Django Unchained de Quentin Tarantino - 2013
Quentin Tarantino déplace son cirque habituel dans un décor qui devrait lui être familier et qui a bien besoin d'être dépoussiéré.
Sur le papier, une fois de plus, il a l'air d'avoir réuni tous les ingrédients habituels qui ont fait de ses précédents films des succès. Une BO hétéroclite mais bien choisie, un pitch pas extraordinaire, une durée conséquente, un casting trié avec soin et laissant espérer de bonnes surprises, libre à lui ensuite de rajouter sa sauce, à savoir des dialogues fun, des situations tordues et des clins d’œil divers pour donner du rythme.
Pendant la première partie, ça fonctionne sans problème. On découvre les deux personnages principaux, on est sans cesse cueilli à froid par les actions de Waltz, même si sa façon de se sortir des emmerdes rappelle très fortement sa scène de négociation à la fin d'
Inglorious Basterds, où il parlemente avec Brad Pitt. La scène avec le Klan est énormissime, même si Don Johnson n'en impose pas assez.
Passé ce long prologue, vraiment divertissant, arrivent les deux autres morceaux de l'histoire : l'arnaque et la vengeance. Les ficelles scénaristiques habituelles de Tarantino, donc. Pourtant c'est là que tout s'enlise. Les scènes s'étirent, s'allongent, se répètent, et il faut vraiment quelques moments bien sentis pour que l'ennui ne pointe pas trop son nez (notamment le gunfight dans la maison!
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Étonnant de la part de Tarantino, habitué du bavardage fun, capable de rendre intéressant n'importe quelle conversation. Mais le fait est qu'on lui reproche souvent de ne pas se renouveler, alors qu'il le fait, mais pas dans le bon sens. Avec IB, et à nouveau ici, il a décidé de suivre un déroulement linéaire et de faire une croix sur ses récits éclatés qui ont fait sa marque de fabrique. Grossière erreur, on perd énormément de surprise. Et dans cette partie du film où tout devient cousu de fil blanc, ça manque cruellement.
Seconde caractéristique laissée de côté : la galerie de persos et les différentes storylines qui en découlent et qui s’entremêlent. Comme dans IB, fini la multiplication des persos et surtout des histoires. Dans IB il n'y en avait plus que deux et ici... une seule!
Là, il n'y a pas besoin d'avoir un master en cinématologie pour savoir que ça va être plus que light pour combler 2h45 de métrage où les dialogues cools dominent. Forcément, il y a des redites dans les attitudes et les situations. Avec seulement 4 persos qui existent vraiment dans cette partie du film, et même plus que deux dans la dernière partie, ça ne va pas suffire. Du coup on se paye des scènes casse burne, comme celle du transit jusqu'à Candyland, interminable, et pas passionnante.
En laissant de côté une partie de ce qui faisait sa griffe, Tarantino s'est tiré une balle dans le pied et a rendu son film presque pénible par moment. Dommage, il avait le matériau pour faire quelque chose de plus simple et plus fun, mais encore aurait-il fallu tailler dans le vif.
6,75/10