Away we go, Sam Mendes (2009)
Entre les deux grosses productions que sont Les noces rebelles et Skyfall, Sam Mendes nous pond un film plus modeste et néanmoins précieux. Car après avoir livré une brillante et éprouvante réflexion sur la naissance de la modernité et de ses conséquences sur la conjugalité, Away we go est une véritable bouffée d'air frais, son pendant positif. Il s'agit en effet d'une comédie douce-amère estampillée Sundance, et aussi un road movie, puisqu'un jeune couple trentenaire décide d'aller aux quatre coins de l'Amérique du Nord pour visiter leurs relations, en prendre la température affective, et ainsi offrir le meilleur foyer au bébé qui est en chemin.
Donc une oeuvre plus légère en apparence, et elle l'est en vérité (grâce notamment à sa bande-originale duveteuse, une mise en scène intimiste, et le jeu naturel des acteurs, qui nous rendent tout de suite confortables et réceptifs). Mais elle est aussi parsemée de symboliques qui, même si elles sont servies sur un plateau (d'autant plus que le film est découpé de manière à ne pas les confondre), renvoient à un spectre différent de l'Amérique qui pèse sur l'équilibre familial, comme la répétition de l'échec ou la fuite de la violence. Et ce qui plane par-dessus tout autour d'eux, c'est la crainte de l'échec, de ne pas être assez bons en tant qu'individus et parents. Sans être réellement une quête initiatique, il s'agit plutôt de la confirmation renouvelée d'une vérité aussi simple et profonde que l'amour.
Un film qui me parle vraiment, loin d'être banal en dépit d'un sujet maintes fois rabâché. Sûrement grâce à sa modernité de traitement, avec la mise en avant d'un couple mixte, deux personnages "normaux" qui sont en même temps en décalage avec ce que la société préconise (très bon d'ailleurs le choix de John Krasinski qui reprend un peu son personnage de The Office, à savoir entier, sincère, et toujours capable de rebondir du bon côté). Puis la qualité d'écriture des dialogues, d'une grande finesse non sans une pointe d'humour, et qui abordent une multitude de thèmes avec justesse mais sans jamais prendre le dessus sur la légèreté du film qui est à mon sens essentielle. Et enfin, le sentiment de confiance et surtout d'espoir qu'on acquière avec les deux amoureux, que finalement, la vérité est bien plus simple à trouver qu'on ne le pense, sans prétendre donner des réponses toutes faites. Un vrai petit feel good movie en ce qui me concerne.