[Velvet] Mes critiques en 2013

Modérateur: Dunandan

Collatéral - 10/10

Messagepar Velvet » Jeu 19 Déc 2013, 15:27

Collateral de Michael Mann (2004) - 10/10
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Dans un Los Angeles transfiguré par son immensité désertée, Collateral est une œuvre d’une virtuosité magistrale à l’aura mystique. Le personnage principal du nouveau film de Michael Mann n’est ni Vincent, un tueur à gages grisonnant et énigmatique ni Max, un chauffeur de taxi pris en otage dans cette expédition nocturne. La star du film, c’est cette ville, filmée comme un lieu dense, atmosphérique, dansant dans des soirées sobres et cuivrées à l’ambiance jazzy ou dans des Night-Club à la musique vrombissante. Los Angeles est enfouie dans la nuit éternelle, la ville est jonchée de lampadaires suivant la traînée lumineuse des voitures dans ces routes interminables, engloutie par la grandiloquence de buildings plus grands les uns que les autres. C’est fascinant comme Michael Mann arrive à nous faire ressentir la vie qui jaillit dans cette ville, cette ambiance si brumeuse où les pensées des uns et des autres s’évanouissent dans une solitude épuisante et où chacun suit son propre chemin dans l’indifférence la plus totale. Michael Mann s'accapare l'essence même de cette cité, pour en faire un être vivant au cœur battant de mille feux. Collateral, est un projet simple mais pas simpliste, humble mais non dénué de complexité, qui laisse le spectateur s'imprégner de cette ambiance crépusculaire dans ce polar d'une efficacité redoutable.

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Mais derrière son minimalisme narratif offrant peu de dialogues, Collateral n’est pas juste un produit de commande comme un autre où les meurtres se cumulent automatiquement, mais s’avère être un travail d’orfèvre tant dans son écriture que dans sa réalisation. Collateral ne souffre d'aucun temps mort, reposant sur un rythme nerveux qui ne laisse aucune place aux hasards. Michael Mann capte l’espace comme jamais, avec une réalisation presque contemplative au montage démentiel. Il n’y a qu’à assister à cette scène de fusillade dans le Night-Club pour comprendre la perfection du découpage. La démonstration visuelle ne se suffit pas à elle-même, pour peu que le réalisateur inscrit dans son histoire, une relation de plus en plus forte entre ce chauffeur rêvant d’une autre vie et un tueur à gages d’une froideur sèche, portée par les excellents Jamie Foxx et Tom Cruise. Tom Cruise campe le rôle d'un tueur, d'un loup solitaire au charisme frissonnant, prenant la vie de personnes sans le moindre regret. Collateral ne filme pas que son environnement citadin mais donne une place toute particulière à l’humain et à sa singularité désincarnée. L’humanité presque naïve de l’un va rencontrer la frénésie violente de l’autre, faisant de Collateral un mélange de genre entre thriller et road movie urbain, à la fois distant et attachant, dotée d’une réflexion existentielle pertinente. Sous ses allures de film automatique, Michael Mann fait de Collateral une œuvre au souffle visuel incroyable et au suspense implacable.
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Ninja Scroll - 9,5/10

Messagepar Velvet » Lun 23 Déc 2013, 10:15

Ninja Scroll de Yoshiaki Kawajiri (1993) - 9,5/10
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Malgré ma méconnaissance du cinéma d’animation japonais, Ninja Scroll fait l’effet d’une fabuleuse claque avec son univers endiablé et transgressif, ne faisant jamais dans la demie mesure. Dès cette première séquence sur le pont avec ces joutes aux sabres, Ninja Scroll assoit son côté crépusculaire, presque western, avec ses couleurs chatoyantes et nébuleuses. Le film a un souffle épique, cadenassé par un rythme décadent ne laissant aucun répit et mettant en exergue des affrontements aux armes blanches d’une folie sanglante à couper le souffle, comme ce duel entre Jubei et Tessaï. Malgré les années passées, Ninja Scroll garde un dessin ultra léché, une esthétique d’une classe absolue et une fluidité sans failles qui permet au spectateur de suivre les moindres mouvements de ces combats à la violence plus que jouissives, à l’image de cette boucherie où tous les compagnons de Kagero se font exécuter les uns après les autres. Mais disons le tout de suite, même si l’histoire ne connait aucun accroc, Ninja Scroll ne fait que raconter la simple l’histoire d’un coup d’Etat où l’on suit trois compagnons de route essayant de tout faire pour empêcher ce désastre.

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Mais derrière cette barbarie stylisée, ces aspects outranciers dans la mise à mort, cette érotisation des formes voluptueuses des jeunes femmes à l’image de la charmante mais venimeuse Benisato, la grande force du ce film réside dans l’écriture de ses protagonistes, un peu tous borderline et cachant quelques mystères qui leurs sont propres, et qui de fil en aiguille, vont de plus en plus s’affranchir de leurs cicatrices personnelles. Même les personnages démoniaques ont tous les particularités et leur singularité qui leur donnent corps, avec tout un arsenal de guerre bien badass. Fascinants dans leur escapade, Jubei Kibagami est ultra charismatique, samouraï vagabond à la loyauté flamboyante et la jeune Kagero, jeune ninja vivant avec une malédiction empoisonnée pour la femme qu’elle est. Leur périple les rapprochera, et mettra en lumière leur humanité émouvante et poignante. Ninja Scroll est un spectacle animé majestueux, un choc visuel classieux, à la violence bourdonnante.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Lun 23 Déc 2013, 10:20

Il va se retrouver très haut dans le top avec cette note :wink:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Velvet » Lun 23 Déc 2013, 10:23

Si vous avez d'autres films de la sorte à me conseiller, je suis vivement preneur. :D
Je vais aller faire un tour sur le pano animation jap'.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Lun 23 Déc 2013, 10:33

Le pano est très bien fourni, tu devrais pouvoir trouver ton bonheur.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar osorojo » Lun 23 Déc 2013, 10:37

Fais-toi Jin Roh, si tu l'as pas vu, tu vas aimer. Comme le tombeau des lucioles qui devrait te correspondre. Tu pourrais aimer Paprika aussi.
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Scream - 7/10

Messagepar Velvet » Lun 23 Déc 2013, 14:50

Scream de Wes Craven (1996) - 7/10 BOM challenge
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Scream est une saga horrifique ayant marqué son époque mais quand on y regarde de plus près, seul le premier du nom en vaut la peine. Les opus suivants et paresseux de Wes Craven n’auront qu’un unique but, celui de vouloir jouer sur l’idée de la mise en abime de la saga où une fausse autodérision se révélera être une véritable auto-congratulation pas des plus imaginatives, comme nous le rappelle le quatrième opus avec ses innombrables références aux différents autres films de la saga.

C’est dommageable dans un sens car Scream est un spectacle assez plaisant quoique un peu hypocrite, qui joue sur 2 tableaux à chaque fois, entre teenage movie/slasher, et entre parodie/hommage aux différents genres, à l’image du costume du tueur, étant drôle et effrayant à la fois. On y voit un psychopathe costumé tuant à coups de couteau, voulant s’approcher de sa réelle proie, Sidney Prescott. Les premières minutes du long métrage sont assez perverses avec cette volonté d’affirmer son style, reposant sur la mécanique des dialogues téléphoniques et sur la peur en elle-même avec ce jeu de cache-cache visuel et auditif, plutôt que d’impressionner par un visuel gore horrifique. D’ailleurs, cette peur au bout du fil, reste une expérience angoissante encrée dans le réel permettant une certaine identification et rajoutant une certaine froideur aux situations meurtrières. Les mises à mort sont peu nombreuses, mais reste d’une efficacité redoutable. Scream utilise les codes du slasher tout en voulant s’en moquer avec cette incursion du cinéma de genre dans le cinéma de genre.

Malheureusement Scream n’est pas extrêmement bien rythmé, baissant d’intensité dans ce marasme teenagers un peu longuet, s’intéressant aux différents protagonistes à l’intérêt très variable et jamais réévalués faute d’idées de réalisations où Craven se repose exclusivement sur le scénario de Williamsom avec son twist final « novateur » et oubliant d’y injecter une personnalité de mise en scène. Malgré ces quelques petits défauts, le film de Wes Craven reste une œuvre prenante, insufflant un gout de renouveau et d’imagination narrative dans un genre cinématographique un peu sclérosé par les codes inhérents au slasher.
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Parrain (Le) - 10/10

Messagepar Velvet » Dim 29 Déc 2013, 11:39

Le Parrain de Francis Ford Coppola (1972) - 10/10
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C’est un doux euphémisme de dire que le Parrain a influencé bon nombres de réalisateurs. Le Parrain, ce n’est pas qu’une simple fresque familiale dans un environnement de la pègre, c’est aussi et surtout une reconstitution d’époque formidable, que cela soit dans un New York crépusculaire ou dans les contrées paisibles et arides de la Sicile. Dès les premières minutes, on voit le décor et l’arrière du décor de toute cette machination ultra bien huilée. D’un côté, on assiste au mariage de la fille de Don Vito puis hors du bal de la fête, dans les bureaux de la maison familiale, Don Vito rencontre hommes après hommes qui pourraient avoir besoin de ses services. Son phrasé, son calme, sa corpulence en impose. Don Vito, l’expliquera tout de suite, dès sa première apparition. Il n’est pas un assassin, il ne mange pas de ce pain-là, s’occuper de sa famille et le respect des affaires, la confiance mutuelle, sont les seules choses qui l’intéressent.

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Les manipulations se font entre hommes de bonnes valeurs et Don Vito est un homme à qui l’on refuse peu de choses, comme le comprendra le producteur de Johnny Fontane qui ne voulait pas faire jouer ce dernier dans son nouveau film. Le jeu d’échec et le mécanisme de chaises musicales presque pacifique de toutes ses familles mafieuses, s’étiolera petit à petit pour laisser place à une mafia plus jeune, moins tactique, aux méthodes plus transgressives comme l’arrivée de la drogue sur le marché, plus avide de pouvoir, où la violence et la vengeance feront la loi. L’œuvre de Francis Ford Coppola met au centre de son sujet la famille Corleone, grande famille réputée et importante dans la pègre, où l’on verra le passage de témoin d’un père à un fils, pour devenir le Parrain. Chez les Corleone, être le Parrain, est une chose que l’on prend à cœur. Après qu’une tentative d’assassinat fut perpétrée contre la famille Corleone, la violence, les règlements de compte, les attentats s’enfileront comme un collier de perles.

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Que dire sur cette mosaïque mafieuse alors que tout a déjà été dit ? Que c’est formidable tout simplement. Le film est long, au rythme posé, pour mettre en scène cet univers à la tension réfrénée mais imposante de par le charisme de ces protagonistes. Outre son histoire captivante de bout en bout avec cette construction pyramidale de toutes les étapes qu’il faut « passer » pour devenir le plus respecter de tous, ses personnages à classe phénoménale – toutes les apparitions d’Al Pacino en Michael Corleone sont impérieuses ou Robert Duvall en frère adopté avec sa posture d’une main de fer dans un gant de velours-, la retranscription d’époque et le travail visuel de Coppola, pas aussi impressionnant que dans Apocalypse Now, éclaire un film à la virtuosité sidérante. Chaque plan, chaque morceau de musique, chaque scène, est pensée, écrite, cadrée au millimètre près, presque aucun moment du long métrage n’est là pour boucher un quelconque moment de ballottement. Chaque morceau du film nous immisce encore plus loin dans cet environnement mafieux, en nous apprenant comment doit se comporter un Parrain et de quelle façon il doit gérer sa famille.

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Que cela soit pour filmer des grandes séquences de banquets à l’espace foisonnant, des scènes à la violence sèche, ou des plans plus resserrés, tout est magnifique de présicion à part un ou deux instants – la bagarre ratée entre Sonny et son beau-frère -. L'univers luxueux du film n'est jamais surfait, tant dans les costumes que dans les décors, Le Parrain est d'un prestige grandiose. Les moments de bravoures, de classe monstrueuse défilent, comme cette incroyable scène d’enterrement avec un Al Pacino à l’aura tétanisante ou ce montage symbolique sur l’avènement du nouveau Parrain et de son aïeul. La scène où Michael se rend à l’hôpital pour voir son père est d’une minutie dans son montage presque indécente de perfection. La Parrain, premier du nom, de Francis Ford Coppola est un chef d’œuvre, incarné comme jamais, à la stature impressionnante et à l’ambition cinématographique saisissante.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Velvet » Jeu 02 Jan 2014, 14:51

Je finis mon topic sur mon petit bilan cinématographique de l'année:

Mes découvertes les plus marquantes:


Village (Le) de M. Night Shyamalan : d'une poésie et d'un romantisme foudroyant. Sublime, vraiment.
Crash de David Cronenberg : j'ai été hypnotisé par ce film fasciné par la mort et l'autodestruction. J'y repense souvent.
Sombre de Philippe Grandrieux: voyage suffocant dans l'enfer de la nuit.
Les anges déchus de Wong Kar Wai: la chronique de ces personnes solitaires immiscées dans la masse, embarquées par la brume nocturne d’une ville éclairée de mille feux

Mon Top 10 des sorties 2013:


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A Touch of Sin: Très beau film sur un pays de plus en plus enfermé dans la violence qui régit les rapports de sa société.
Only God Forgives : Trip sensoriel sanglant, magnifié par un travail visuel de géomètre. Et Ryan Gosling qui se fait éclater la tronche. Aucun doute, une réussite.
Mud : Récit initiatique saisissant sur les affres de l'adolescence et la recherche de l'image paternelle.
Spring Breakers : Filmé l'arrière du décor de l'Amérique comme un clip MTV malodorant et idiot amplifié par le magnifique travail de Benoit Debie. Addictif.
Le Loup de Wall Street : une orgie jubilatoire et décomplexée d'environ 3h.
Congrès (Le) : Ari Folman nous plonge dans les désillusions d'une femme qui ne sait pas sur quel pieds danser entre sa vie d'actrice et son rôle de mère.
Django Unchained : Un western aussi drôle que violent, un pur moment de plaisir cinéphile comme on en voit peu.
Inside Llewyn Davis : L'un des films les plus tristes des frères Coen qui nous embarquent dans le destin d'un musicien raté mais d'une pureté tragique.
Prisoners : Rogers Deakins et Denis Villeneuve nous offrent un triller pluvieux et fiévreux, habité par l'incroyable Jake Gyllenhaal.
10° Vie d'Adèle (La) : Pas très subtil dans sa manière d'aborder le couple, mais c'est l'un des plus beaux portraits de jeunes femmes vus dernièrement. Adèle Exarchopoulos emporte tout sur son passage.

Flop 10 des sorties 2013:


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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar nicofromtheblock » Jeu 02 Jan 2014, 20:22

5 films en commun entre nos top 10 respectifs :super:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Velvet » Ven 03 Jan 2014, 09:02

Oui, et notamment Spring Breakers. 8)
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