Jiang Hu - Ronny Yu ( 1993 )
Juin 2009 : Le soleil haut perché brille fort, baladant ses rayons à travers les branches d'arbres en fleur sur lesquels de petits zozios nous chantent en coeur que la vie est belle. Journée idéale pour une petite ballade, je décide plutôt de fermer les volets de l'appart et me programme une triple séance HK :
Shaolin contre Ninja,
Histoires de fantômes chinois et donc ce
Jiang Hu ( 3 films que j'avais acheté la veille, suite à ma découverte deux jours plus tôt d'un Jackie un peu bancal mais dont l'atmosphère fantaisiste m'aura donné soif de bridé :
Le vengeur ). Quelques heures plus tard ma vie de cinéphile s'en trouvera changé à jamais, si j'étais déjà amateur du cinoche nous venant de Hong Kong, là, le doute ne sera plus permis : aucun cinéma au monde ne peut prétendre rivaliser avec son extraordinaire grâce.
Vous l'aurez donc peut-être compris, vu l'énorme valeur sentimentale qu'a pour moi le film de Ronny Yu, l'avis qui va suivre ne donnera pas dans l'objectivité mais laissera parler le coeur.
D'une beauté visuelle renversante, aussi bien pour ses décors et costumes que pour ses choix de cadrages et sa magnifiques photo, le film envoûte dès ses toutes premières minutes avec une scène pré-générique ( chronologiquement, la dernière du métrage, laquelle nous donne donc une idée du dénouement du récit... ) où dans une atmosphère nocturne ( qui ne quittera jamais le métrage ) et enneigée, Leslie Cheung, perché en haut de sa montagne, attend l'éclosion d'une fleur sacrée, laquelle possède le pouvoir de délivrer sa bien aimé ( la sublime, imposante et débordante de grâce : Brigitte Lin ) de la malédiction qui la ronge. Après que notre "héros" ait éliminé des soldats convoitant la fleur dans le but de sauver leur maître malade, il lâche une réplique sublime, laquelle amène le titre du film à l'écran ( traduis "les insoumis" en français ) soutenu par une magnifique musique, de celles qui vous prennent aux tripes. Là, à peine 5 minutes de film sont passées et déjà la puissance émotionnelle de la chose fait l'effet d'un bon gros uppercut en plein dans la gueule de l'auteur de ces modestes lignes.
Ce qui va nous être conté par la suite est en fait l'histoire d'amour tragique et impossible entre deux êtres que tout oppose, une sorte de
Roméo et Juliette à la sauce Néo-Wu Xia crépusculaire, ayant comme toile de fond la chute d'un monde, un empire sur le déclin, où le personnage de Leslie Cheung, fort, loyal, courageux mais indécis du fait qu'il soit déchiré entre sa loyauté envers son clan et l'amour qu'il porte au personnage de Brigin Lin, devra faire face à de cruels dilemmes aux conséquence désastreuses. L'amour étant ici fou est destructeur...
Enchaînant les ruptures de tons que seul le cinoche HK peut se permettre, passant d'atmosphères oppressantes à des passages beaucoup plus légers, alternant dans un premier temps entre le drôle, le cruel, le tragique, l'épique et le romantique, pour à mi-métrage choisir une voie plus sombre et ne plus la quitter, le film est très vif dans le déroulement de son intrigue. Je conçois d'ailleurs parfaitement que la frénésie de sa narration puisse perdre certains spectateurs, d'autant plus que ses scènes d'action peuvent s'avérer déroutante, à base de ralentis très space ( ralentis/accélérés?.. ) où une Brigitte Lin hystérique semble par moments tout droit sortie d'un
Evil dead. Un traitement auquel j'adhère ( même si je dois l'avouer, il m'aura fallu un petit temps d'adaptation à ma première vision... ) du fait que je trouve qu'il apporte urgence et fureur aux situations, sans être pour autant envahissant vis à vis des passages plus intimistes se concentrant sur la romance tourmentée de ses deux personnages principaux, laquelle offre des scènes encore une fois d'une grâce phénoménale en plus d'être par instants étonnement torrides.
Un film donc très cash dans sa violence, laquelle n'épargnera ni femme ni enfant, à base de décapitations et autres corps explosés sous la force du fouet d'une Brigitte Lin plus sauvage que jamais, souvent très sombre ( voir parfois-même à la limite de l'apocalyptique ), avec notamment un mémorable bad guy siamois interprété par Francis Ng et Elaine Lui, dégageant une imposante aura malsaine, mais également d'une beauté tout simplement bouleversante.
Je n'emploierai pas le mot "chef-d'oeuvre", car j'ai bien conscience que mon avis est totalement subjectif, mais c'est en ce qui me concerne un énorme coup de coeur, au même titre que les
Histoires de fantômes chinois,
Swordsman : La légende d'un guerrier,
Green Snake et autres
Cendres du temps... Du cinoche qui me rend lopette...
10/10
PS : Si cet avis semble inachevé c'est normal. Je voulais faire une critique complète m'en fait ça me casse trop les couilles.
Les pavés c'est vraiment pas pour moi...