BULLET BALLET
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Shinya Tsukamoto (2000) | 7/10
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Rencontre enthousiasmante mais pas totalement convaincante avec un réalisateur atypique, dont le boulot fascine autant qu’il achève toute once de bonne humeur chez son spectateur. Bullet Ballet est ce genre d'oeuvre qui peut aussi bien vous transporter totalement que vous faire passer un moment peu agréable. Après cette première vision, je me fais une place parmi ceux qui ne sont pas totalement convaincus, même si je reste pourtant admiratif de cette illustration, violemment poignante, du deuil et de l'envie de le surmonter.
Le ballet sensoriel de Tsukamoto a pour lui de belles qualités, dans son montage frénétique d’abord, et dans son ambiance sonore ensuite, terriblement soignée. Mais le martèlement qu’y fait l’auteur de ses thématiques est bien trop constant sur le long terme. Le pessimisme ambiant qui habite toute la première moitié de son film est terriblement éprouvant, un peu trop à mon gout. Quant à cette symbolique exacerbée qu'évoque l’arme à feu tant désirée, élément central de Bullet Ballet, elle paraît un peu trop appuyée et aurait mérité de se faire moins présente. Finalement, bien qu’on puisse comprendre, en partie vu la densité et le rythme de Bullet Ballet, les intentions de Tsukamoto de cette recherche de vie dans laquelle se lance le personnage central du film, son désespoir constant, sa vive essence se font l’écho d’une exagération de la douleur qui parait un brin forcée.
Reste toutefois la belle énergie qui habite chaque séquence. Entre montage énergique en diable et prises de vue vaporeuses au noir et blanc très frontal, on se sent très respectueux du savoir faire en présence. Dommage que cette vitalité formelle serve un propos si dépressif, si définitif. Malgré tout, si le voyage est douloureux, son terminus est très beau et plein d'espoir, mais il faut quand même subir 90 minutes, dont certaines sont un peu longues, d'appel au suicide pour y arriver. Une belle découverte donc, mais en demie teinte.