TUEZ CHARLEY VARRICK
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Don Siegel (1973) | 8.5/10
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D'un pitch ultra classique et sans fioriture, Don Siegel parvient à faire un polar poussiéreux nerveux et passionnant. Sa recette miracle ? Elle est simple, des acteurs aux tronches burinées talentueux et un sens de la mise en scène à toute épreuve. Deux ingrédients dont le cinéaste va user et abuser pendant moins de 2H pour nous livrer une chasse à l'homme teintée de rire, de violence et d'émotion parfois (bon peu, mais quand même !). Mais si Charley Varrick parvient à ce point à emporter son spectateur, c'est parce qu'il transpire de cette ambiance si caractéristique du cinoche de Siegel. Entre deux petits clins d'oeil humoristique, l'homme sait en effet rappeler qu'il n'est pas là pour jouer et lorsqu'il faut inviter la violence à l'écran, il est plus que présent pour le faire. Ainsi, chaque personnage qu'il met en scène, y compris cet anti-héro que l'on pourrait croire porteur d'un quelconque idéal de morale, n'est aucunement un mec bien, seulement un homme acculé juste motivé par son propre sort.
C'est ce côté sans concession qu'on a perdu aujourd'hui au cinoche. Ces deux personnages qui se courent après dans Charley Varrick sont les témoins d'une époque où il était possible d'insérer de l'humour bien noir dans une bobine, sans avoir ensuite à se rattraper en insérant dans son histoire un personnage donneur de leçon. Charley Varrick nous est certes sympathique, car présenté comme un homme intègre ayant des principes, mais on se rend bien vite compte qu'il cache juste mieux que les autres ses intentions peu louables. Siegel le confond donc au fur et à mesure qu'il avance dans son histoire pour nous le montrer sa vraie nature. C'est naturellement dans cet esprit qu'il conclue la séance. Notre ami Charley est en fait le plus pourri de tous, mais également le plus malin, et peut vaquer à d'autres occupations alors que tous ceux qui souhaitaient le coincer se sont fait avoir. Une fin idéale, pour finir un film qui ne s’embarrasse d'aucune niaiserie.
Siegel oblige, Charley Varrick est un modèle de mise en scène. Entre la phase d'exposition à base de braquage, le duel final qui propose un looping inversé renversant et la mise en valeur par l'image de tous ses personnages, il confirme après nous avoir offert, 2 ans plus tôt, le mythique Inspecteur Harry, qu'il sait mener sa barque sans trembler, et signe, une nouvelle fois, ni plus, ni moins, qu'une nouvelle référence d'une époque et d'un genre dont il est une figure incontournable.