Who's That Knocking At My Door de Martin Scorsese
(1969)
Assez déçu de cette vision du premier long-métrage de Martin Scorsese. Non pas que j'attendais un miracle : après tout, les premiers films sont ce qu'ils sont, à savoir, sauf exceptions rares, des sujets d'expérimentations souvent bancales ainsi qu'une première tentative de poser une signature, aussi bien formellement que thématiquement. Who's That Knocking at My Door répond parfaitement à cette description, et ma déception vient plutôt du fait que le film est carrément traité par certains individus comme un chef-d’œuvre, ce qu'il n'est absolument pas à mes yeux.
Petit film, limite de potes, tourné sur trois ans avec un budget dérisoire, Who's That Knocking at My Door porte clairement la patte de son auteur, que l'on reconnaît immédiatement. Dès le premier plan, une statuette de la Vierge à l'Enfant devant un miroir dans lequel se reflète une famille d'origine italienne rompant le pain, une scénette à laquelle se succède un générique musical sur des images de jeunes frappes se provoquant dans les rues new-yorkaises, le tout dans un travelling qui tente autant que possible d'être d'une fluidité irréprochable : pas de doute possible on est en plein dans les premières thématiques scorsesiennes qui marqueront définitivement dans Mean Streets. Ce qui étonne au premier abord, c'est véritablement cette signature immédiatement reconnaissable, doublée d'une maîtrise d'écriture et de jeu d'acteur évidente, ce qui donne lieu à une autre séquence très marquante de la rencontre sur un banc entre Harvey Keitel et une jeune femme blonde, et d'une discussion qui portera sur The Searchers. Jusque là, le film est un quasi sans-fautes, mais sombre par la suite dans une approche assez déroutante.
Clairement, le film porte la marque de deux courants cinématographiques qui ont influencés Scorsese, à savoir la Nouvelle Vague française et le néo-réalisme italien, deux genres très différents qui sont ici mélangés pour un résultat assez bancal où le montage se fait succéder des séquences trop longues et qui ont souvent peu de rapport entre elles. De ce fait, le film ressemble bien plus à une expérimentation d'un récit déconstruit qui finit par le rendre peu intéressant, et c'est d'autant plus dommage qu'il avait tout pour être quelque chose dans la veine du futur Mean Streets. Bref, une première pellicule trop expérimentale pour ressembler vraiment à ce que fera son auteur par la suite, Who's That Knocking at My Door ressemble d'ailleurs bien plus à du Cassavetes en plus maîtrisé. Dommage donc.
NOTE : 5,5/10