[Mr Jack] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Boogie Nights - 9/10

Messagepar Mr Jack » Ven 24 Jan 2014, 01:21

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⌲ BOOGIE NIGHTS (1997)
de Paul Thomas Anderson avec Mark Wahlberg, Julianne Moore, Burt Reynolds.

Histoire: En 1977, le jeune Eddie Adams est plongeur dans une boîte de nuit à la mode de San Fernando Valley, banlieue de Los Angeles. Sa vie de famille n’est pas rose entre un père muet et une mère hystérique qui lui reproche d’être un raté. C’est alors qu’il fait la connaissance de Jack Horner, qui va le propulser dans le monde du cinéma porno. A une époque où le sexe est un plaisir sans danger et le plaisir une industrie, Eddie devient une star international sous le nom de Dirk Diggler.


Boogie Nights c’est l’histoire d’un gars qui regarde sa bite dans le miroir. Boogie Nights c’est l’histoire de l’Amérique qui se regarde dans le miroir. Elle rembobine la cassette et repart filmer la transition entre fin 70 et début 80, elle part en témoignage et assiste à l’érosion de la violence, à l’explosion du traffic et de la consommation de cocaïne, au pétage de plomb de tout un pays, de toute une société qui vient de survivre au traumatisme de la guerre du Vietnam, du scandale de Watergate et qui arrive au bout de son processus de paix avec elle-même et qui assiste à sa rechute. Jamais (ou très peu) je n’ai vu un film aussi en phase avec son sujet sans jamais appuyer sur la mine du feutre, et qui, au bout du trois quart de son déroulement, pète littéralement un câble. Jamais (ou très peu) je n’ai vu un film avec une fracture aussi évidente, aussi surprenante. Visuellement, je veux dire, ça pète devant nos yeux sans prévenir mais au contraire en continuant de manière glissante le chemin linéaire du destin de Dirk Diggler, passé de gamin naïf et ambitieux à mégalomane cocaïné. Car Boogie Nights, on le voit pas venir, c’est aussi un film sur la cocaïne, mais qui contrairement aux nombreux films dévoués au sujet, ne tombe jamais dans le glauque, le névrosé, non, Paul Thomas Anderson ne fait que montrer à quel point cette drogue tue le désir et rend en colère plus que tout autre chose celui qui consomme. Ce n’est pas une leçon de morale sur les méfaits de la drogue mais plutôt un constat de comment on a pu passer de l’espoir commun au désespoir généralisé, de la liberté à l’enchainement. Boogie Nights ça parle aussi du sexe et d’un autre constat qui finalement peut être mis en parallèle avec la drogue: dans les années 70, c’était décomplexé, libre, passionné, et dans les années 80 c’est devenu tabou, interdit, mais surtout dangereux, Sida oblige. Boogie Nights ça parle du cinéma libre et libéralisé, vulgarisé, écrasé en un pauvre rectangle appelé VHS. Tout le monde peut se filmer et témoigner. Bref Boogie Nights ça parle de beaucoup de choses, et la transition, filmée non-stop en Steadicam de manière sublime, intime, par un réalisateur impliqué et donnant à chacun de ses acteurs la puissance nécessaire pour mener à bien le travail de témoignage, vaut tous les détours du monde.

PS: une des meilleures soundtrack existante.

9/10


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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Moviewar » Ven 24 Jan 2014, 08:46

Hell Yeah 8)
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar caducia » Ven 24 Jan 2014, 09:00

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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar versus » Ven 24 Jan 2014, 10:18

Tout pareil une claque ce film.
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar puta madre » Ven 24 Jan 2014, 10:19

Idem, bien joué Mr Jack :super:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Ven 24 Jan 2014, 12:23

Thanks :super:

Et Caducia, superbe ton approved, je suis touché (et puis le prestige, super film) 8)

Pour le film sinon, je m'attendais pas à un truc aussi bon, surtout quand j'ai absolument rien ressenti devant The Master et Punch Drunk Love :| Il faut que je regarde There will be blood, cela dit :mrgreen:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Velvet » Ven 24 Jan 2014, 15:02

Boogie Nights, vraiment bien comme film oui. :super:
Par contre je te trouve radin avec Videodrome. :x :lol: Si tu trouves le film sadomasochiste, je te conseille pas Crash. :eheh:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Ven 24 Jan 2014, 18:37

C'est à dire que Videodrome ne m'a pas laissé insensible mais j'ai pas pu continuer à suivre après la moitié, c'est très riche et visuellement frappant mais voilà les réflexions de Cronenberg me sont passées au dessus de la tête :? Après ça reste un bon film, 7 c'est pas une honte :mrgreen:
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Affaire Cicéron (L') - 8,25/10

Messagepar Mr Jack » Ven 24 Jan 2014, 19:17

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5 Fingers (1952) de Joseph L. Mankiewicz: 8.25/10

Un film d’espionnage cocasse et subtil nouant une intrigue riche autour d’un personnage aussi flou qu’irrésistiblement malin. Mankiewicz prend possession d’une histoire vraie, choquante et louche mettant aux prises la Gestapo et les agents britanniques dans la cité turque d’Ankara. D'ailleurs les extérieurs sont très bien shootés, et la musique enivrante de Bernard Hermann (pour changer) apporte un côté trouble et étrange au tout. Le réalisateur américain filme de manière précise et habitée une sorte de réponse à The Third Man (1949), de Carol Reed (qui prenait place dans une autre cité neutre: Vienne) en insistant sur la faiblesse humaine ne pouvant résister à la luxure et à l’illusion -ici celle de pouvoir s’extraire de son statut et de casser les rapports de forces entre les classes sociales. C’est cynique et intelligent, le style unique d’un réalisateur à part.
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12 years a slave - 7,5/10

Messagepar Mr Jack » Lun 27 Jan 2014, 19:21

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⌲ 12 YEARS A SLAVE (2014)
de Steve McQueen avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch.

Histoire: Les États-Unis, quelques années avant la guerre de Sécession. Solomon Northup, jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité. Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien et cette rencontre va changer sa vie… .


Poignant, puissant et juste.

Steve McQueen, trois ans après Shame, nous raconte une autre histoire, cette fois ci décrochée du présent et qui conte le destin d’un homme noir américain habitant à New York, qui s’est vu arraché à sa famille pour aller travailler dans le sud du pays aux mains des esclavagistes. Les premières images, comme celle du drame de 2011 avec déjà l’incroyable Michael Fassbender, résume tout le film: c’est une séquence où l’on voit Solomon Northup (Chiwetel Ejifor) débuter un travail avec un "maitre" lui dictant les gestes à suivre pour arracher des feuilles de canne. Si le réalisateur commence son récit par ce que l’on découvrira être une prolepse (ou flash-forward pour les Lostiens), et choisit cette analogie, ce n’est pas pour rien car en effet, 12 years a slave prend l’unique parti de la liberté que l’on arrache à un homme comme une plante que l’on déracine, ou une feuille que l’on saisit d’une branche. McQueen a gardé cette habitude de ne pas poser un regard critique sur le sujet qu’il traite mais au contraire de simplement le saisir entre ses paumes et de nous ouvrir ses mains, afin de nous laisser regarder ce qui en ressort. Le film n’a pas une vocation pédagogique, ni historique, c’est simplement l’histoire d’un homme noir vivant dans son époque, et à qui on a enlevé le statut en prônant l’hégémonie de la propriété par l’argent: ce que j’achète devient ma propriété, et sa liberté dépend de celle que je compte lui donner. Je trouve ça dur et un peu réducteur d’affirmer que McQueen est tombé dans les travers du mainstream et a formaté un objet intouchable de par son sujet pour les Oscars. Jamais, comme dans Shame, il y a un appel au misérabilisme et au bon sentiment, ou bien si, à un unique moment, à la toute fin.

Mais c’est là la seule limite du film qui souffre de sa qualité qui est son concept et/ou shéma narratif dénudé dès le départ. En effet, tout est dans le titre, alors quoi de plus surprenant de commencer par le début et de finir par la fin ? C’est tracé et ça suit le chemin de manière appliquée et c’est sans doute là que certains bloquent et en y déduisant un certain classicisme. Certes, Shame est plus libre, moins emprisonné (sans mauvais jeu de mots) de son récit et peut-être plus lyrique, mais 12 years a slave n’en reste pas moins une oeuvre poignante, magnifiquement shootée (ces plans sur les rivages et les arbres de toutes les couleurs, donnant au personnage comme au spectateur une raison d’y croire jusqu’au bout), dotée d’une interprétation habitée (de Chiwetel Ejiofor qui bouffe littéralement l’écran à Fassbender, tout en nervosité débordante, à l’opposé de son rôle d’obsédé sexuel où il était plus dans la retenue) et d’une bande son vraiment touchante (Hans Zimmer, toujours au niveau). Certes, il y a aussi un petit soucis de rythme, pas dans sa construction car pour deux heures et quart le temps passe très vite mais justement dans la gestion de la temporalité de l’histoire où l’on sent peut-être pas assez les douze ans s’écouler. Mais franchement, c’est faire la fine bouche devant un film d’une telle générosité (dans ce qu’il propose), et j’adorerai toujours la franchise de McQueen dans le traitement de ses oeuvres, sa façon de ne pas créer pour créer, de ne pas jouer avec les artifices mais de se contenter de son histoire et de se concentrer sur la meilleure façon de faire ressortir sa beauté, quitte à montrer des horreurs.

7.5/10


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Du Rififi Chez Les Hommes - 9/10

Messagepar Mr Jack » Mer 29 Jan 2014, 00:14

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⌲ DU RIFIFI CHEZ LES HOMMES (1955)
de Jules Dassin avec Jean Servais, Carl Möhner, Robert Manuel.

Histoire: Après cinq ans au placard, Tony, un gangster usé, revient sur le devant de la scène. Avec ses fidèles complices, ils projetent ensemble le cambriolage d’une fameuse bijouterie parisienne. Le plan semble parfait et tout se déroule comme prévu jusqu’à ce qu’une bande rivale ne soit avertie du plan de Tony et décident de se joindre aux réjouissances…


Un des meilleurs films de braquage, mais pas que, Rififi est un film multi-genre épatant par son extrême patience et sa brutalité expressive.

Il faut déjà commencer par rappeler que Jules Dassin, père de Joe, est né américain mais fut blacklisté d’Hollywood après son chef d’oeuvre du film noir Night and the City, à la suite de quoi il immigra en Europe, et notamment en France dans lequel il mit 5 années à fabriquer son prochain film, Rififi. Mal pour un bien car dans ce film, on y retrouve toutes les forces du film précédent, sans peut-être arriver au paroxysme atteint par le film noir (la faute à une fin un peu tirée en longueur) mais en posant tout de même les bases d’un objet qui aura une influence majeure sur ce que l’on appelle aujourd’hui le "heist film" (avec The Killing de Kubrick, Bob le flambeur de Melville ou The Asphalt Jungle de John Huston).

Car à l’image de sa chanson, Rififi détient une subtilité, cache plusieurs sens et porte plusieurs genres. C’est un petit peu un film noir, un petit peu un film de vengeance, et surtout un film de casse. C’est bien dans cette dernière définition que brille avant tout le film, habité par une scène magistrale tout en silence, où la technique prend le pas sur le spectaculaire, où l’on laisse l’intelligence et l’expertise des personnages guider l’action plutôt que d’assommer le spectateur avec des détails et des artifices dont il n’a pas besoin. Une séquence en forme de redéfinition du braquage et de l’angle choisi pour un film de genre. Le pointillisme de ces hommes qui exercent leur seul talent réel élève le braquage à un rang presque artistique et ça c’est la faute à un oeil nouveau et à une patience aiguisée de Jules Dassin. On retrouvera cette science du détail et du mouvement dans Heat (1995) de Michael Mann (certes plus abouti encore mais dont la subtilité se forge sans doute dans un film comme celui ci). Ici le rythme n’est pas effréné mais dynamique, la mise en scène est variée, basculant d’un point de vue omniscient à une vue subjective, Dassin sait prendre le temps de laisser l’action se dérouler, il nous la fait vivre en nous laissant regarder de manière participative, plutôt que de l’animer obligatoirement de manière bruyante et explicite. Le réalisateur n’est donc pas là pour nous expliquer ce qui se passe mais nous laisse vivre avec les personnages le moment présent, et c’est c’est définitivement moderne pour l’époque où le divertissement passait par le grandiose et l’explosif. En plus de cette maitrise parfaite du rythme, du temps et de la caméra, Dassin a un appétit féroce pour le paysage urbain et plante tout le temps ses animateurs du récit dans le coeur de la ville, en pleine jungle, endroit où ils se réfugient ou meurent sans sommation. La ville, ses pavés, ses ponts, tant de frontières inaccessibles et de parois dessinées comme d’énormes bras prêt à écraser un homme trop faible, ou pas assez fort pour aller au delà de sa peur. Cette brutalité, on la retrouve tout le temps, et notamment dans le rapport entre les hommes et les femmes. L’homme est un être fort en façade mais qui montre trop facilement ses faiblesses en tombant dans l’appât du gain ou dans la facilité du lâche. Tandis que la femme ne sert en apparence qu’à porter les bijoux volés mais qui au fond est l’ultime échappatoire du fossé dans lequel l’homme l’emmène malgré lui. C’était la même chose dans Night and the City, et ici c’est pareil, même si la fin nous laisse penser autrement, nulle ne peut ignorer que c’est bien la femme qui raisonne l’homme à aller au delà de ses faiblesses, quitte à foncer droit dans son mur qu’il s’est forgé lui-même.

9/10


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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Alegas » Mer 29 Jan 2014, 00:54

Il lui manque une note pour rentrer dans le Top. :D
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Tarankita » Mer 29 Jan 2014, 09:30

Putain, faut que je le vois celui là vu le nombre de très bon retour
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar versus » Mer 29 Jan 2014, 10:39

Pareil , je vais l' acheter celui la , les critiques font envie.
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Alegas » Mer 29 Jan 2014, 22:20

Meilleur film de Dassin AMHA. Ceux qui n'aiment pas peuvent arrêter le cinéma. :mrgreen:
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