraiment rigolotes, ne manquant jamais d'occasions pour le héros pour emballer les femmes à gros nichons avec des prétextes souvent tout bidon et du dialogue à prendre au second degré ("t'as de beaux yeux tu sais" - dit-il devant son 95D -).

La boule verte sert en fait à mettre en scène la lutte du bien contre le mal de manière très ludique, tenant ainsi l'attention du spectateur éveillée, avec des situations aussi différentes que le chauffeur de taxi du début ayant à faire avec une femme fatale armée de son véhicule sur-équipé, un adolescent se transformant en homme super musclé (donnant lieu à une scène sexuelle désirée par n'importe quel jeune qui se respecte), un procès révélant les vices de l'accusé, ou encore un groupe de zombies qui se réveille dans un avion de chasse. Le tout rythmé par une bande-son métal du plus effet.

Bref, le parfait film d'animation anti-Disney qui se destine avant tout aux amateurs de séquences osées et d'ambiances rock'n roll, d'une légèreté de ton qui fait plaisir. Pas un chef-d'oeuvre, mais tout simplement jouissif et drôle si on laisse ses sens se laisser un peu aller. Le genre de "truc" anarchique qui fait du bien de temps en temps.

[Dunandan]

P'tain j'ai le sentiment que j'ai raté plein de trucs avec Police fédérale en me matant d'autres critiques, car je m'attendais à un bon polar sans trop prise de tête, et je me retrouve avec un film crépusculaire à la manière de Fukasaku où l'enquête a peu d'importance. Un peu trop fatigué ce jour-là pour ce genre de bobine (les sta ça n'aide pas dans ces conditions) ... Du coup je vais sûrement me le revoir bientôt (je vais quand même attendre un bon mois) pour peut-être le réévaluer à la hausse .

[Mark Chopper]

J'ai une nouvelle signature pour toi :

[Dunandan]

Bon par contre la deuxième en partant de la gauche, elle me fait bien peur.