Gravity - Alfonso Cuaron - 2013
Gravity est un film à voir, de préférence en salle, c'est indéniable. Est-ce un must see pour autant? Chacun y voit midi à sa porte. Je mettrai volontairement de côté les interprétations que nombres d'agités du bocal se feront un plaisir d'extirper de la moelle du récit . Une chose est claire de mon point de vue. A aucun moment le fond ne vient soutenir la prouesse technique. Et c'est bien dommage quand on pense au coup de boule asséné par Alfonso Cuaron il y a quelques années avec le plus qu'enthousiasmant Les Fils de l'Homme. Pendant 30 minutes, Gravity séduit au plus haut point. Contrairement à la concurrence, le tout CGI s'oublie en quelques minutes. Aucun couac formel ne viendra entacher la partition d'ensemble. On a vraiment l'impression que le spectacle qui nous est offert est fait de prises de vue en dur. On passe une présentation express des deux protagonistes de l'histoire et on attache son harnais pour un premier tour de roller coaster. Météorites, Sandra en perdition, George qui jet-packe à son secours, puis une première respiration.
Et que se passe-t-il ensuite? Bis repetita et même ter repetita... Gravity dure 90 minutes et peut être découpé en 3 segments qui n'ont rien d'autres à offrir que des péripéties déjà vues quelques instants plus tôt. Paye ton schéma narratif redondant. Pour briser la routine, on en apprend un peu plus sur le personnage de Bullock (qui s'en sort fort honorablement au demeurant - mark my words, ça n'est sûrement pas demain la veille que je redirais du bien d'elle) mais hélas, pas grand chose à se mettre sous la dent hormis un trauma du genre lourdingue. Cuaron a pris le parti du grand spectacle, on peut difficilement lui donner tort mais le manque d'inspiration en terme de script est vraiment très frustrant. Pendant toute la séance, j'avais envie de frissonner de plaisir mais rien n'est venu raviver l'émotion suscitée par la première bobine.
Pire encore,quelque doléances viennent entacher le tableau final. Entre la scène "Deus ex machina" du rêve, Sandra touchée par la grâce de Dieu et dont le corps ondule entre plusieurs tempêtes de débris, et une vaine tentative de parallèle entre son destin et celui de l'homme dans sa globalité, les griefs s'accumulent. Rien de fondamentalement rédhibitoire, l'usine à rêve fonctionne toujours à plein régime pour les plus indulgents, mais à titre personnel, j'ai envie de dire "merde" lorsque le générique de fin pointe son nez. Merde, parce que ça aurait pu être dément. Je n'ai tout simplement pas vu le film que j'imaginais. Dernier mot concernant la musique. On nous promet le silence au début du film, jamais la promesse n'est tenue à l'exception de deux ou trois trop courtes séquences. Ça vire limite à l'abrutissement par moment. Au lieu d'une tension sourde, place à la sur-dramatisation dans le bruit et la fureur... Dans l'espace, personne ne vous entendra regretter...
6/10