Les noms figurant au casting et au scénario laissaient espérer que Homefront ne soit pas
just another Statham movie. Bin c'est raté...
J'aime bien Jason Statham, qui est un peu le dernier représentant de la figure du héros dur à cuir et taciturne à l'humour acerbe que l'on ne voit plus trop dans les salles de cinéma, mais force est de constater qu'à part les deux Hypertension et le triplé gagnant de 2011-2012 (Safe, Killer Elite et Blitz), ses films ont du mal à s'élever au-dessus de la moyenne et finissent par tous se ressembler.
Le scénario écrit par Sylvester Stallone et qui devait servir de base à un cinquième épisode des aventures de Rambo déroule une trame linéaire, voire basique, mais propice à des échanges musclés. Le début est assez réussi, faisant monter petit à petit la tension dans l'escalade des représailles que chacune des deux parties va infliger à l'autre. Néanmoins, le scénario va ensuite enchaîner avec un gros ventre mou bien bavard, et un final loin de livrer le spectacle attendu. Le fameux siège final vendu par l'affiche française fait office de pétard mouillé: expédié en une fusillade de cinq minutes et, hop, on passe à la scène suivante. L'affrontement avec le méchant sur le pont, qui refuse au héros de
se révèle, lui, bien frustrant. On peut également reprocher des incohérences ou facilités: par exemple, à un moment, Statham va menacer le père du garçon battu par sa fille et l'instant d'après il invite le gosse et sa mère au goûter d'anniversaire de la fille, ou la manière dont le méchant retrouve le dossier contenant le passé de Statham.
Au niveau du casting, Statham fait du Statham: il livre ni plus ni moins ce qu'on attendait de lui, et s'avère tout à fait convaincant. Il fait preuve d'une jolie complicité avec l'actrice qui joue sa fille. Ça fait plaisir de revoir Winona Ryder et les trognes de Clancy Brown et du badass Frank Grillo, mais le personnage de la première ne sert à rien (son intro où elle se fait prendre en levrette - mais toute habillée, hein! - est très classe) et les deux autres sont sous-exploités. James Franco n’est pas suffisamment menaçant en méchant, surtout face à Statham. Il a beau rouler des yeux et froncer les sourcils, ça n'en fait pas un méchant mémorable. Frank Grillo aurait été nettement plus satisfaisant en adversaire principal! La très jolie Rachelle Lefevre, son personnage est abandonné en cours de route. Finalement, ce sont Kate Bosworth, très crédible en junkie white trash rancunière, et Omar Benson Miller, qui fait exister son personnage en l'espace de deux scènes, qui s'en sortent le mieux.
J’étais persuadé que c’était F. Gary Gray, auteur du fun Que justice soit faite, à la réalisation, et pas Gary Fleder. Fleder a réalisé le sympathique polar tarantinesque Dernières heures à Denver et le pas mal Le Collectionneur, mais à part ça pas grand-chose qui m'ait marqué. Si sa réalisation est convaincante dans les différents corps-à-corps violents qui émaillent la première partie du film, elle s’avère brouillonne lors des scènes de fusillades, montées hyper-cut (le raid dans le laboratoire de fabrication de drogues au début: une horreur!). Quelques passages sont plutôt pas mal: la scène de torture, quelques effets de montage intéressants où les plans d’une scène s’intercalent avec les plans de la scène suivante, une tentative de montage parallèle lors de l’infiltration dans l'atelier de Franco, ou des explosions spectaculaires. Mais contrairement à Parker et à sa scène de baston dans l'hôtel, Homefront ne contient aucune scène qui reste en mémoire une fois sorti de la salle. Le film dispose néanmoins d'une jolie photo et, dans l'ensemble, Fleder s'acquitte de sa tâche avec professionnalisme.
Au final, le résultat est tout juste moyen, trop quelconque et n’assurant pas le spectacle violent recherché. Je continuerai sans doute à aller voir en salles les films de Statham parce qu'au fond, ils se laissent suivre sans problème, mais j'espère qu'à l'avenir il sera plus sélectif et ambitieux dans ses projets.