Le Hobbit: la désolation de Smaugde Peter Jackson (2013)
Que du bonheur de se replonger une nouvelle fois en Terre du Milieu afin de suivre les pérénigrations de notre cher Hobbit. Ceux qui n'ont pas vu le premier ou sont hermétiques à ce genre particulier pourront certainement passer leur chemin, mais ceux qui ont aimé le premier opus ne devraient pas bouder leur plaisir devant ce second chapitre riche en action et péripéties.
Ici pas de long chapitre d'exposition, on entre rapidement dans le vif du sujet avec la compagnie en fuite, pourchassée par les Orcs, suite à la bataille de la fin du premier film. L'occasion de rapidement découvrir un personnage marquant pour ceux qui ont aimé le livre, Beorn le changeur de peau. Il rend plutôt bien à l'écran, même si sa présence est très courte (une dizaine de minutes tout au plus). S'en-suit une course effrenée: Mirkwood la forêt maléfique, les araignées rejetons d'Ungoliant, les elfes pas très sympas mais rudement efficaces quand il s'agit de tuer des orcs, une mémorable descente de rivière en tonneaux, une ville humaine en déliquescence au bord d'un lac avec sa propre petite vie, et enfin Erebor, le dragon Smaug et un périple dantesque dans les coursives de la grande cité Naine... On sent pas vraiment les 2 heures et demi passer (la durée annoncée est 2h40, mais sans le générique ça doit guère faire plus de 2h30).
Le film a quelques bons moments de bravoure, comme la fameuse descente de la rivière avec les nains dans des tonneaux, pourchassés par des dizaines d'orcs eux-mêmes pourchassés par les Elfes (dont le retour efficace de Legolas qui a un rôle assez important alors que je ne sais même pas si son nom est cité dans le livre). Techniquement cette séquence n'est pas forcément parfaite (les SFX sont pas irréprochables par endroits) mais y'a une vraie mise en scène rudement efficace et inventive derrière, avec parfois de très longs plans délirants. De même pour la toute fin, PJ brode pas mal de péripéties avec un jeu de cache-cache entre Smaug et les nains dans Erebor qui s'achève en bataille dont certains moments ne sont pas sans rappeler son
King Kong.
Globalement le roman a été vraiment bien étoffé et développé, les ajouts sont bien vus, les côtés trop burlesques gommés pour plus de sérieux. On a une incursion de Gandalf à Dol Guldur qui donne un ton assez grave et contribue à créer un pont concordant entre les 2 trilogies. PJ développe aussi certains personnages de la compagnie, comme Kili qui s'étoffe et dont le parcours diffère totalement de celui du livre (ou tout au moins je ne me souviens pas de toutes ces péripéties là). Et rayon nouveaux personnages, Tauriel (Evangeline Lilly) et Bard (Luke Evans) sont les deux principaux ajouts. Si j'ai quelques réserves sur la première, Bard en revanche est un excellent personnage.
Alors y'a toujours beaucoup de CGI (globalement le top niveau du genre), mais y'a aussi pas mal de décors en dur et de décors naturels. Evidemment dès qu'on est dans une cité délirante comme la ville des elfes ou Erebor, dur de faire autrement. Et puis quelle mise en image tout de même, l'univers de Tolkien s'agrandit et s'enrichit d'un atour visuel unique auquel de multiples artistes auront contribué. J'ai par exemple adoré le chemin que trouve la compagnie pour parvenir à la fameuse porte de Erebor dont Thorin possède la clé: une statue gigantesque dont les sculptures tracent la voie. Et c'est toutes ces trouvailles visuelles qui donnent la richesse de l'oeuvre, digne des écrits de Tolkien.
Certains combats sont assez âpres, donnant l'impression que PJ tentait de renouer avec la fabuleuse bataille de la fin de
La communauté de l'anneau. Et puis Smaug est une réussite, avec une voix bien choisie et une présence imposante.
Je me demande vraiment ce que PJ va nous tricoter pour le troisième film, ne restant du roman en lui-même qu'un minimum de matière, mais je suis déjà impatient de me replonger une dernière fois en Terre du Milieu.
9/10