[Velvet] Mes critiques en 2013

Modérateur: Dunandan

Marie-Antoinette - 9,5/10

Messagepar Velvet » Lun 18 Nov 2013, 16:58

Marie Antoinette de Sofia Coppola (2005) - 9,5/10
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Comme on pouvait s'y attendre Marie Antoinette n'est pas un film historique comme les autres avec ses codes bien établis et son cahier des charges aussi lourd que le poids de l'histoire. Sofia Coppola n'est une historienne mais une cinéaste qui s'intéresse donc peu au contexte historique de cette grande période de la France malgré une reconstitution d'époque personnelle et ironique sur tout ce petit monde royal un peu guindé. La réalisatrice s'intéresse plus à la femme qu'est Marie Antoinette avec son destin marital et personnel plutôt qu'aux responsabilités de la femme du dauphin ou de la reine, excepté l'obligation de la naissance des enfants. Ce personnage de Marie Antoinette avec sa frivolité et sa oisiveté est typiquement un pur produit imaginatif de la réalisatrice. Malgré ce changement d'époque, cette grandiloquence pop un peu plus ordurière et libertaire, Marie Antoinette s'inscrit parfaitement dans la droite lignée des œuvres précédentes de la réalisatrice avec cette délicatesse romantique, ces personnages légers comme le vent et au spleen mélancolique attachant, cette mise en scène feutrée instruisant son univers dans un panier cotonneux dont il est difficile de s'extraire. Et puis cette bande son, à tomber par terre, entre indie rock foutraque et post punk lancinant, donnant une âme douceâtre et intemporelle à un film qui ne l'est pas moins. C'est avec plaisir qu'on retrouve le couple Coppola/Kirsten Dunst, cette dernière livrant ici une participation pleine de sensualité et de gravité grâce à la splendeur de son sourire.

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Comme dans Virgin Suicides, cette adolescente se retrouve confrontée violemment avec ce monde adulte orné d'uses et coutumes alors qu'elle n'y était pas préparée. Elle aime être avec ses amies, faire de grande fêtes avec ce champagne qui coule à flot et ses gâteaux roses bonbons qui remplissent tous ces grands banquets comme si une simple jeune fille tapissait sa chambre de poster de star. Marie Antoinette est un peu filmé comme le rêve d'une petite fille. Elle s'amuse et joue, préfère être insouciante. A l’instar de Charlotte dans Lost in Translation qui se sentait terriblement seule dans ce pays nippon, Marie Antoinette se sent isolée et dénote dans cette Cour Royale embellie de diamants et de dorures plus extravagantes les unes que les autres. Mais derrière ce film amusant et amusé d'une jeune fille catapultée dans un monde d'une richesses infinie, Coppola signe aussi un joli portrait d'une femme libre de ses choix. Passage de l'age adolescent à l'age adulte, solitude intérieure, insouciance charmante, tant de thèmes qu'on retrouve une nouvelle fois chez la Miss Sofia. Et une nouvelle fois, nous sommes éblouis par tant de finesse tant dans l'écriture que dans la réalisation.
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Cartel - 3,5/10

Messagepar Velvet » Lun 18 Nov 2013, 18:45

Cartel de Ridley Scott (2013) - 3,5/10
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Ce Cartel est un drôle de film parce que sur le papier il y avait tout pour nous concocter un petit cocktail explosif mais finalement on se retrouve devant un pétard de fête foraine. Ridley Scott, après deux derniers long métrages anecdotiques, avait la chance d'avoir sous la main un vrai projet pouvant lui redonner une deuxième jeunesse, écrit par un scénariste reconnu, tout en rassemblant un casting en or. Au lieu de nous envoyer au visage un film fun et décomplexé (comme le gentillet mais passable Savages d'Oliver Stone) ou habité d'une noirceur abstraite et philosophique sur le monde qui nous entoure (l'excellent Cosmopolis), Cartel s'avère être un film un peu autiste, pas aimable pour un sous, qui s'écoute beaucoup parler sur des sujets qui n'ont peu d’intérêt (il faut le voir pour le croire en voyant Brad Pitt nous expliquer c'est qu'est un snuff movie...), avec des personnages ultra bariolés et maquillés à outrance (la coiffure et le fond teint de Javier Bardem qui lui font ressembler à une cagole du sud), qui déçoit de bout en bout. Un avocat, fou amoureux d'une nunuche de service (Cruz comme d’habitude), voit l'un de ses stratagèmes pour se faire du fric tomber à l'eau. Et des gens hauts placés veulent sa peau. C'est un peu tout ce qu'on sait et ce qu'on doit savoir sur un film qui n'a pas pour volonté d'en faire plus dans sa construction narrative totalement déstructurée.

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Cartel préfère se concentrer sur une logorrhée faussement métaphorique mais vraiment lourdingue pour appuyer l'équilibre étroit des liens entre les différents protagonistes dans cette Amérique aux contours nihilistes. Ridley Scott, dont la réalisation reste bien léchée, froide mais quelconque, semble un peu perdu et n'arrive pas à faire vivre des personnages terriblement désincarnés. Aucune aura mystique et fantasmatique ne ressort de ce gloubiboulga à la noirceur fabriquée, ne permettant pas à son film de s'envoler dans un onirisme subversif. L'aspect inodore et prévisible du dédale labyrinthique de certains dialogues, le manque total d'écriture et d'idées visuelles, le coté poussif de certaines scènes trashs font de Cartel le parfait symbole du film en toc. Le thriller ou film noir sulfureux annoncé s'estompe très rapidement pour être remplacé par un long métrage maniéré et maladroit ne sachant jamais créer une atmosphère anxiogène. On sauvera Cameron Diaz, seule actrice qui semble s'amuser nonchalamment pour se dépêtrer de ce marasme lénifiant.
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Somewhere - 7/10

Messagepar Velvet » Mer 20 Nov 2013, 18:13

Somewhere de Sofia Coppola (2011) - 7/10
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Par moments à trop vouloir profiter du même filon sans innover, on se brûle un peu les ailes. Malheureusement c'est un peu ce qui arrive à la réalisatrice américaine avec son quatrième film, Somewhere. Alors oui, Sofia Coppola, fait toujours du Sofia Coppola. Somewhere présente de façon lancinante l'arrière du décor Hollywoodien où les strass et paillettes ont été vite remplacées par l'ennui à l'image de cette première scène où l'on voit Johnny Marco tourner en rond dans sa voiture de luxe. D'ailleurs, les scènes en voiture seront nombreuses. Elle film de nouveau la morosité ambiante qui déambule dans ce petit monde bourgeois. On connait la recette et à force de goûter au même plat, il n'y a plus cet effet de surprise. Son cinéma épuré, classe, délicat n'a jamais été aussi minimaliste qu'avec Somewhere et c'est peu de le dire. Pour preuve, la présence d'une bande son indie rock a souvent été la marque de fabrique de la jeune femme permettant d'agripper de façon contemplative les égarements sentimentaux de ces personnages. Somewhere, lui, est quasiment silencieux de bout en bout, évaporant presque tout musique et toute parole. Malgré ce petit détail, c'est avec un plaisir non dissimulé qu'on retrouve la réalisation crépusculaire de la Miss avec cette caméra qui caresse avec grâce et douceur le cadre de son image, ces personnages charmants et émotivement un peu maladroits.

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Cette solitude presque indicible habite cet acteur vivant au somptueux hôtel du Château Marmont à Los Angeles et qui presque contre son gré doit garder sa fille quelque jour. De minutes en minutes, il commencera à regarder sa fille avec les vrais yeux d'un père aimant et va se mettre alors à se poser des questions sur ce l'homme qu'il veut réellement devenir. Il a sans doute marre d’être l'acteur un peu déchu, accroc à la bouteille passant ses nuits à regarder des blondasses s'émoustiller en faisant des laps dance. Le duo Dorff/Faning est doux et fonctionne très bien à l'écran. On se met parfois à sourire délicatement devant l'éveil de l'émotion entre ce père et cette fille quand ils jouent à Guitar Hero ou qu'elle patine divinement sur la glace. Derrière cette finesse visuelle, les gestes se font rares, les soubresauts presque insaisissables, et il faut bien le dire, on perd un peu le fil devant un film qui multiplie les scènes sans véritables intérêts narratifs ou émotionnels. Somewhere n'a pas la noirceur d'un Virign Suicides, n'a pas le charme d'un Lost in Translation ni la fougue puérile de Marie Antoinette mais n'en reste pas moins un écrin visuel gracieux et attachant mais dont le message sur cette quête parentale de rédemption se révèle un peu plat.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Velvet » Mer 20 Nov 2013, 18:22

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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Mer 20 Nov 2013, 18:32

Super ton cycle S. Coppola :super:

Je suis assez d'accord avec ce que t'en dis avec le dernier que tu as critiqué, à part l'incapacité de la réalisatrice à se renouveler que tu sous-entends. Car bien qu'on retrouve ses thèmes de toujours, je trouve audacieux de sa part d'abandonner sa forme sophistiquée (qui constituait une grande part de son attrait, il faut l'avouer) pour un style très épuré et ainsi tenter d'aborder son sujet de manière peut-être plus sincère.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Velvet » Mer 20 Nov 2013, 18:46

Merci. :D

Après, le style ultra épuré voire statique de Somewhere, je trouve, à mon humble avis, pas que cela puisse être vu comme une sorte de renouvellement. Certes, elle se fait plaisir mais plus en roue libre, hyper distante par rapport à son récit et d'ailleurs c'est ce qui nuit à son film suivant.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Mer 20 Nov 2013, 18:55

Ben en tous cas une amorce de changement (en tous cas je le perçois comme ça) ... Par contre oui, cette prise de distance avec ses personnages plombe bien son dernier film, que j'affectionne quand même, mais on sent vraiment que son inspiration arrive à sec, et qu'elle ne sait pas trop où se placer par rapport à son sujet.
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Wolverine : le combat de l'immortel - 4,5/10

Messagepar Velvet » Jeu 21 Nov 2013, 21:46

Wolverine: le combat de l'immortel de James Mangold (2013) - 4,5/10
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N’ayant pas vu les précédents films de la firme X-Men mis à part le premier et le tout dernier de Matthew Vaughn, il me sera difficile de faire une quelconque comparaison avec les autres opus. Le début de ce Wolverine laissait présager le meilleur, en cette année de vache maigre au niveau des blockbusters, excepté peut être Man of Steel de Zack Snyder. Ambiance forestière pluvieuse au fin fond des Etats Unis, Wolverine en quasi SDF amis des animaux, une santé un peu borderline avec quelques relents presque schizophréniques, une baston avec des rednecks, une petite japonaise (Yukio) rouquine et presque punk bien badass qui fait son apparition. Dans notre esprit, on se dit peut être alors qu’on pourrait avoir à faire au vrai blockbuster torturé et sombre que l’on attendait tous cette année. Alors qu’on pouvait envisager un film introspectif et ambigu sur la personnalité de cet anti héros qu’est Wolverine, tous mes espoirs vont s’envoler à la vitesse de la lumière car les deux heures qui vont suivre seront, à mon plus grand regret, sans âme et sans originalité. Wolverine devra protéger et jouer au bodyguard de la petite fille de l’une de ses anciennes connaissances fraîchement décédées. Derrière cela, un problème d’héritage et une histoire d’immortalité, quasiment jamais exploitée où cette notion de vie et du temps qui passe est très vite éludée pour laisser place une suite répétitive de bastons mollassonnes et moments intimistes écrits à la truelle pendant que Wolverine fait la baby sitter et joue à cache-cache avec les méchants dans un paysage japonais qui a le mérite d’être plutôt dépaysant pour un film de cette envergure.

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Suite à cela, on aperçoit Wolverine jouer à la dinette avec des baguettes, envoyer des regards mielleux et tous mignons tous doux à sa jeune acolyte, c’est presque si on ne le voit pas prendre son guide du routard pour visiter ces contrées nippones et faire un remake de Lost in Translation. L’idée en elle-même de vouloir calmer l’atmosphère d’un blockbuster n’est pas mauvaise en soi mais il aurait fallu que cela soit un minimum écrit car on retrouve la direction cinématographique Marvel habituelle et notamment celle infligée à Iron Man 3 avec Tony Stark et ce jeune garçon. Les critiques faites à Iron man 3 sont celles copiées collées que l’on pourrait faire à ce Wolverine : le rythme mal géré, les dialogues mal ficelés, un réalisateur sans idées et asphyxié par le manque de profondeur d’un récit inexistant, bad guy absent, les scènes d’actions quasiment jamais explosives ni puissantes à l’image de la longue et ennuyeuse première poursuite citadine ou ces combats aériens sur un train, des séquences émotives plus patibulaires et grotesques qu’autres choses. Wolverine s’avère être un film anodin dans la pure et droite lignée des dernières sorties Marvel 2013 (Iron Man 3, Thor 2) et c’est loin d’être un signe de qualité.
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Django Unchained - 9/10

Messagepar Velvet » Sam 23 Nov 2013, 11:47

Django Unchained de Quentin Tarantino (2013) - 9/10


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Après avoir parcouru un bout chemin ébouriffant sur les routes du Girl power avec son Boulevard de la mort, après avoir revisité de façon jubilatoire la mort d’Hitler en suivant cette petite troupe d’Inglorious Basterds, Quentin tarantino, dans sa mégalomanie et son amour du cinéma, continue sa quête de vengeance cinéphilique visant à mettre en lumière les opprimés ayant été contraints à la soumission durant le cours de l’Histoire. Avec Django Unchained, hommage au personnage de Django de Sergio Corbucci, le réalisateur américain suit la destinée d’un esclave noir avant la période de Sécession voulant sauver, avec l’aide d’un chasseur de prime d’origine allemande, sa bien-aimée qui se trouve sous l’emprise d’un esclavagiste sans états d’âmes. Django Unchained, se déguste dans son gras, plaisir à la fois coupable et communicatif, où le réalisateur revient peut être à son meilleur niveau et dont la grande qualité est d’offrir un spectacle fédérateur et décomplexé qui plaira autant au cinéphile qu’au profane du western spaghetti.

Une oeuvre qui dépasse son côté pastiche pour nous livrer un western picaresque et jubilant, au rythme constamment contrôlé. Malgré le sujet grave de la ségrégation raciale, Tarantino joue les funambules entre dénonciation de l’Histoire et réappropriation presque distante et amusée d’une atrocité historique. Ce qui est fabuleux, aussi bien dans Inglourious Basterds que dans Django Unchained, c'est ce désir de planter ses histoires dans l'Histoire, et d'y apporter, par la même occasion, un fond inattendu de la part de Tarantino. Dès les premières secondes du long métrage, Django Unchained sublime ses somptueux décors à la fois arides et neigeux, avec cette réalisation au cordeau qui ne laisse aucune place au hasard et tout ce qui regorge comme tics et gimmicks poseur. Il n’est pas forcément utile de saisir toutes les influences ou tous les hommages visuels aux genres pour se laisser entraîner dans cette chasse à l’homme totalement débridée tant le réalisateur réinvente et s’amuse avec les genres cinématographies (« a nigga on a horse »). On s’amuse comme des petits fous à suivre un récit dense et jamais manichéen où tout le monde en prend pour son grade dans cette cavalcade contre l’esclavagisme.

Mais dans ce Django Unchained souffle un vent de liberté, un amusement presque primaire et décontracté qui inonde l’esprit du spectateur à voir ses combats verbaux transgressifs, à écarquiller les yeux devant ses gun fights trashs compulsifs mais jouissifs, à jouer avec l’anachronisme pop musical où Tarantino s’amuse avec ses joutes verbales qui mettent ses acteurs, plus charismatiques les uns que les autres, sous le feu de la rampe. Tout cela est parfait, on sent une réelle richesse dans cet univers composite entre fiction et réalité historique, la fiction permettant à Tarantino d'incarner les silhouettes d'autrefois par de vrais personnages de bandes dessinées, avec toute l'excitation que cela fait monter chez le spectateur. Qui dit Tarantino dit enchaînement de scènes cultes aux dialogues écrits à la virgule près (l’humiliation de KKK), punchlines incisives, violence graphique à la fois drolatique et frénétique (« say goodbye to Miss Laura »). Django Unchained est un moment de bravoure au rythme implacable (excepté à Candyland), qui allie travail d’orfèvre et efficacité jamais égalée.
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Boogie Nights - 9/10

Messagepar Velvet » Lun 25 Nov 2013, 14:40

Boogie Nights de Paul Thomas Anderson (1997) - 9/10
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Boogie Nights est une fresque bouillante sur la destinée d’un jeune homme Eddie Adams, détesté par sa mère, trouvant une vraie famille dans une communauté d’acteurs et d’actrices pornographiques. Acteur reconnu pour ses performances devant les caméras des 70’s, la gloire n’a qu’un temps et l’arrivée des 80’s sera comme le début de l’enfer. Paul Thomas Anderson, pour seulement son deuxième long métrage, démontre une qualité monstrueusement incroyable pour retranscrire une époque, notamment celle des 70’s avec ses colorations psychédéliques, cet engouement artistique, cette liberté sexuelle totalement jouissive ou cette bande son rock’n’roll un brin cheap. Visuellement, le film nous happe d’entrée de jeu avec un plan séquence majestueux comme sorte de résumé de toute cette ribambelle de personnages qui habitent ce film, notamment les excellents Mark Walhberg et Burt Reynolds. Les mœurs sont légères, l’imagerie vintage n’est jamais plombante, les femmes sont toutes magnifiques, la piscine est chaude, le soleil brille, les cris de jouissance pleuvent, les grandes maisons invitent tout un tas de personnes pour arranger d’immenses fiestas. Tout ça n'a qu’un seul but : faire vivre le cinéma, leur propre vision du cinéma, avec dignité et plaisir. Mais après l’amusement vient les responsabilités. Dans les années 80, les sourires deviennent des pleurs tragiques, les coups de feux vrombissent, les coups de poings heurtent les esprits, les masquent tombent et derrière la gloire se cache le coup du bâton notamment de la part de cette société pas des plus bienveillantes en ce qui concerne l’activité pornographique.

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Ce plaisir, cette luxure, cette drogue, ce monde de paillettes engendrent des dommages collatéraux inéluctables. Derrière ces personnages, c’est surtout une retranscription d’époque et de mœurs à la fois sombre et fébrilement magique qui s’installe devant nous. PTA voit aussi, par le biais de Boogie Nights, le changement artistique de l’artisanat du porno, emporté par ses dérives de business, qui au lieu de rester un art érotique et charnel devient l’héritier de la société de consommation où tout est vulgaire, où la violence est de plus en plus exacerbée pour faire de l’argent ou tout est factice (la chirurgie esthétique et les immenses poitrines remplacent des femmes au vrai sex appeal - Julianne Moore, est un régal pour les yeux comme on en voit peu au cinéma-). La chute vertigineuse du destin de ces hommes et femmes, où le plaisir d’être ensemble avec cette insouciance presque communicative devient de plus en plus sordide, pour presque tomber dans la dépravation et le voyeurisme. D’ailleurs en regardant Boogie Nights, on y voit des similitudes avec un film qui sortira quelques années plus tard en la personne de requiem for a dream même si Boogie Nights n’a pas cette touche racoleuse que peut avoir l’œuvre de Darren Aronofski. Au final, Boogie Nights un somptueux film, visuellement impeccable, à la frénésie sexuelle réjouissante et à la drôlerie presque ténébreuse.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar puta madre » Mar 26 Nov 2013, 16:37

Je l'adore, celui-là, mon préféré de PT Anderson à égalité avec Punch-drunk love.
Personnellement, je ne vois pas trop de rapport entre Boogie nights et Requiem for a dream. Certes il y a dans les deux cas une descente aux enfers, mais je trouve le film d'Anderson beaucoup plus "bienveillant" envers ses protagonistes à qui il accorde une seconde chance, alors que le Aronovsky est beaucoup plus glauque et jusqu'au boutiste.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Velvet » Mar 26 Nov 2013, 16:58

Oui les deux films ne se finissent pas de la même manière, mais hier, quand j'ai revu Boogie Nights et que j'ai vu l’enchaînement presque pyramidal ultra rapide (Eddie avec le mec dans la voiture et ses potes qui rappliquent + Amber confrontée à son ex mari + Rollergirl et la scène dans la bagnole + Buck à la banque...), ça m'a fait penser à la chute vertigineuse des dix dernières minutes de Requiem for a dream. Plus des thèmes comme la drogue etc...
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Tiresia - 8/10

Messagepar Velvet » Mar 26 Nov 2013, 17:06

Tiresia de Bertrand Bonello (2003) - 8/10
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Pour Terranova, prêtre séquestrant un prostitué transsexuel, la copie est toujours plus parfaite que l’originale et lorsque les imperfections masculines vont prendre le pas sur les traits parfaits de la femme que semblait être Tiresia, il va alors changer de regard sur lui, pour l’abandonner tragiquement et lâchement. Dans Tiresia, au sens propre comme au sens figuré, tout n’est qu’une question de regard et de hauteur, sur ce qui nous appartient, sur notre destinée ou ce qui vient à nous. A la fois abrupt pour dévisager les corps nus et sensible pour transpercer les questionnement de ses personnages, Tiresia laisse une drôle d’impression au spectateur car l’œuvre de Bonello, qui mélange trouble et sensualité, est à la fois gracieuse et disgracieuse à l’image de ce plan séquence mettant en scène cette ribambelle de prostitués sur le périphérique. Bonello se joue des symboliques religieuses (pute et prêtre) et des mythes (double identité sexuelle) avec des idées de cinéma toute simple comme celle de couper son film en deux, entre clair-obscur, aveuglement et lumière perçante. Dans une deuxième partie, plus mélancolique et rurale, Tiresia se retrouve aveugle à cause de son malfrat et rencontre la jeune et muette Anna. Dans un paysage diurne, il ressent enfin une certaine sécurité, une vérité qui vient à lui.


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Il n’essaye pas de comprendre, mais laisse faire la destinée, il ne sait pas ce qu’il est ou ce qu’il lui appartient d’être mais c’est comme un apaisement mais aussi un fardeau de devenir une sorte d’Oracle. Il y a une austérité, qui rend le tout mystique dans ce décorum réaliste et naturaliste. On pense à Sombre de Grandrieux quand Terranova rode dans les bois à la quête de la perfection ou lors de cette séquestration presque claustrophobique, puis dans cette deuxième partie, on pense au style Bressonien avec cette austérité et ce minimalisme avec ces hommes et femmes fracturés aux regards vides et à même le sol. Bonello n’a pas besoin de rentrer dans une narration ultra poussée sur ses personnages, pour que l’on ressente cette gravité et cette émotion qui se dégage en chacun d’eux, comme le prouve l’énigmatique Laurent Lucas. Tiresia n’est pas parfait et semble parfois tourner en rond avec cette fâcheuse tendance à se répéter tant dans sa première partie (manger, se faire ligoter pour dormir..) que dans sa deuxième moitié (rôle de l’Oracle). Même si certaines choses nous échappent pour savoir où veut réellement en venir le réalisateur, Tirésia est un film pictural qui entrecoupe fascination malsaine et poésie presque pastorale avec un tel talent, que le film nous hante l’esprit pendant pas mal de temps.
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Magnolia - 9/10

Messagepar Velvet » Mer 27 Nov 2013, 18:18

Magnolia de Paul Thomas Anderson (2000) - 9/10
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Se posant des questions sur les analogies des invraisemblances, des coïncidences et du hasard de la vie de l’être humain, Magnolia se révèle être un film choral, long de par sa durée (3h), qui va voir le destin de nombreuses personnes se croiser tant dans la joie que dans la tristesse. Tout le film se déroule durant une journée, notamment durant une soirée où tout va basculer pour les uns comme les autres. Cette temporalité nous envoie dans un long métrage filmé presque « en temps réel », ayant l’avantage de nous tenir en haleine d’une façon encore plus saisissante. Magnolia est une œuvre cinématographique difficile à appréhender tant elle foisonne d’idées, tant elle regorge de sentiments foudroyants mais n’en reste pas moins un film exigeant qui ne tombera jamais dans l’émotion superficielle ou factice. Le début du film peut paraître hermétique tant Paul Thomas Anderson reste cloisonné dans une maîtrise ou rien ne dépasse ou tout est calculé au moindre centimètre près tant dans sa réalisation que dans son montage ou dans sa direction d’acteurs. Le montage est fluide et ne laisse aucun temps mort, les acteurs sont nombreux et parlent beaucoup. On commence à connaitre des personnages avec leurs envies opposées (le policier Jim et son envie d’amour, Frank Mackey et son envie de baiser sans sentiments) ou communes (Earl et Jimmy qui sont sur le pont de mourir). Et puis arrive l’interview entre Frank et une journaliste et s’en suit des révélations sur la mère de ce dernier.

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Et ça sonne comme un déclic, Paul Thomas Anderson débarrasse son film de cette solennité un peu trop formaliste, rallonge la durée de ses plans pour enfin laisser ouvrir les cicatrices difficilement oubliables qui tapissent l’esprit de chacun de ses personnages. On bascule alors dans une gravité qui nous percute qui nous touche sans que l’on s’en rende compte. Le film tourne autour des paradoxes de la vie entre vie/mort, bien/mal, amour/haine, c’est un cercle magnifiquement bien orchestré mais qui ne reste jamais renfermé autour de lui-même. Magnolia fonctionne sur les oppositions des genres et des personnes (la destinée totalement similaire mais inverse de Frank et Claudia tant sur le plan amoureux que sur le plan familial). C’est avant tout un travail d’écriture et de montage tout simplement époustouflant. Magnolia est une mosaïque sur la vie qui nous joue des tours, un film somme sur notre place dans le monde, sur le passé, qui, qu’on le veuille ou non, aura des répercussions sur nos choix, notre manière de vivre, sur notre futur. Mais c’est à nous de construire notre propre existence.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Alegas » Mer 27 Nov 2013, 18:27

Chef d’œuvre celui là, donc :

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