- Ben alors Kefren, t'étais où ?
- Ouais, je sais, j'ai pas assuré sur ce coup...
- Ben ouais mais bon, tu crains, c'est pas sérieux de quitter le forum pendant 2 mois... T'es pas indispensable hein, mais bon... ça se fait pas !!!
- Ouais... pardon... Bon je vais essayer de me faire pardonner avec une petite critique cool.
- C'est quoi le film ?
- Le film, c'est une tuerie australienne qui s'appelle :
Bubby a 35 ans et vit depuis toujours enfermé dans un appartement glauque et sombre. Prétextant une guerre nucléaire, sa mère ne l'a jamais laissé sortir. Bubby n'a jamais vu l'extérieur et, malgré son âge, se comporte comme un enfant de 8 ans : il ne connait personne, n'a jamais été en interaction avec le "dehors" et son univers se limite à l'appartement qu'il partage avec sa mère. Cette dernière a fait de son fils son animal de compagnie, son confident, son objet sexuel...
Tout va basculer le jour où Bubby va réussir à échapper à l'emprise de sa mère et découvrir le monde extérieur, n'ayant pour lui que ses yeux de gamin de 8 ans, son corps d'homme de 35 et son ignorance totale des notions de bien et de mal.
BAD BOY BUBBY est sans doute l'un des films les plus atypique qu'il soit. Le scénariste et réalisateur (Rolf de Heer) prend un malin plaisir à détourner les codes du film d'apprentissage afin de les trashiser... mais sans jamais les trahir. Alors que la majorité des films traitant de ce sujet s'évertuent à décrire la beauté de la sortie de l'enfance et la tristesse de l'entrée dans le monde des adultes à travers les tribulations de gamins drôles, souvent blessés et toujours touchants (oui je sais, cette phrase est très longue)...
BAD BOY BUBBY nous plonge dans la crasse, la dureté, la violence et l'absurdité de la vie des grands sans aucune retenue.
Buddy, tout comme n'importe quel adolescent, va donc découvrir la vie : les autres, les femmes, la fête, l'argent, la mort, le handicap... traverser un monde dont il ne connait rien et nous proposer une vision souvent immonde, parfois poétique et toujours absurde de notre société.
Le film est un enchainement de situations présentant les étapes importantes de l'apprentissage de Bubby. Elles vont le faire évoluer, mais jamais le transformer. Ici point de révélation ou de transformation fondamentale chez le personnage principal : Bubby a passé 35 ans dans une cage, il est et restera un sociopathe attardé, mais il parviendra à comprendre les règles de base à respecter pour vivre dans notre société. La beauté du message vient de la vision de Bubby sur la violence du monde dans lequel il est plongée : tout autour de lui n'est qu'absurdité, violence et non-sens, mais il continuera, jusqu'au bout, d'en rire... comme le gamin de 8 ans qu'il est et restera.
Le message du réalisateur est très clair : "Notre monde n'est qu'un tas de merde et seuls les fous pourront continuer à être heureux". Et justement, à la façon de Tod Browning dans FREAKS, Rolf de Heer filme les fous,les handicapés et autres exclus du système avec un amour et un respect extraordinaire... d'autant que l'imagerie utilisée reste toujours très froide et frontale.
Le film est d'une beauté graphique rare pour un sujet aussi glauque. Rolf de Heer fait preuve d'une grande rigueur, adaptant systématiquement sa méthode de filmage à la situation traversée par Bubby. Il est important de préciser que le film a été éclairé par pas moins de 32 chefs opérateurs (1 par décors) afin que chaque séquence puisse avoir sa propre identitée visuelle. Une démarche qui peut parraitre un peu veine (ben oui, ça sert à quoi au final d'avoir 32 chefs op'), mais qui témoigne d'une implication artistique totale de la part Rolf de Heer.
Il faut enfin, et surtout, tirer notre chapeau à Nicholas Hope, qui nous livre une interprétation totalement possédée du personnage de Bubby. Une performance d'acteur siminlaire à celle de Jack Nicholson dans VOLE AU DESSUS D'UN NID DE COUCOU (et ouais, carrément !!!). Beaucoup plus nuancée qu'il n'y parait, Hope arrive à faire de Bubby un personnage inquiétant mais attachant, dangereux mais tendre, condamné mais plein d'espoir.
BAD BOY BUBBY est un grand film, aussi violent que poétique. Une bobine qui va très loin, mais aussi très haut et arrive à trouver, là où le monde est le plus moche, quelques petits pétales de beautée... et tant pis si la fleur est déjà fannée.