[Mr Jack] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

Shame - 8,75/10

Messagepar Mr Jack » Lun 13 Jan 2014, 17:48

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⌲ SHAME (2011)
de Steve McQueen avec Michael Fassbender, Carey Mulligan, James Badge Dale.

Histoire: Le film aborde de manière très frontale la question d'une addiction sexuelle, celle de Brandon, trentenaire new-yorkais, vivant seul et travaillant beaucoup. Quand sa sœur Sissy arrive sans prévenir à New York et s'installe dans son appartement, Brandon aura de plus en plus de mal à dissimuler sa vraie vie...


Portrait sans concession de l'homme moderne qui sous la maitrise implacable de Steve McQueen, est représenté comme un être seul, impuissant, indécis et individualiste, collant parfaitement au monde dégoutant qui l'entoure. Constat qui pourrait paraitre cynique mais dressé tout en finesse, sous des notes rigoureuses de piano, de violons, à l'aide de longs plans séquences et de gros plans cherchant à nous rapprocher au plus près du concret, du quotidien déprimant de ces gens vides sous leur coquille. Tout cela est montré sans filtre, sans artifices, rien ne se cache derrière une espèce de fausse intrigue que l'on devrait casser pour en voir les vrais traits, non, McQueen pose son regard et nous dit tout de manière très directe, très juste, comme pour nous prouver qu'il n'est pas là pour jouer, il est là pour partager sa vision, sans chichi. La photographie bleue, mêlée à cette musique mélancolique, apporte une nuance au propos qui n'a rien d'une leçon de morale mais qui au contraire est là pour contrebalancer le constat assez dramatique du monde contemporain. La direction d'acteurs est sans doute la plus grande réussite du film (avec la mise en scène, subtilement chorégraphiée): Fassbender est incroyable, tendu comme un fil prêt à lâcher à n'importe quel moment et son regard est franchement bouleversant, rempli de fissures inavouables et de contradictions englouties ; Carey Mulligan, pour une fois, ne se contente pas d'être là mais incarne un personnage, celui de la soeur au bord de la crise de nerfs, sans arrêt à la recherche d'attention et qui au contraire de son frère, n'a rien dans le regard, tout dans la voix, dans l'apparence, elle donne tout et ne garde rien, quitte à frôler le vertige et à sauter dans le vide. Le rapport de force entre les deux est finement écrit, merveilleusement joué et les scènes partagées sont des modèles du genre. Un objet maitrisé, nihiliste mais non dénué d'humanité, une grande réussite.

8.75/10


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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Lun 13 Jan 2014, 18:28

Super ta critique, et absolument d'accord en tous points :super:

(et non ce n'est pas que pour les amoureux de Fassbender et de sa b....ip, bien au contraire je dirais même :mrgreen:)
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar versus » Lun 13 Jan 2014, 19:06

Belle critique de Shame , je voulais le revoir en plus.
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Alegas » Lun 13 Jan 2014, 19:59

dunandan a écrit:pour les amoureux de Fassbinder


Entre ça et Howard Hawks... :mrgreen:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Lun 13 Jan 2014, 20:12

Rookie mistake, dunandan :eheh:

Thanks guys sinon, et si je peux aider, Versus 8)
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Lun 13 Jan 2014, 20:22

Mais heu, m'enfin vous savez de qui je parle :eheh:.
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Creeps » Lun 13 Jan 2014, 21:39

On a compris de qui t'étais amoureux oui t'inquiète pas :chut:
Un film très intelligent sinon dont la découverte m'a quelque peu perturbé mais qui m'a hanté ensuite.
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Mar 14 Jan 2014, 00:21

Scarface (1932) de Howard Hawks: 7.25/10

Une oeuvre totale, pre-code du genre gangsters, imparfaite mais bruyante, humaine. Le héros, animé par un culot juvénile, tue tout ce qui bouge mais son ambiguïté et sa difficulté à se décider entre sa nature d’ami trop fidèle et de frère trop protecteur lui amène une couche de sympathie que n’aura jamais la prétentieuse version de 1983, sorte de longue récitation style égo-trip totalement dénuée de coeur (et d’humour).
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Chiens de paille (1971) (Les) - 8/10

Messagepar Mr Jack » Ven 17 Jan 2014, 01:25

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⌲ STRAW DOGS (1971)
de Sam Peckinpah avec Dustin Hoffman, Susan George, Peter Vaughan.

Histoire: David, jeune mathématicien, fuit l’Amérique et son atmosphère orageuse. Il émigre en Cornouailles où il est confronté dès son arrivée à l’agressivité des autochtones. Atteint dans ses convictions, il aura lui aussi recours a une violence qu’il combat.


1971: date charnière pour l’industrie du cinéma américain. On sort à peine du régime de censure imposé par William Hays et sortent en même temps trois mythes: French Connection (William Friedkin), Orange Mécanique (Stanley Kubrick) et donc Les Chiens de Paille de Sam Peckinpah. Tous ont en commun d’aborder la violence sous un jour nouveau, et de manière frontale. Avant le non moins choquant Frenzy d’Alfred Hitchcock (1972) osant filmer en gros plan un viol suivi d’un étranglement à mains nues, Sam Peckinpah va se charger d’anticiper et de choquer le monde avec sa scène de viol à lui, plus choquante et ambiguë encore que celles de Frenzy et Orange Mécanique réunies. Car le réalisateur de La Horde Sauvage (1969, qui se conclue par un bain de sang mémorable) ne se contente pas de montrer la violence animale d’un tueur en série, ou la folie d’un psychopathe sans limites, mais instaure une ambivalence entre la victime et le bourreau. L’homme est une brute et la femme une proie, mais la brute n’est-elle pas forcée de sauter sur la proie qui lui montre à quel point son cou est saillant, sa cuisse dodue et bien en chair ? L’homme n’est-il pas finalement si faible et désarmé devant la sexualité féroce et impitoyable de la femme ? Peut-être, peut-être pas, on s’en fout. Le fait de se poser la question est la vraie réussite et le coup de force du réalisateur. La scène centrale sert toujours à faire saisir le sens de tout ce qui a précédé, ainsi qu’à annoncer ce qui va suivre.

Et il reste une vraie question: l’homme raisonné, portant l’intelligence et le recul sur ses épaules, mais aussi sa faiblesse mentale, n’est-il pas finalement le plus dangereux des prédateurs ? Car se cache en chaque être humain un instinct de survie et une nouvelle fois, Peckinpah insère ce doute insistant sur le personnage de Dustin Hoffman qui se base sur le principe d’auto-défense mais qui finit par avoir la peau de ceux peints comme des pochetrons assassins et qui, au final, n’ont fait que défendre la peau d’une jeune femme en voulant venger son assassin. La toute fin apporte la cerise d’ambiguïté sur un gâteau d’incertitude et Straw Dogs apparait au final comme un film cru, frontal mais surtout équivoque quand à la question de la nature de l’homme, de la femme. La mise en scène est directe, aussi violente que son propos, par le montage frénétique et les bruits sourds et soudains surgissant n’importe où, n’importe quand. C’est aussi prenant (surtout la deuxième partie) et imprévisible que le laisse penser sa réputation sulfureuse, mais Straw Dogs est avant tout un film à voir rien que pour sa moralité énigmatique et la prestation invraisemblable de son anti-héros.

8/10


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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar zack_ » Sam 18 Jan 2014, 00:10

:super: Approved

Je viens de me prendre le remake histoire de comparer, ca fera plaisir à Alegas. :super:
zack_
 

Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Sam 18 Jan 2014, 00:27

J'ose pas regarder le remake, ça doit piquer les yeux :mrgreen:
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Folle journée de Ferris Bueller (La) - 8,5/10

Messagepar Mr Jack » Dim 19 Jan 2014, 00:09

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⌲ FERRIS BUELLER'S DAY OFF (1986)
de John Hughes, avec Matthew Broderick, Mia Sara, Alan Ruck.

Histoire: Un cancre invétéré, Ferris Bueller, convainc sa petite amie et son meilleur ami hypocondriaque (dont le père a une Ferrari) de sécher les cours pour aller passer la journée à Chicago. Pendant qu’ils font les 400 coups dans la grande ville, le proviseur et la soeur de Ferris tente, chacun de leurs côtés, de prouver aux parents que leur fils est un cancre et qu’il a séché.


Un des nombreux films trop méconnus en France et qui pourtant sont des institutions aux Etats-Unis. La Folle Journée de Ferris Bueller est un exemple parfait, et plus généralement, le génial John Hughes (The Breakfast Club, Sixteen Candles) est un sombre méconnu du grand public (sans aller jusqu’à dire qu’il est un inconnu dans l’hexagone) alors qu’il a marqué les années 80 de l’autre côté de l’Atlantique. C’est bête à dire, mais la génération qui a grandi dans les années 90 -à laquelle je m’attache- est sans doute plus familière avec des séries TV comme "Parker Lewis ne perd jamais" (spin-off de l’adaptation TV de Ferris Bueller qui fit un four à l’époque) ou "Code Lisa" (adaptation de Weird Science) qu’aux films originaux de Hughes. Peut-être en France n’avons-nous pas cette latente fascination de l’adolescent, qui doit s’émanciper en confrontant les adultes et en surtout, vivant la vie qu’il veut et comme il l’entend. C’est à dire qu’aux Etats-Unis, cela remonte à L’Attrape-coeurs (1951) de Salinger et au cinéma à James Dean et à La Fureur de Vivre (1955), cette starification de l’insolence, le fait de trouver sa vraie nature et foi dans la rébellion.

Longtemps ce sujet a fasciné le pays et au cinéma, l’influence de ces deux chef d’oeuvres s’est fait ressentir plus tard sur des films comme American Graffiti de George Lucas, Dazed and Confused de Richard Linklater, Almost Famous de Cameron Crowe ou plus récemment Superbad de Greg Mottola (production Judd Apatow qui semble être clairement un descendant moderne de Hughes). La liberté de faire n’importe quoi et d’en sortir vainqueur, mais tout en gardant un coeur, une certaine douceur et sincérité, c’est ça la patte Hughes et là aussi, Ferris Bueller en est le parfait exemple: il se joue de tout le monde mais il est tellement drôle et attachant que finalement on évite volontairement de regarder ses bêtises (ses parents, tout le long), ou on l’aide carrément à s’en sortir malgré notre haine pour son insolence (sa soeur). Ce qui rend le film riche c’est la variété des blagues auxquelles s’adonne un large panel de rôles secondaires. Même les plus petits rôles sont importants (l’apparition de Charlie Sheen va se révéler être primordiale pour la sœur de Ferris). C’est cette variété qui fait la force d’une grande comédie (hilarante, à base de grimaces et de jeu entre le cadre et ceux qui l’anime) en plus de l’efficacité de l’humour. Bref un super moment, de la joie de vivre, merci Mr Hughes.

8.5/10


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Chungking Express - 6,5/10

Messagepar Mr Jack » Lun 20 Jan 2014, 00:06

Chungking Express (1994) de Wong Kar-wai: 6.5/10

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Une oeuvre étrange, qu’on dirait improvisée, terriblement libre dans sa forme mais trop légère dans son fond même si une vraie poésie se dégage de la deuxième histoire, au contraire de la première, énergique mais anecdotique. La faute à une histoire plus terre à terre, moins rêvée, au plus près des corps et des coeurs. Et même si le côté voyeuriste de l'amour aurait pu être mieux traité, de façon soit plus frontale, soit plus imagée, la réflexion sur le changement et l'acceptation reste jolie. Il y a une volonté sure de s’émanciper des codes et des genres, on reconnait une liberté de ton propre à la nouvelle vague française, une patte formelle ressemblant cela dit plus à un Danny Boyle (le côté clipesque, très mouvant, toujours en mouvement, jamais droit dans les lignes du cadre) des premiers jours qu’à un Jean-Luc Godard. C’est assez long, parfois vain, mais au final assez touchant et singulier.
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Dunandan » Lun 20 Jan 2014, 00:10

2-3 lignes en plus et on peut référencer, si tu veux :super:.
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Lun 20 Jan 2014, 00:20

Je crois pas pouvoir faire plus (et j'ai édité) :eheh:
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