Miller's Crossing Coen Bro - 1990
"What heart?" Film qui doit beaucoup à son personnage principal, rarement on aura eu un "héros" aussi ambigu car on ne cernera jamais ses réels motivations ? pourquoi fait il tout ça ? une poignée de dollars pour une dette ? il trahira tout le monde et personne à la fois, il sera à l'origine de quasiment toute les morts du film et se montre complétement sans pitié, alors que les 2 chefs de clan essaye de diriger la ville c'est lui qui joue la partition à la perfection, mais en général ce genre de jeu à un but, prise de pouvoir, vengeance ou rédemption, ici rien de tout ça et comprendre Byrne se révèle un sacré casse tête ( même si on voit souvent par moment qu'il a une réel affection pour certains perso, c'est rapidement oublié par les actes qu'il fait ensuite ) et quand le film se termine on est pas plus avancé, on ne sait pas pourquoi il a fait tout ça.
On est donc devant un pur gangster movie et comme il feront plus tard pour le western avec True Grit, les Coen y ajoute leur petite touche à base de gunfight surréaliste et d'humour absurde.
Miller's Crossing c'est une histoire retors où le fil conducteur sera l'exécution ou non de John Turturro, et c'est sur ça que le film est le plus ambigu car on arrive jamais à déterminer si Byrne épargne Turturro par cas de conscience ou si tout est calculé à l'avance.
En fait j'ai un drôle de sentiment sur ce film, pendant toute la vision je trouve ça sympa, jamais j'y vois un chef d'oeuvre ( y me manque un truc pour être impliquer dans cette histoire, je suis un peu de l'extérieur ) et puis les 10 dernières minutes élèvent considérablement le film, enfin c'est pas que ça élève c'est qu'on se rend compte de toute la complexité du personnage de Byrne, alors que pendant le film on se dit que si il fait tout ça y a forcément un but.
Force de reconnaitre que le film est quand même sacrément bien écrit car l'intrigue bien que retors ( plein de persos et de nom à retenir très rapidement ) reste parfaitement compréhensible ( c'est très bavard via 2 mafieux qui n'en finissent plus de parler ) et tout se met en place à merveille ( en fait pour simplifier l'intrigue c'est une variation de Yojimbo ), la mécanique est bien huilé ( seule l'histoire d'amour enraillant un peu tout ça, elle est nécessaire à l'avancé de l'intrigue mais elle est géré un peu bizarrement avec un perso qui disparait pendant plus d'une heure notamment ).
La réal y a pas grand chose à dire, c'est du Coen, c'est donc sans fioriture, les mouvements de caméra virtuose ne sont jamais gratuit, tout le gimmick du chapeau ( héritage Melville ?) est superbement bien mise en scène, les séquences d'actions ne tombent pas dans le cartoon mais sont over the top et jouissive et puis y a une certaine lenteur qui se dégage et qui est très appréciable, les plans durent souvent ( les scènes dans la foret sont vraiment beau ) et les 2 dernières minutes alors que concrètement c'est pas forcément puissant émotionnellement bien les Coen arrive à donner pleins de puissance à cette scène avec un juste un plan sur Byrne seul réajustant son chapeau.
Gabriel Byrne c'est l'homme de main mystérieux et mélancolique, un truand, un vrai, toujours sur le qui vive et qui malgré son assurance sans prendra quand même plein la gueule ( c'est fou le nombre de droite qu'il se bouffe, presque autant que Willis dans le Dernier Samaritain ), mais il ne perd jamais pied mais il sera quand même rendu réellement vulnérable lors de la scène où il croit qu'il va vraiment y passer, Marcia Gay Harden ici c'est comme Hilary Swank dans le Dalhia noire, une erreur de casting, de plus le triangle amoureux est clairement le point faible du film et ce qu'il fait qu'il ne peut pas postuler au titre de meilleur Coen.
Jon Polito en parrain qui vante les mérites de la famille est excellent mais bon celui qui tire son épingle du jeu c'est Albert Finney, alors au début il est un peu vu comme le boss amoureux d'une nana et qui ne serait rien sans ses gardes du corps mais c'est impression est évacué lors d'une monumentale scène où il va jouer de la thompson comme personne et puis on a J.E. Freeman en homme de main bien badass, alors lui toute ses scènes elles valent le détour, il en impose tellement que c'est jubilatoire à chaque fois. John Turturo est génial de pathétisme et on se rend compte que ce perso sans envergure du début s'avérera être l'ennemi le plus redoutable pour Byrne.
La partition toute en douceur de Carter Burwell est un régal.
Si dans les films noirs de Coen je garde une préférence pour Blood Simple, on est clairement ici devant un sacré bon film qui se classe facilement parmi les meilleurs du genre.
8,75/10