Porco Rossode Hayao Miyazaki (1992)
Déjà le 5ème film de Miyazaki pour le studio Ghibli, et son premier à traiter frontalement d'une de ses passions: l'aviation. Thème qu'il reprend dans son dernier film
Le vent se lève.
Les machines volantes pullulent dans l'oeuvre de Miyazaki: l'aile volante de Nausicaä, les divers engins dans
Le château dans le ciel ou
Le château ambulant, le balais de Kiki... Une passion qui ne s'est jamais démentie. Avec
Porco Rosso, Miyazaki la met au coeur de son film. Mais pas n'importe quels avions, des hydravions, qui lui permettent un jeu permanent entre ciel et mer, la terre ferme étant peu présente (principalement quand Porco doit faire retaper son avion à Milan, et qu'il est donc cloué au sol). Le reste des terres sont uniquement de petites îles.
On a donc dans
Porco Rosso de nombreuses joutes aériennes assez trépidentes, toujours superbement mises en scène et avec un dessin qui sait à merveille retranscrire les sensations de vitesse.
Une nouveauté dans ce film, Miyazaki le situe à une époque définie (1929) et dans un environnement défini également (l'Italie, la méditerranée). Il fait même plusieurs allusions directes à la montée du fascisme (ils voudraient recruter Porco dans leurs rangs). Donc mis à part la malédiction qui a transformée Marco (c'est son vrai nom) en Porco, le film évolue dans un contexte réaliste. Un peu comme dans
Kiki la petite sorcière, où tout était réaliste hormis elle et son chat (mais dans un contexte indéfini). Ici seul Porco apporte une touche de fantaisie, mais contrariée par le fait que tout le monde l'accepte tel quel, sans vraiment considérer ça comme surnaturel: c'est ainsi et on l'accepte. Ca donne bien sûr une dimension intriguante au personnage, et un charisme qu'il n'aurait pas eu en étant simplement humain.
C'est la première fois depuis
Le château de Cagliostro que son personnage principal est masculin et adulte. Miyazaki étant d'habitude le peintre de femmes (ou plutôt de jeunes filles), il délaisse le temps d'un film la gente féminine, le contexte se prêtant à un héros masculin. Les filles ne sont pas totalement absentes pour autant, il y a la belle Gina, amoureuse inavouée de Porco, qui tient un hôtel, qui reste en personnage de fond, et Fio, prototype de la jeune fille Miyazakienne, douée, indépendante, intrépide, qui exerce un métier plutôt masculin (mécano).
L'humour est bien présent dans le film, on y rit souvent, de même que l'action. L'émotion demeure feutrée, mais on la sent palpable, principalement dans la relation inaboutie entre Gina et Porco.
Visuellement comme d'habitude c'est superbe, du pur Ghibli dans l'animation et les graphismes. Et musicalement, même si Hisaishi ne sort pas une de ses partitions les plus mémorables, ça reste très joli (et y'a une chanson en français - la vieille rengaine Le temps des cerises)
8.5/10