Un Singe en Hiver d'Henri Verneuil - 1962
Parti pour regarder le blu des
Tribulations d'un Chinois en Chine, impossible finalement de décrocher de la énième diffusion de ce chef d’œuvre.
Pourtant le pitch et les péripéties n'ont rien de bien emballant : des alcoolos dans un village pluvieux de Normandie, avec un climax en forme de feu d'artifice, difficile de faire moins sexy.
Mais le propos est bien plus fin et profond qu'on ne pourrait l'espérer avec une telle équipe. Même si on sourit souvent et rit parfois, c'est tout autant un drame qu'une comédie qui nous est conté. Au point que ça pourrait rentrer sans problème dans la catégorie
feel-good movies.
Parce que ce n'est pas d'alcool triste dont il est question, ni de diabolisation, mais d'alcool gai, qui fait voyager et rend imprévisible. Et là, il fallait bien Audiard pour relever le niveau moyen des dialogues de soulards! Ils sont comme d'habitude aux petits oignons, avec de beaux moments de bravoure (les esquimaux, la gentille emmerdeuse...). Et surtout il fallait une sacrée brochette d'acteurs pour les déclamer.
De ce côté, Gabin sort le grand numéro pour un rôle taillé pour lui. Mais mon point de vue est biaisé, dans ce film les similitudes avec mon père sont tellement criantes que je ne peux avoir aucune once d'objectivité. Belmondo, en revanche, a un rôle plus casse-gueule, qui méritait peut être un peu plus de retenue, et son style flamboyant de l'époque fait un chouia too much dans certaines scènes. Mais le reste du cast assure tellement... Suzanne Flon en bourgeoise coincée et castratrice, Roquevert en Landru disjoncté, tous les affreux... Ca colle au poil.
Tout ça donne vie à de vrais moments de complicité, tendres, tragiques, comiques, nostalgiques, comme on en voit rarement.
8,5/10