ONLY GOD FORGIVES----------------------------------------------------
Nicolas Winding Refn | 2013 |
8,5/10 Très longtemps que je n'avais pas pris une telle claque esthétique, et ressenti avec les tripes une telle immersion dans les méandres d'une vision poétique à mi chemin de l'enfer et d'une merveille de cinéma.
Refn dont je ne connais que le
Drive revient et redistribue ses cartes d'un cinéma qu'on aurait pu à tort qualifier de consensuel. Au contraire si la thématique de la violence ressurgit ici, avec en point de mire la notion de vengeance et de culpabilité, ce n'est plus pour un semblant d'action ou dans un esprit de rédemption. Point de salut dans cette cité Thaï fantasmatique et surtout un point de non retour pour les vils et les faibles, fantômes en sursis interprétés par un Ryan Gosling et une Kristin Scott Thomas troublants.
Et la justice divine car mortelle prend le trait et le tranchant sacralisé du sabre, dans ce monde de boxeurs, et chasse ses proies en quête des peurs et des faiblesses. Et seul le restant d'humanité ne compte réellement et n'a de valeur pour ce flic/ange vengeur, impeccable Vithaya Pansringarm, omniscient et intouchable.
Refn pose sa caméra avec une science éclatante et instille une atmosphère quasi extatique de 90 minutes le long de ses couloirs et de ses salles épurées. On pense à Lynch, Kubrick, Jodorowsky pour le trip pictural et la beauté du cadre. C'est beau, effrayant, gore, vif et toujours fascinant, dans un flamboiement coloré. Un sacré morceau de cinéma, sensoriel dans un chaud/froid savamment dosé et surprenant, qui sous des grands airs peut-être un peu abstraits -ou chiant diront certains- recèle tout de même un message puissant et dérangeant. Car le film n'est pas éthéré, au contraire il est constamment viscéral et les effusions de sang, comme les scènes plus posées, se ressentent au plus profond des chairs.
Un peu comme une peinture mi-Bosch, mi-Hopper, un truc unique, onirique et pourtant organique dont on ressort pantois et qu'on n'est sans doute pas prêt d'oublier.