Rabbi Jacob, Gérard Oury (1973)
Rabbi Jacob, une comédie populaire typiquement française de mon enfance, que j'apprécie avant tout pour ses scènes cultes, et son humour qui s'attaque quand même à un thème-tabou difficile, à savoir le racisme. Louis de Funès en fait des caisses, tout en grimaces, mais c'est ça qui est bon, de le voir dans la peau de ce raciste d'une méchanceté jouissive et avant-gardiste pour l'époque, ne serait-ce qu'en faisant passer le français pour des bas du front (Pivert met les deux pieds dans le plat avec ses remarques racistes, mais faites avec une subtilité d'un autre âge, et plus tard grimé en Rabbi, il s'embourbe avec les clichés/malentendus avec les juifs en faisant par exemple le signe de croix ou en forçant l'accent yiddish), tandis que les minorités ont le beau rôle (mais sans oublier de forcer le trait de la caricature sinon ce ne serait pas drôle). En filigrane, une désacralisation des cultures a lieu, qui a d'ailleurs prêté le flanc aux critiques de la part de certaines communautés religieuses, ce qui permet de se faire une petite idée de la modernité de ce film.
L'humour de ce film, outre une férocité bon-enfant via le personnage Pivert et le fait de voir Funès en roue libre en Rabbi Jacob, brille surtout dans des situations et dialogues/calembours cultes (
c'est Farrès c'est effarant), osant des scènes WTF (l'usine à chewing-gum, je ne sais pas où ils sont allés chercher cette idée crétine mais c'est du pur burlesque) et jouissives (la chorégraphie de la danse juive est juste énormissime). Bon je préfère des Funès un peu moins connus (car bon des défauts il y en a, comme la réalisation pas folichonne même pour le genre ou le rythme un peu en dents de scie), tels que
Oscar et
Le grand restaurant. Mais ça reste une comédie satirique et franchouillarde toujours bonne à revoir, et que ça fait du bien de rire sans distinction et ménagement des français, des arabes, des juifs, et des noirs, sans aucun complexe (certes pondérée par des situations d'entre-aide qui transcende les conflits, mais de manière qui force le respect et sans perdre son mordant pour autant). Peut-être le remède-miracle contre le racisme en fait, et contre la morosité pour la même occasion, car c'est libérateur de taper contre ce qui fait malaise.
Un Louis de Funès en roue libre et archi culte dans les dialogues & situations, bien que j'ai à redire sur la forme (acceptable pour le genre) et le rythme (un peu plus grave).