A HIJACKING
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Tobias Lindholm (2013) | 7.5/10
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C'est un sujet apprécié cette année que la prise en otage dans les eaux jouxtant la Somalie. Avec Capitaine Phillips dernièrement, Greengrass s'emparait, à sa façon, de la problématique, avec plus ou moins de réussite. Qu'en est-il donc de cette autre version, danoise cette fois-ci. Elle est d'une part beaucoup plus intimiste, beaucoup moins calibrée dans son imagerie. Là où le film de Greengrass proposait une photographie très lêchée, A Hijacking ne s'embarasse pas d'ambiances lumineuses flatteuses. Il préfère relater de cette prise d'otage avec la brutalité qui la caractérise, autant dans sa façon de relater les évènements qui se sont passés à bord du navire que dans sa manière de les mettre en images.
Mais la singularité du film de Tobias Lindholm, c'est qu'il s'intéresse autant, sinon plus, à la négociation très lente qui se joue entre les ravisseurs et les propriétaires du bateau, qu'aux occupants de ce dernier. C'est un vrai parallèle très contrasté que réalise le Danois avec ce détournement maritime réaliste. Ambiance crasseuse et stressante pour la partie se déroulant en mer, image rigide, lumières très marquées pour toutes les séquences prenant place au sein de l'usine danoise, pour les phases de négociation. Ces dernières sont intéressantes et très bien gérées. En alternant les temps de parole, entre pirates et businessmen, Tobias Lindholm permet à son film de suivre son cap jusqu'à la fin sans aucun coup de mou. Il peut pour cela compter sur des acteurs convaincants qui parviennent à trouver le ton juste.
Quel dommage que Tobias Lindholm conclue sa proposition suffocante par un choix narratif des plus discutables, dans l'unique but d'assombrir davantage son film, un peu inutilement à mon avis. Après l'intelligence qu'il avait déployé dans l'écriture de cet acte de piraterie, une telle maladresse est surprenante. Difficile de ne pas lui en tenir rigueur tant elle vient occuper notre esprit lorsque le générique final déroule à l'écran. Dommage d'amputer de cette façon la nuance subtile qu'il avait réussi, jusque là, à instaurer à l'écran.