[Velvet] Mes critiques en 2013

Modérateur: Dunandan

Bataille dans le ciel - 7/10

Messagepar Velvet » Mar 05 Nov 2013, 17:08

Bataille dans le ciel de Carlos Reygadas (2005) - 7/10
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Marcos, chauffeur au service d'un général Mexicain, a commis l'irréparable en enlevant et en tuant un enfant. Carlos Reygadas, avec aridité et distance, filme la souffrance de cet homme, qui ne peut plus vivre avec ce poids sur la conscience. Bataille dans le ciel est le portrait d'un homme, dont la misère sociale lui a peut fait emprunter le mauvais chemin. A travers lui, c'est tout le malaise d'un pays qui est montré du doigt. Son destin est écrit, presque funèbre, alors il déambule dans les rues de Mexico, noyant son mal être dans la solitude presque mystique. Il conduit sa voiture, inévitablement, sans véritable point de chute, en regardant la perdition d'un pays presque hagard. Carlos, est l'anti héros par excellence avec son physique ingrat et sa cruauté. Inexpressif durant tout le film, on arrive tout de même à ressentir les tourments intérieurs de cet homme, qui ne sait plus quoi faire pour se laver de son péché. La religion, omniprésente dans le film de part sa proportion au symbolisme, tracasse notre personnage principal. Reygadas, alors, puise ses idées dans la distinction entre les actions de Carlos et sa condition humaine. Sa femme le dissuade de parler de la tragédie à qui que ce soit mais pour se dépêtrer d'un secret lourd à porter, il se confie à la jeune Ana, fille du général.

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Irradiante d’érotisme, elle est le fantasme de Carlos et est sans doute la seule pointe de douceur dans son horizon s'inscrivant de plus en plus en pointillé. Par ces entrefaites, Carlos Reygadas donne vie à des scènes sexuelles explicites qui rappellent fortement le cinéma de Larry Clark, avec un réalisme saisissant et une émotion charnelle presque palpable. Mais derrière cette histoire rongée par le mal, c'est surtout le style Reygadas qui marque les esprits. Le fil narratif est flou, et l'on suit une superposition lancinante de scènes qui s'entrechoquent avec fracas. Malgré une austérité de tous les instants, le film n'est jamais moralisant ni plombant. Reygadas, avec sa mise en scène auteuriste et ses mouvements de caméra calculés au moindre centimètres sait qu'il a du talent et le fait parfois trop savoir. Cette tendance à vouloir parfois trop en faire, dessert son film, rendant vaines, certaines séquences un poil répétitives. Dans Bataille dans le ciel, il n'y a pas de bien ni de mal, juste une inévitable descente en enfer misérable presque grotesque d'un homme tourmenté dont les balbutiements intérieurs ont eu raison de lui.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar nicofromtheblock » Mer 06 Nov 2013, 13:40

C'est certainement parce que j'ai vu Bataille dans le ciel avant Post Tenebras Lux mais ce que tu reproches au premier, je le reprocherai plutôt au second. Perso, il ne me reste plus qu'à découvrir son premier film Japon.
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Nuits d'ivresse printanière - 6/10

Messagepar Velvet » Mer 06 Nov 2013, 19:06

Nuits d'ivresse printanière de Lou Ye (2010) - 6/10
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Filmer de façon clandestine, Nuits d'ivresse printanière livre la parcours un peu lacunaire d'une jeunesse chinoise à l'étroit dans ce territoire qui ne leur permet pas forcément d'exprimer leur passion dévorante. Comme une sorte de mise en abîme, la mise en scène alerte et presque à l'emporte pièce de Lou Ye se met au niveau de cet amour homosexuel se devant de rester silencieux aux regards de tous. Lou Ye, par quelques fulgurances furtives arrive à capter des moments cachés, des scènes intimes d'une sincérité palpable. Une femme découvre que son mari Wang Ping le trompe avec un autre homme Jiang Cheng. Après cette découverte, les deux hommes vont rompre et Jiang Cheng va alors se tourner vers Luo Haito et sa petite amie, dans une histoire à trois au contour instable. Toujours sur la brèche, Nuits d'ivresse printanière suit les déambulations amoureuses de ces jeunes gens, avec de rares moments de tendresse, comme si cette vie romantique ne pouvait pas durer, ayant une date butoir indicible. Lou Ye nous transmet à travers une nostalgie sentimentale, cette peur de voir disparaître cet amour. Silencieux, Nuits d'ivresse printanière préfère faire parler les jeux de cache cache entre la caméra et les regards , préfère faire naître cette sensation de perdition.

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Alors que sa caméra filme les émotions par le creux de la serrure, cette distance visuelle engendre alors une cloison émotionnelle qui fait que le réalisateur ne fait qu'effleurer ce vague à l’âme sans jamais le toucher même de loin. Désincarné, le long métrage de Lou Ye déambule parfois à vide avec cette narration cousue d'un fil blanc. Parfois naturaliste avec des plans extérieurs de toute beauté, le film use jusqu'à la moelle de cette sensation de contemplation, ce qui a le désavantage de le rendre anesthésié, sans pouvoir nous faire ressentir une quelconque once de jalousie ou de tension sexuelle presque invisible. Malgré des personnages touchants dont l'histoire va basculer petit à petit dans une tragédie presque irréversible, on a du mal à ressentir une quelconque empathie quant au destin des uns et des autres. Le film de Lou Ye est à l'image de ses personnages livrés à eux mêmes et n'ayant presque pas de point de chute, il navigue dans des eaux troubles ne sachant pas trop où aller, un peu désarçonné et tourmenté par tout ce déferlement de sentiment amoureux.
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Inside Llewyn Davis - 9/10

Messagepar Velvet » Jeu 07 Nov 2013, 18:27

Inside Llewyn Davis de Ethan et Joel Coen - 9/10
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Avec Inside Llewyn Davis, pas d'effluve romanesque, pas de folie des grandeurs, les réalisateurs américains nous offrent là un film intimiste sur un artiste vagabond qui tel un funambule va de canapé en canapé et crèche par ci par là, où l'on veut bien l'accueillir. Ce personnage de Llewyn Davis, magnifiquement interprété par le très prometteur Oscar Isaac, s'inscrit parfaitement dans l'idéal imaginatif de l'univers des Coen. Soucieux de personne et surtout pas de l'avenir, il ne planifie rien, voyant dans l'idée de la carrière, quelque chose d'incohérent avec la notion même de faire de la musique. On voit alors naître des artistes qui attirent l’œil au lieu de faire vibrer les oreilles, des chansons simples au texte lénifiant qui remplacent les songwriters qui rapportent peu, là où les producteurs de label font la pluie et le beau temps. La musique évolue et est faite de sacrifices. Se sentant presque incompris, multipliant les galères sentimentales ou professionnelles, le chanteur va faire le point sur certaines parties de sa vie. Le film, qui se déroule sur un laps de temps d'une semaine, deviendra une sorte de passage à l’âge adulte dans un enfer vorace pour ce raté attachant mais qui restera un éternel poissard, comme le prouve la fin du film. Alors qu'on pourrait reprocher au Coen de ne faire que du Coen en mélangeant intelligemment mélancolie douceâtre et humour ironique, c'est surtout dans la finesse de son écriture et dans la retenue de la narration qu’Inside Llewyn Davis atteint de subtils moments de perfection.

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Car oui, à l'image de son personnage principal, les frères Coen ne cèdent pas aux sirènes du grand Hollywood avec ses grands violons et ses moments de rédemptions mièvres mais préfèrent filmer la nostalgie et le pessimisme de la deuxième chance qu'on le consent à faire pour avancer ou non dans la vie. Une fois de plus mais sans le travail de Rogers Deakins, on assiste à une maestria visuelle et une retranscription d’époques sublime avec cet univers qui sent bon le cuivre, avec l’odeur naissance de cette tristesse musicale. Le film a le parti pris de faire la part belle à la musique et ce n’est pas pour déplaire tant la bande son et la voix d’Oscar Isaac donnent des frissons. L'art et l'intégrité font avancer cet homme, et c'est peut être le plus bel hommage que les Coen pouvaient faire à leur propre cinéma. Après leur bel hommage au western en la présence de True Grit, les frères Coen écrivent un beau témoignage d'amour pour cette folk fébrile et chuchotante des années 60, tout en observant avec une petite once d'amertume la commercialisation de l'art. Certes, Inside Llewyn Davis n’en reste peut être pas moins un film mineur dans la filmographie de leurs auteurs mais c’est sans doute dans ces moments de subtilité et de tristesse absolue que les Coen sont les meilleurs.
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4h44 Dernier jour sur terre - 5,5/10

Messagepar Velvet » Lun 11 Nov 2013, 18:33

4h44 Dernier jour sur terre de Abel Ferrara (2012) - 5,5/10
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Alors que le cinéma contemporain, notamment américain, nous accable de blockbuster hollywoodien sur la fin du monde à grands renforts d’effets spéciaux et d'héros guerriers, Abel Ferrara lui préfère nous parler de l'acceptation intime de la fin du monde durant les dernières heures de vie d'un petit couple de New York. Aucune scène d'hystérie collective, aucune dramaturgie inutile, on sera retrouve dans un huit clos en face de deux anti-héros qui déambulent dans leur grand loft new-yorkais tout en s'occupant de façon naturelle comme si de rien n'était. Dans les premières minutes de ce 4h44 Dernier jour sur terre se dégage une certaine sagesse, un lâché prise face à la mort qui se révèle être assez beau. Le réalisateur nous gratifie d'une somptueuse scène d'amour, très charnelle, très près du corps. Elle, continue une peinture, lui se pose des questions sur la vie et la mort, cette oisiveté qui en est presque burlesque (mais qui ne l'est pas du tout) transparaît furtivement, comme si la mort était une simple étape de la vie. C'est beau même presque touchant, notamment dans cette fin de film hypnotique voire même psychédélique, avec cette bande son vrombissante.

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Mais cette mélancolie un peu fabriquée s'estompe très rapidement car malgré la finesse et la légèreté de la mise en scène de Ferrara, ce dernier ne sait pas trop faire dire à ces deux personnages. Pire, le film s'embourbe dans une sorte de gloubiboulga sur la différenciation entre la modernité de nos technologies et la nature, tout en assénant une sorte de discours écologique et financier pas des plus intéressant voire, même assez bas du front. A coté de ça, une petite bagarre entre couple vient nous débarrasser de l'ennui mais c'est trop juste pour capter notre intention. Le film reste trop terre à terre et n'arrive jamais à s’abandonner à soi même et à nourrir ses deux personnages, quelque peu désincarnés. A force d'avoir la volonté de retirer de son film toute forme de tension, Ferrara s'enfonce dans une solennité lourdingue, trop sage et trop confortable pour faire ressentir un quelconque sentiment d'abandon de soi. 4h44 Dernier jour sur terre est un exercice de style intéressant par ses quelques moments de contemplations mais reste un film vain et boursouflé malgré sa douceur parfois enivrante.
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Monde parfait (Un) - 7,75/10

Messagepar Velvet » Mer 13 Nov 2013, 19:57

Un monde parfait de Clint Eastwood (1993) - 7,75/10 (BOM Challenge)
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Avec talent et simplicité, Clint Eastwood met en oeuvre un road movie attachant, qui effleure de près la difficulté à se construire dans un monde semé d’embûches. Un prisonnier s'échappe de prison avec un autre détenu, et va malheureusement devoir prendre un enfant en otage pour s'enfuir. S'ensuit alors une cavale dans les grandes et belles plaines américaines où les deux compères vont petit à petit s'allier pour continuer leur petit bout de chemin. Un monde parfait, triste constat des conséquences néfastes des choix que l'on peut effectuer au gré des autres par simple délit de faciès et monde dans lequel on ne choisit pas sa famille, est un peu le symbole de tout l'humanisme que peut porter Eastwood à ses personnages avec une grande finesse dans l'écriture d'un film qui malgré son coté larmoyant un poil appuyé, n'est jamais manichéen. Séparé en deux parties distinctes, entre cette cavale qui s'apparente à un récit initiatique sur la relation père/fils et une poursuite policière pas des plus subtiles, Un monde parfait se concentre surtout sur la rencontre naissante entre ce détenu et cet enfant un peu candide et témoin de Jéhovah. Butch Haynes, joué par le charismatique Kevin Costner, traverse ces grandes routes entre une tendresse pour cet enfant pour lequel il joue au père de substitution et une personnalité plus sombre due à une enfance qui semble difficile.

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Le film de Clint Eastwood, simple aux premiers abords, voire même simpliste par sa fâcheuse tendance à être un peu trop prévisible et linéaire, mélange parfaitement les genres entre moments cocasses (Halloween ou la barman) et moments plus intimistes qui confrontent les deux protagonistes face à leur mélancolie où l'un et l'autre vont se confier. Cette légèreté est transfigurée par la mise en scène toute en sobriété de son réalisateur qui sait utilement illustrer les émotions à fleur de peau de son long métrage. Bizarrement, Un monde parfait nous entraîne aussi au coté du Shériff Garnett et la criminologue Sally Gerber partis à la recherche du fugitif. Eastwood s'évertue à montrer la bêtise de la justice américaine, gangrenée par les récupérations politiques et la corruption, ce qui a le désavantage de nous détacher de la poésie ambiante de ce road movie mais qui nous permet de mieux comprendre le destin tragique de Butch. Cette histoire sur la deuxième chance de cet homme par le prisme du regard de ce jeune enfant n'est qu'un écran de fumée et son passé remontra à la surface pour le condamner à sa perte. Avec ce film nous présentant des personnages fracturés par le destin et englués par les choix de leurs familles, Clint Eastwood signe une oeuvre bucolique et mélancolique mais parfois un petit peu trop gentillette pour vraiment émouvoir.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Jack Spret » Mer 13 Nov 2013, 20:13

Ilona Mitrecey approuve ! :super:


"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ?
- Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Alegas » Mer 13 Nov 2013, 20:27

:eheh:
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Val » Mer 13 Nov 2013, 23:40

La honte, c'est de comprendre la référence. :eheh:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Creeps » Jeu 14 Nov 2013, 00:27

J'ai honte :eheh:
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Printemps, été, automne, hiver... et printemps - 7/10

Messagepar Velvet » Jeu 14 Nov 2013, 17:15

Printemps, été, automne, hiver... et printemps de Kim Ki Duk (2004) - 7/10
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Un maître zen, vivant dans une pagode bouddhiste entourée d'un lac et d'un environnement naturel foisonnant, regarde avec distance et avec affection l’évolution de la vie de son jeune disciple et la répercussion de la vie extérieure sur ce jeune protégé. Au lieu d’être un simple récit initiatique sur le respect du monde dans lequel on vit, le film de Kim Ki Duk filme avec plus ou moins de légèreté le poids de la vie et les étapes vécues pour s'approcher d'une quête spirituelle. Le film met donc en scène la vie de ce jeune moine durant plusieurs saisons, elles mêmes séparées de plusieurs années. De façon presque picturale, le réalisateur nous emmène dans ce monde cotonneux où le silence règne, où les oiseaux chantent, où les deux hommes s'inspirent d'une terre de recueillement et d'apaisement pour apprendre sur soi et s'adonner à une discipline de vie. Visuellement Printemps, été, automne, hiver... et printemps est un film paisible, presque reposant, à l'image du chapitre Eté où l'on est conquis par cet amour naissant fabriqué d'une mièvrerie tendre. Ce jeune disciple va alors à chaque saison apprendre quelque chose sur lui même et sur le monde qui l'entoure, en payant à chaque fois, psychologiquement ou physiquement, les conséquences de ses choix.

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Les saisons, se regardant presque comme des saynètes, sont instructives et touchantes mais trop courtes pour aller aller dans le fond des choses et pour qu'on puisse s'attacher au destin des uns et des autres. Alors que certains pourront être émerveillés par tant de splendeur naturaliste, d'autres pourront rester hermétiques face à l'oeuvre du coréen. Parfois égaré par le symbolisme bouddhiste, le film s'avère un peu simpliste sur sa confrontation de la vie civilisée avec cette vie recluse face à des notions de convoitise et de violence. Ce Printemps, été, automne, hiver... et printemps, malheureusement trouve ses limites dans les intentions de son réalisateur. Printemps, été, automne, hiver... et printemps est un beau film, qui peut s'admirer telle une peinture, mais au lieu de faire de son film un voyage sensoriel et expérimental comme peut le faire un Weerasethakul, Kim Ki Duk se prend un peu les pieds dans le tapis à cause d'un ésotérisme un brin trafiqué ayant l’inconvénient d'alourdir un film léger comme l'air.
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Impasse (L') - 9,5/10

Messagepar Velvet » Sam 16 Nov 2013, 14:47

L'impasse de Brian De Palma (1994) - 9,5/10
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Chevelure parfaitement coiffée, barbe de 3 jours rasée de près, Carlito Brigante est un homme neuf lors de sa sortie de prison et veut le faire savoir. Ancien gros trafiquant de drogue, il veut faire table rase de son passé pour tout reprendre tout à zéro. Avec un age certain, il est un peu trop vieux pour ses conneries, il se rend compte que les affaires ne l'intéressent plus et la jeunesse n'a plus la moralité que pouvait avoir un ancien mafieux comme lui. L'impasse voit le tragique destin de cet homme, qui malgré ses efforts pour rallier le bon chemin, se verra prendre à défaut par sa propre ligne de conduite dans un monde qui raisonne sans règles et sans contours. Scénario écrit par David Koepp, L'impasse mise plus sur l'efficacité que la complexité. C'est donc dans cette optique, qu'on voit s'aligner des personnages bien écrits mais présentant peu de surprise, à l'image de l'avocat Kleinfeld avec les yeux plus gros que le ventre allant inévitablement droit dans le mur et la gentille danseuse bas de gamme Gail qui représente le nouveau départ amorcé par Carlito. Mais en grattant la surface du long métrage de Brian de Palma, on se rend vite compte de la richesse de cette tragédie teintée d'une certaine nostalgie. Oublié le Tony Montana à la folie frénétique presque grandiloquente, De Palma laisse place à l'introspection d'un homme usé presque brisé par la vie.

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Derrière son sujet sur le grand banditisme, L'impasse n'est pas un film de gangster comme les autres, et préfère se concentrer de façon lente et presque contemplative sur le vieillissement d'un homme et cette amertume qui anime Carlito Brigante face à une société qui change et qui anoblit des codes qui ne sont pas le siens. L'impasse est porté par deux hommes qui élèvent leur talent à des sommets presque inatteignables. Premièrement Al Pacino est incroyable de charisme, entre malice du vieux gangsters à qui on ne fait pas la grimace (la première scène d'embuscade et du billard) et homme à fleur de peau constitué de cicatrices sur sa vie et sa jeunesse qui ne se refermeront jamais et qui font l'homme qui l'est. Puis Brian de Palma, le réalisateur, exalte son film avec une reconstitution d'époque raffinée et des décors tous plus époustouflants les uns que les autres. Sa réalisation parfois kitch et cheap se fait plus sobre mais pas moins sublime notamment grâce à des mouvements de caméras géniaux (le début du film) ou la présence de couleurs criardes qui électrisent ces grandes soirées de Night Club. L'impasse est le mélancolique testament d'un homme, qui entre bien et mal, entre rédemption et code d'honneur, reste inévitablement enfermé au milieu d'une spirale irréparable.
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Blow up - 9/10

Messagepar Velvet » Dim 17 Nov 2013, 13:12

Blow Up de Michelangelo Antonioni (1967) - 9/10
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Derrière l'image que l'on peut observer avec attention ou distance, il y a cette part d'imagination qui peut faire naître en nous un soupçon de mystère donnant un sens particulier à ce cliché pouvant dissimuler des faux semblants. D'ailleurs, c'est comme cela que nous apparaît pour la première fois, le photographe, sortant presque camouflé dans un immeuble pour sans abris. Blow up, est un peu à l'image de son personnage principal Thomas, photographe tyrannique et voyeuriste semblant vouloir tout contrôler dans les photos qu'il réalise. Mais la photographie n'est pas une preuve en soi, il faut voir plus loin que cela. Blow up , c'est surtout un film raffiné qui joue sur les faux semblants, avec cette idée principale de ne pas se fier aux apparences. Les choses que l'on voit ou que l'on peut percevoir parviennent notamment de notre propre esprit , de notre propre imagination, débordante ou non. La séquence centrale du film, avec ce couple presque anodin dans ce parc, va presque faire prendre au film des tournures fantasmatiques. D'ailleurs, la découverte du meurtre existant ou non, est captivant à suivre de part l'excellente reconstitution visuelle des différents polaroids. On se mettrait presque à la place du photographe.

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Mettant de coté, toutes les idées abstraites sur cette distanciation entre le virtuel et le réel, Blow up est surtout un film terriblement classieux avec cette âme londonienne pulsionnelle et sexuelle mettant en scène des femmes toutes plus belles les unes que les autres. Antonioni aime nous perdre dans ces petites ruelles, dans ces longues routes (toutes les scènes en voiture sont d'une minutie assez incroyable), dans ces grands appartements bourgeois imbibés d'alcool ou de drogue, choses qui comme d'autres peuvent changer notre regard sur l'appréciation réelle ou non des choses. Blow up, n'est pas à proprement parler un film qui suit une ligne narratrice bien précise, notamment avec son rythme lent, mais reste un long métrage en totale corrélation avec son sujet, c'est à dire de n’être qu'un assemblage intelligent d'instantanées captant des bouts de vie dans cette société artistique londonnienne. A l'image de la dernière scène avec le match de tennis, il est bien visible que pour apprécier les choses, il faut dépasser cette barrière réelle pour finalement entendre des sons, qui, aux premiers abords, semblent indicibles.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar Kakemono » Dim 17 Nov 2013, 23:00

Belle critique et analyse de Blow Up qui me donne bien envie de revoir ce film qui m'avait fasciné il y'a quelques années... :super:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2013

Messagepar angel.heart » Dim 17 Nov 2013, 23:09

J'aime bien le film mais je préfère clairement les relectures d'Argento et De Palma.
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