[Mr Jack] Mes critiques en 2014

Modérateur: Dunandan

[Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Sam 04 Jan 2014, 20:50

C'est reparti, comme en 14 ! :mrgreen:

Critiques 2014


⊕ Janvier

Citizen Gangster [2011] de Nathan Morlando (3.5)
Take Shelter [2012] de Jeff Nichols (8.25)
In the Mouth of Madness [1995] de John Carpenter (8.5) (Critique)
Citizen Kane [1941] de Orson Welles (8) (Critique)
Moneyball [2011] de Bennett Miller (9) (Critique)
The Wolf of Wall Street [2013] de Martin Scorsese (8.25) (Critique)
Yves Saint-Laurent [2014] de Jalil Lespert (6.25) (Critique)
Vidéodrome [1983] de David Cronenberg (7) (Critique)
Shame [2011] de Steve McQueen (8.75) (Critique)
Scarface [1932] de Howard Hawks (7.25)
Straw Dogs [1971] de Sam Peckinpah (8) (Critique)
Jackie Brown [1997] de Quentin Tarantino (10) (Revisionnage)
Out of the Furnace [2014] de Scott Cooper (6.5)
Ferris Bueller's Day Off [1986] de John Hughes (8.5) (Critique)
Chungking Express [1994] de Wong Kar-wai (6.5) (Critique)
Boogie Nights [1997] de Paul Thomas Anderson (9) (Critique)
5 Fingers [1952] de Joseph L. Mankiewicz (8.25) (Critique)
12 years a slave [2014] de Steve McQueen (8.5) (Critique)
Du rififi chez les hommes [1955] de Jules Dassin (9) (Critique)

⊕ Février

Dr. Strangelove [1964] de Stanley Kubrick (7) (Critique)
Midnight in Paris [2011] de Woody Allen (9) (Revisionnage)
Alex Cross [2012] de Rob Cohen (0) (Critique)
Mr. Peabody & Sherman [2014] de Rob Minkoff (6) (Critique)
Bug [2006] de William Friedkin (7.5) (Critique)
The Lego Movie [2014] de Phil Lord & Chris Miller (8.5) (Critique)
The Chaser [2008] de Hong-jin Na (9.25) (Critique)
Escape from L.A. [1996] de John Carpenter (5) (Critique)
The Secret Life of Walter Mitty [2014] de Ben Stiller (7) (Critique)
Bullitt [1968] de Peter Yates (9) (Critique)
The Fog [1980] de John Carpenter (5) (Critique)

⊕ Mars

Tad l’explorateur [2013] de Enrique Gato (5) (Critique)
The Grand Budapest Hotel [2014] de Wes Anderson (9) (Critique)
Raiders of the Lost Ark [1981] de Steven Spielberg (9) (Critique)
Before Sunrise [1995] de Richard Linklater (9.5) (R)
Indiana Jones and the Temple of Doom [1984] de Steven Spielberg (7.5) (Critique)
Indiana Jones and the Last Crusade [1989] de Steven Spielberg (7.5) (Critique)
Sunshine [2007] de Danny Boyle (7.5)
The French Connection [1971] de William Friedkin (10)
American Hustle [2014] de David O. Russell (3) (Critique)
Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull [2008] de Steven Spielberg (4) (Critique)
This Gun for Hire [1942] de Frank Tuttle (7.5)
Situation amoureuse : c’est compliqué [2014] de Manu Payet & Rodolphe Lauga (6) (Critique)
Detour [1945] de Edgar G. Ulmer (5)
Benjamin Gates et le Trésor des Templiers [2004] de John Turteltaub (5) (R)
Enough Said [2014] de Nicole Holofcener (7.5) (Critique)
The Spiral Staircase [1946] de Robert Siodmak (7.5)
Benjamin Gates et le Livre des Secrets [2007] de John Turteltaub (4) (R)
Act of Violence [1948] de Fred Zinnemann (8.5) (Critique)
Thieves’ Highway [1949] de Jules Dassin (9)
The Warriors [1979] de Walter Hill (7.5) (Critique)

⊕ Avril

Dazed and Confused [1993] de Richard Linklater (9) (Critique)
Scarlet Street [1945] de Fritz Lang (5) (Critique)
Memories of Murder [2003] de Bong Joon-ho (9.5) (Critique)
The Killers [1946] de Robert Siodmak (7.25) (Critique)
L’Homme de Rio [1964] de Philippe de Broca (8)
This is 40 [2012] de Judd Apatow (6.5)
Boyz N the Hood [1991] de John Singleton (6.5) (Critique)
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Sam 04 Jan 2014, 20:52

• Citizen Gangster (2011) de Nathan Morlando: 3.5/10

Récit monotone d’une histoire vraie qui semble durer des siècles. Le réalisateur semble plus intéressé dans la récitation linéaire de faits loin de sortir de l’ordinaire que de positionner un vrai angle pour traiter en profondeur la vie de cet homme pourtant assez riche en singularité. On a donc le droit à un survol de ce qui aurait pu être trépident et un surjeu de sous acteurs de séries télé. Un téléfilm platounet plus qu’un film indé, en somme.

• Take Shelter (2012) de Jeff Nichols: 8.25/10

Drame puissant sur la peur qui guide les choix d’un homme luttant contre sa propre folie. Nichols montre à la perfection la fine ligne séparant la folie de l’espoir par cette scène finale majestueuse, conclusion ambiguë qui en laissera plus d’un sur le carreau. Un essai magnifique porté par des acteurs au sommet.
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Antre de la folie (L') - 8,5/10

Messagepar Mr Jack » Sam 04 Jan 2014, 20:56

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⌲ IN THE MOUTH OF MADNESS (1995)
de John Carpenter avec Sam Neil, Julie Carmen, Jurgen Prochnow.

Histoire: Pour retrouver un auteur de best-sellers d’épouvante brusquement disparu, John Trent, détéctive, va pénétrer dans l’univers romanesque et épouvantable de l’écrivain.


Quoi de mieux pour clore sa trilogie de l’Apocalypse qu’un film aussi fou, aussi total et subversif que celui ci ? Je pense que Carpenter n’aurait pas pu mieux faire. Après la survie face au mal mutant dans The Thing et à la résistance face au diable caché dans notre esprit dans Prince of Darkness, Big John fait une sorte de mix des deux et entre les deux pieds dans le plat dans le sujet: la fiction est-elle le sauveur ou le bourreau de l’homme ? La croyance n’est-elle pas ce qui va tous nous mener à l’Apocalypse ? On retrouve par le prisme de l’horreur visuelle pure tous les maux du réalisateur, tous ses messages critiquant la religion, la consommation de masse, la folie, tout condensé dans un récit volcanique volontairement dénué de bordures et de frontières. Le principal effet du film et sa grande force est de nous forcer à nous demander ce que l’on est en train de regarder: de la fiction ou de la réalité ? Le travail formidable au montage accentue ce trouble que du coup l’on partage totalement avec le personnage de Sam Neil qui est tout simplement formidable, le regard habité par une fracture indicible -dont nous sommes les seuls témoins de ses premières fissures. C’est moins patient, plus abrupte et aussi nourri par une volonté de défendre le film de genre (mais pas que, lorsqu’il parle de Stephen King) ce qui rend le tout encore plus admirable.

8.5/10
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Citizen kane - 8/10

Messagepar Mr Jack » Sam 04 Jan 2014, 21:01

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⌲ CITIZEN KANE (1941)
de Orson Welles avec Orson Welles, Joseph Cotten, Dorothy Comingore.

Histoire: A la mort du milliardaire Charles Foster Kane, un grand magnat de la presse, Thompson, un reporter, enquête sur sa vie. Les contacts qu’il prend avec ses proches lui font découvrir un personnage gigantesque, mégalomane, égoïste et solitaire.


Je ne sais plus si c’est Arthur Rimbaud ou la voix off de la pub Herta qui disait… "il faut savoir se contenter des choses simples". Telle est pourtant la morale de ce film qui fragilise le modèle du rêve américain en remettant en cause le pouvoir de l’argent sur le bonheur d’un homme. Contrairement à ce qu’affirme un des nombreux personnages du film, l’on peut résumer un homme par un simple mot: "Rosebud". Sa simplicité, sa contradiction la plus profonde, sa nature, finalement. Un simple mot, objet vous fait revenir à votre enfance, il y a du Proust dans la sincérité et la poésie complexe du personnage de Charles Foster Kane, self made man, mamma’s boy et mégalomane qui perdit tout l’empire qu’il a fondé car il ne savait pas aimer les femmes autant qu’il n’aimait sa petite maman. Toute la beauté humaine du film réside dans son écriture plus que parfaite et pour cela il faut remercier l’incroyable Herman J. Mankiewicz, qui n’est nulle autre que l’illustre grand frère d’un autre formidable scénariste (et metteur en scène) Joseph L. Mankiewicz.

La complexité folle de ce personnage, construit comme un puzzle dont on doit remettre toutes les pièces ensemble en utilisant un artifice narratif inédit à l’époque: l’analepse (ou le flash-back). Le fait d’aller sonder ceux qui l’ont connu sert à créer les différentes face du rubik’s cube que représente Kane. L’autre grande force du film est sa beauté formelle: sa photographie (Gregg Toland), sa musique (l’indétronable Bernard Hermann) et sa mise en scène novatrice, qui par ses mouvements de caméra allait à l’époque à l’encontre du classicisme stoïque du cinéma américain. Malgré la force narrative et visuelle de Citizen Kane qui en font une vraie réussite (en oubliant jamais que cette oeuvre aboutie était le premier film d’un jeune homme de 24 ans), on peut avoir une réserve sur ce qu’il propose concrètement en terme de rythme, de maitrise et de force car hormis la scène d’ouverture absolument magistrale, rares sont les moments de dynamisme et de fougue, des moments où l’on se sent porté par l’intrigue et où on entre véritablement dans l’écran, où l’on se projette et on suit sans cligner des yeux ce qui est raconté devant nous. Citizen Kane est un très bon film, très bien écrit, superbement interprété, mis en scène, mais qui manque de passion, d’une volonté de partager son histoire de manière animée et forte, c’est ce qui -à mes yeux- dessine ses limites et l’empêche d’être un prétendant au titre de véritable meilleur film de tous les temps.

8/10


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Stratège (Le) - 9/10

Messagepar Mr Jack » Lun 06 Jan 2014, 20:26

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⌲ MONEYBALL (2011)
de Bennett Miller avec Brad Pitt, Jonah Hill, Philip Seymour Hoffman.

Histoire: Voici l’histoire vraie de Billy Beane, un ancien joueur de baseball prometteur qui, à défaut d’avoir réussi sur le terrain, décida de tenter sa chance en dirigeant une équipe comme personne ne l’avait fait auparavant…


Un film brillant. Brillant dans sa forme, dans son fond, plus précisément aussi brillant dans son écriture que dans la force des interprétations bluffantes de Pitt et Hill. Pourquoi ? Comment ? J’aurais pu pointer la façon précise et frontale dont le réalisateur saisit les moments forts, ceux qui font basculer le récit comme l’existence des protagonistes mais ça, si la forme est au service du fond et pas l’inverse, c’est pas si compliqué à maitriser (si on est professionnel et ambitieux, je veux dire). J’aurais pu mettre la réussite du film uniquement sur les épaules des acteurs, raccourci que prennent si facilement, si vulgairement les nombreuses institutions (Oscars, GG, etc) qui sont là pour mettre de la chantilly sur un beau gâteau -y comprendre que c’est gouteux mais pas indispensable. Bref comment ce film racontant la vie d’un manager d’une équipe moyenne de baseball arrive à être un des meilleurs films sur le sport ever ? Parce que l’angle (en avoir un c’est déjà un avantage) choisi force de ne pas se focaliser sur le sport uniquement et le genre qui en découle (destin linéaire d’une équipe mauvaise qui gagne) mais sur l’homme qui se cache derrière. Ce qui unit l’homme et le sport n’est pas (que) la victoire mais la vision.

Le film explique bien le problème de l’argent qui gangrène le sport (celui ci comme les autres) et ce depuis les années 90, mais encore une fois, Zaillian et Sorkin (sorte de dream team de rêve quand on parle de scénaristes) vont plus loin que ce constat et prouvent par l’image qu’un homme peut changer son sport que s’il y apporte sa vision des choses. "Adapt or die" dit Brad Pitt à un moment donné du film. Ce n’est pas qu’une question de s’adapter mais de rester fidèle à ses principes, d’insister, de continuer et de garder son cap car à un moment donné dans un sport de haut niveau, on peut gagner des titres mais ne rien rapporter au sport. Le destin de cet entraineur prouve l’inverse et va à contre courant de l’idéologie commune selon quoi "seule la victoire compte". C’est aussi pour un homme de ne pas répéter deux fois les mêmes erreurs et ça le background du personnage de Pitt le montre à merveille et de manière juste et poignante. Après The Social Network, Sorkin apporte une nouvelle fois, et avec un panache rare, toute l’humanité qui remplit sa vision à lui. En plus de tout ça, lui et Zaillian arrivent aussi à parler de l’importance grandissante des médias sur cette idéologie sus-nommée en insérant par coupures une superposition d’images instantanées et de commentaires en direct, comme pour illustrer la force implacable de l’immédiateté dans le sport qui gagnerait à incorporer plus de patience dans son discours (et ça on le comprend en suivant tranquillement l’histoire de façon linéaire). Bref un film brillant sur le Sport, avec un grand S.

9/10
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Kefren » Lun 06 Jan 2014, 22:44

Belle critique (jolie plume dit donc).
Je suis totalement passé à coté lors de sa sortie... Surtout à cause de son affiche totalement moche (avec plein de vert et un Brad Pitt au milieu) :?
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Lun 06 Jan 2014, 22:59

Thanks :super:
Si t'aimes pas Brad Pitt tu vas avoir du mal -ça serait dommage de s'arrêter là vu la qualité du film :super:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Kefren » Lun 06 Jan 2014, 23:18

Ha si si, j'aime beaucoup Brad... C'est juste l'affiche qui était super moche :eheh:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Hulkiss » Lun 06 Jan 2014, 23:53

A oui, oui, oui, une pépite ce film, j'ai adoré.... :super:
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Hannibal » Mar 07 Jan 2014, 09:31

Très bonne surprise en effet, même si on est pas féru de base ball, c'est à voir!
bien joué Mr Jack :super:
Mark Chopper a écrit:La mode des années 2010 consiste à faire des suites de merde qui permettent de réévaluer des purges.
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Loup de Wall Street (Le) - 8,25/10

Messagepar Mr Jack » Mar 07 Jan 2014, 19:31

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⌲ THE WOLF OF WALL STREET (2013)
de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Margot Robbie, Matthew McConaughey.

Histoire: L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…


20 ans après Les Affranchis et Casino, deux mythes des films sur le pouvoir, Marty Scorsese nous remet le couvert en dressant une peinture encore plus noire de l’homme moderne. Car Le Loup de Wall Street n’est pas un film sur Wall Street (il n’en explique que très peu les codes et il s’en fout carrément, d’ailleurs) mais sur l’avidité de l’homme, sur son absence de limites quand à régner au sommet de la chaine alimentaire. Parce que faire une sorte de réponse au Wall Street (1987) d’Oliver Stone en 2014 n’aurait pas eu de sens pour un grand cinéaste comme Marty, surtout quand des films (indés) comme Margin Call était encore là il y a peu pour nous faire saisir la vraie fureur de ces gars là. Ce que fait par contre notre ami Marty, c’est nous montrer leur vraie nature. Le titre du film renvoie au surnom donné au personnage de Jordan Belfort (campé par un DiCaprio remonté comme une horloge sous MDMA) et veut avant tout nous prévenir sur ce que sont vraiment des traders. Plus que des gens qui mettent de l’argent sur du vide pour leur commission, ce sont des loups féroces écoutant leur chef de bande, prêt à ronger le moindre os jeté dans la foule. Et quand il n’y a plus d’os, on en crée de nouveaux, car le vide est par définition un puits infini rempli de rien et ces mecs là ont le pouvoir de remplacer cet infini de rien par de l’argent. L’argent représente donc le bout de viande pendu au dessus du museau de chacun de ces prédateurs, et les drogues, le sexe ne sont que des moyens de rester les yeux ouvertement fixés sur ce bout de viande. Ne jamais cligner des yeux et toujours bouffer, quitte à bouffer son voisin. L’homme est un cannibale sauvage isolé dans le réel duquel il n’a aucune notion. Jordan Belfort le dit: "qui voudrait vivre dans le monde réel ?". Ce canidé sauvage crée sa meute, les regroupe dans leur tannière et les fait crier toute la journée avec comme hymne une sorte de chant indien initié par le vaudou Matthew McConaughey, une nouvelle fois irrésistible -et qui apparait pourtant pas plus de dix minutes dans le film.

C’est donc un film fou sur des affamés. Et Marty conclue trois heures éprouvantes de sniffage de coke dans orifices, lançage de nains sur cibles, fornication par ci par là, en nous criant à nous, gens normaux: "Hey toi, tu te crois à l’abri de tout ça parce que je viens de te montrer à quel point le trader n’a pas de limites mais toi aussi, tu es comme eux, toi aussi tu veux être riche, tout le monde veut l’être, alors tu penses que tu feras forcément mieux une fois que tu seras milliardaire ? Menteur." Et ça, ça demande une certaine lucidité et même de la sagesse pour nous dresser ce constat sans pitié. Bien sur aussi, dans ce film comme dans les grands films de Scorsese, il y a des scènes cultes, ici c’est une longue séquence où DiCaprio, complètement assommé par la drogue 80′s qu’il vient d’ingurgiter, revient à un état enfantin, bavant par terre et arrivant à peine à ramper jusqu’à sa voiture. Leo est bien évidemment au niveau de son engagement dans ce film qu’il produit et qu’il a été cherché d’une histoire vraie et mettre dans les mains de Terence Winter, scénariste de la série Les Sopranos et Boardwalk Empire. Mais contrairement à ce que je pensais avant d’aller le voir, les seconds rôles ont leur part du gâteau, notamment Jonah Hill et ses chemises bicolores, ses lunettes trop grandes, sa voix cassée et son dentier de Morandini, qui confirme toutes les promesses faites sur lui. Puis Margot Robbie qui représente tellement mieux que Sharon Stone le fantasme de l’homme moderne. Sans oublier Kyle Chandler, sans doute le grand héros oublié de ce film fort, puissant, très drôle et moins gratuit et con qu’il n’en a (peut-être) l’air.

8.25/10


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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Kefren » Mer 08 Jan 2014, 18:25

Un grand film !!!
Ce qui est hallucinant, c'est que ce film est fait par un papy de 76 ans... et qu'il met à l'amande quasiment tous les réals actuels. Le rythme est tellement maitrisé, ça donne le tournis d'un point de vu formel (je parle de réalisation car tonton Scorsese n'écrit pas ses scénari). Histoire béton, comédiens au top, D.A qui tue et propos aux petits oignons. LE film de ce début d'année.

(Bonne critique au passage :super: )
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Re: [Mr Jack] Mes critiques en 2014

Messagepar Mr Jack » Mer 08 Jan 2014, 20:24

Je sais pas si c'est un "grand" film (j'attache beaucoup d'importance aux adjectifs) mais c'est clairement un film qui va rester dans les mémoires (donc c'est un grand film) :eheh:

Scorsese j'aime ses films après les années 90, à partir de Godfellas en fait. C'est un réal qui parle un peu toujours de la même chose mais d'une manière différente, tout en gardant son style propre. Un grand cinéaste, quoi :mrgreen:

(Thanks :super: )
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Yves Saint Laurent - 6,5/10

Messagepar Mr Jack » Sam 11 Jan 2014, 23:56

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⌲ YVES SAINT-LAURENT (2014)
de Jalil Lespert avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Charlotte Le Bon.

Histoire: Paris, 1957. A tout juste 21 ans, Yves Saint Laurent est appelé à prendre en main les destinées de la prestigieuse maison de haute couture fondée par Christian Dior, récemment décédé. Lors de son premier défilé triomphal, il fait la connaissance de Pierre Bergé, rencontre qui va bouleverser sa vie. Amants et partenaires en affaires, les deux hommes s’associent trois ans plus tard pour créer la société Yves Saint Laurent. Malgré ses obsessions et ses démons intérieurs, Yves Saint Laurent s’apprête à révolutionner le monde de la mode avec son approche moderne et iconoclaste.


Yves Saint-Laurent, pour ceux comme moi qui ne le savaient pas, était un prodige de la mode, un surdoué du crayon qui a débuté sous la houlette de Christian Dior himself et qui, à 22 ans, a fondé sa propre maison de haute couture. Une fois qu’on a raconté ça, il ne faut pas chercher à en savoir plus sur le parcours de YSL, car vous irez plus vite d’aller lire sa fiche Wikipedia ou mieux encore, d’aller voir une expo de ses œuvres dans un musée. Car "YSL", biopic qui en précède un autre en 2014 avec cette fois ci le surement moins illustre Gaspard Ulliel, n’est pas un film sur la vie du couturier mais sur l’homme qu’il a été et sur sa relation tumultueuse mais puissante avec le mécène Pierre Bergé (qui a avoué dans plusieurs interviews préférer la version de Jalil Lespert à celle de Bertrand Bonello -à voir le film, on a plus de doutes pourquoi). Le premier soucis majeur du film se forge dans la décision de fixer le début du récit alors que YSL est déjà YSL, qu’il est déjà en poste chez Dior et ne tarde donc pas avant de se lancer vraiment dans le bain. L’histoire exclut également les vingt dernières années de sa vie avec Bergé, ce qui laisse tout de même trois décennies pour raconter l’émancipation d’un homme en même temps que son époque. En faisant cela, on exclut de parler de la genèse du génie (terme qu’utilise le narrateur deux/trois fois dans le film). En effet, n’aurait-il pas été plus intéressant de savoir comment YSL est devenu YSL plutôt que de parcourir la façon dont il a réussi à financer son premier défilé ? Comment le crayon lui est-il tombé dans la main, comment a t-il décidé de devenir styliste ? Mais si on accepte l’angle choisi mettant Pierre Bergé au coeur du récit, pourquoi ne pas aller plus loin dans l’exploration de la passion à travers l’âge et l’alcool, la drogue, les tromperies ? La coupure est trop nette et l’angle est trop visible pour pouvoir simplement ignorer le besoin d’apporter plusieurs facettes à l’histoire de cet homme qui se révèle, lorsqu’on le connait peu, être particulièrement singulière.

Est-ce un film sur l’amour entre deux hommes, ou sur l’identité mouvante d’un génie de la mode ? Les deux à la fois ? On a du mal à se décider. On assiste cela dit à une heure quarante de récitation appliquée, parfois répétitive et molle, plus souvent lyrique et puissante, qui, si l’on prend le livre à l’endroit, ressemble en fait plus à un magazine en papier glacé, à la plastique irréprochable mais limitée à la monotonie de ses pages qui se tournent. Le geste est lent mais non dénué d’une certaine fragilité saisissante, perçue avant tout dans le regard dur de Guillaume Gallienne, droit comme un roc, solide comme une montagne, et dans les manières touchantes de Pierre Niney qui disparait littéralement sous les traits d’Yves Saint-Laurent. Le rythme est néanmoins soutenu par une formidable bande originale qui suit les courbes d’humeur du récit comme de l’écume sur des vagues, sachant aussi bien accompagner les moments de douceur par une caresse jazzy que briser une existence dans de formidables élans lyriques. Un joli moment donc, même si la frontalité choisie pour parler de certains aspects de la vie d’YSL aurait mérité d’être plus globale.

6.5/10


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Vidéodrome - 7/10

Messagepar Mr Jack » Dim 12 Jan 2014, 23:08

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⌲ VIDEODROME (1983)
de David Cronenberg avec James Woods, Peter Dvorsky, Sonja Smits.

Histoire: Le patron d'une petite chaîne érotique sur le câble capte par hasard un mystérieux programme-pirate dénommé Vidéodrome, qui met en scène tortures et sévices sexuels. Son visionnage provoque peu à peu des hallucinations et autres altérations physiques. La frontière entre réalité et univers télévisuel devient bien mince, et la folie guette...


Rien n'est réel en dehors de nos perceptions de la réalité. Nos yeux perçoivent donc une réalité qui nous est proposée par un concept: la télévision. Mais Videodrome est-il un film sur ce concept, ou sur le fantasme de pouvoir modeler la réalité comme bon nous semble ? Cette idée malsaine que d'une réalité modelée peut se découler une perfection imagée. Mais Videodrome est un concept à lui tout seul, parcourant des milliers de limbes, beaucoup plus que mon cerveau n'a pu suivre, perdu dans les premières effluves d'un parfum de thriller métaphysique, et qui erre encore après coup au dessus du fantasme et du sens réel du concept. Cette sensation là, on l'accepte, on la laisse prendre possession de vous, ou on la regrette, on aimerait pouvoir dire stop et ralentir la cadence. Videodrome est un objet qui se lance à pleine vitesse et qui ne s'arrête qu'une fois arrivé au paroxysme de sa métaphore, quitte à laisser les âmes les plus égarées sur le bord de la route. Cronenberg filme une idée, puis l'éclate en mille morceaux et se répand partout comme un monstre à huit bras. Il aime tellement semer le doute entre fantasme et réalité qu'il préfère les laisser se mélanger, et voir d'un oeil pervers jusqu'où ça peut aller. Bien que j'adhère au jusqu'au boutisme d'un cinéaste à la tête bien remplie, je n'aime pas être laissé sur le bord de la route. Un film nécessaire, qui ne laisse pas indifférent, mais qui marquera selon le taux de sado-masochisme.

7/10


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