Sans retour Walter Hill - 1981
Ca partait pourtant mal. L'introduction n'est pas très évidente, ça va vite, où on est ? pourquoi ? qui est qui ? on nous donne deux/trois indices, et débrouilles toi avec pour supposer ce qu'on fout là. Peut-être dû à la VO, je sais pas, mais j'étais un brin perdu, avec pour seuls repères des têtes déjà vues ailleurs: Coyote et Booth; et aussi un blond qui se détache par définition. Le reste n'est pas facile à distinguer de prime abord, y a des blancs à cheveux bruns, deux black (heureusement y avait pas de chinois vous me direz
, normal en période post Viêtnam).
Bref, ça démarre rapidement tout de même, quelques dialogues pour caractériser les personnalités de chacun et j'arrive enfin à comprendre qui est qui. Le côté cheap de la production n'est pas gênant. Passé ces cinq premières minutes, le film bascule et je sais déjà que dorénavant je vais aimer tout le reste.
Le décor naturel comme personnage influent, l'ambiance paranoïaque sur réminiscence de guerre du Viêtnam, les milices du Sud ultra territorialistes, la poisse cajun, l'assurance d'un bodycount digne de ce nom, tout ça fait que j'ai aimé ce film. Surtout pour moi le plus important ici est le soin apporté à l'écriture des persos et du scénario: il ne s'agit pas de professionnels de l'armée, mais de civils incorporant la garde nationale le week-end comme d'autres irait à la chasse aux sangliers. On se retrouve donc avec un ramassis de gars de diverses couleurs, diverses classes sociales, diverses cultures et éducations, avec tout ce que ça sous-entend et cela conduit très intelligemment à montrer des réactions et des comportements divers envers une situation inhabituelle, dangereuse et soudaine. J'ai vraiment apprécié cette approche. De même qu'il n'est pas question de montrer ces gus comme des pros de la stratégie militaire et de la gâchette, ils utilisent des balles à blanc (idée géniale), ils vont faire des bourdes par paquet, en dépit du non-sens, sans tomber dans cet excès non plus, mais ça crédibilise énormement le film et ne le rend que plus intéressant à mes yeux. Maintenant que le film est bien avancé, je comprends mieux l'intro, tout cela était volontaire, pour que le spectateur se sente aussi perdu que les persos dans cet espace dans lequel on a aucun repère, il n' y a que de l'eau, des arbres, des branches et des feuilles partout, c'est oppressant et c'est merveilleux à la fois.
Le climax est excellent, muet, tout en tension (montage impeccable au passage), parfaitement géré dans sa durée.
La scène final est parfaite, laissant libre le spectateur de l'interpréter comme il l'entend.
Un excellent survival qui m'a passé l'envie de voir Délivrance auquel la bande-annonce fait référence.
8/10
Les hommes livrent leur âme, comme les femmes leur corps, par zones successives et bien défendues.