L'Enfant du Diable |
Titre original: The Changeling |
6,5/10 |
Le film se concentre sur John (George C. Scott) qui, après la perte de sa femme et sa fille, décide d'emménager dans une maison qui se révélera vite habitée par l'esprit d'un jeune garçon... Toute la première partie vise à nous faire partager le deuil dont est affligé John, que ce soit via la performance de George C. Scott qui joue avec justesse un homme effondré qui essaie de renouer avec la vie, ou parl'enchaînement d'amorces de séquences (on en voit juste le début, mais elles ne vont jamais jusqu'à leur terme) illustrées de manière quasi-ininterrompue par la très belle musique de Rick Wilkins et qui renvoient à la monotonie de son existence. Une réelle mélancolie se dégage du film, renforcée par les couleurs automnales voulues par le réalisateur.
L'intrigue enchaîne ensuite avec la survenue de phénomènes paranormaux classiques (bruits venus d'on ne sait où, fenêtres brisées, balle surgie de nulle part, etc.). Peter Medak crée une atmosphère oppressante en multipliant les plans fixes sur des couloirs ou escaliers vides, les plans séquences à la steadycam, les plongées ou contre-plongées qui suggèrent la présence d'un esprit dans la bâtisse et mettent bien en valeur cette dernière. Medak adopte une approche plutôt terre-à-terre du fantastique, limitant ses effets pour enraciner son intrigue dans la vraisemblance, un peu à la manière de l'Exorciste quelques années plus tôt.
Les films de maison hantée ayant tendance à tous se ressembler, le cinéaste va fort heureusement se focaliser sur l'enquête du personnage principal pour percer le mystère entourant ces phénomènes. Une enquête qui ira de séance de spiritisme en visites à la bibliothèque locale, en passant par une excavation dans un puits qui annonce une scène similaire dans le Ring de Hideo Nakata (un autre film sur un esprit d'enfant vengeur).
Là où le bât blesse, c'est qu'on ne sent jamais vraiment le héros en danger. Une conséquence probable du nombre limité de victimes, mais aussi du choix de George C. Scott, qui même fragilisé dans son deuil dégage suffisamment de force et d'autorité pour faire face aux phénomènes auxquels il est confronté.
De plus, si le réalisateur réussit plusieurs séquences chocs (le bris du miroir et la transition avec la mort du flic, l'attaque de l'héroïne par le fauteuil roulant filmée en vue "subjective" ou l'apparition du gamin dans la baignoire), il manque au film de véritables séquences de flippe. Medak fait dans le suggéré, ce qui est une bonne chose, mais ne signe aucun gros morceau de trouille, aucune scène vraiment angoissante ou un tant soir peu marquante.
Des défauts qui desservent un film qui reste quand même tout à fait recommandable.