[Dunandan] Mes critiques en 2013

Modérateur: Dunandan

Poltergeist - 7,5/10

Messagepar Dunandan » Sam 02 Nov 2013, 07:51

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Poltergeist, Tobe Hooper (1982)

Film fondateur du genre du film de maison hantée/chasseur de fantômes, Poltergeist divertit davantage qu'il n'effraie, en dépit de la présence de Tobe Hooper, auteur du poisseux Massacre à la trançonneuse. Certainement que le producteur Steven Spielberg n'y est pas pour rien, tant ce film respire les thèmatiques et la tonalité du bonhomme avec la cellule familiale résidant dans une paisible banlieue, qui aborde d'abord avec calme et amusement les phénomènes paranormaux apparaissant dans leur maison, lesquels vont ensuite parasiter l'équilibre essentiel de leur foyer.

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La paternité du producteur s'étend jusqu'à l'utilisation du plan-séquence, qui fait visiter chaque recoin de la maison et fait ressortir avec délice toutes les potentielles peurs infantiles (Insidious retiendra la leçon), en renvoyant à l'imaginaire et en jouant avec les lumières ou angles inquiétants (le vilain clown dans le noir ou le vieil arbre racorni éclairé par l'orage sont des classiques du genre), préparant ainsi à accepter le fantastique au fond basé sur notre inconscient collectif. C'est d'ailleurs la qualité de la mise en scène qui permet d'accueillir avec assez d'aisance des effets qui, faut le dire, ont légèrement vieilli avec le temps (les apparitions fantomatiques et le passage vers l'au-delà en tête), mais possèdent encore un charme certain, artisanal.

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A l'instar du premier Gremlins, le rythme est bien géré, notamment grâce à une légèreté salvatrice, et une diversité de ton et de situation "fun" et jouissive, où l'esprit bon-enfant disparaît quasiment au profit d'une horreur à peine contenue (les séquences de cauchemar avec la face pourrissante, pour le coup plus proches du cinéma de Hooper). La tension monte bien (surtout avec l'arrivée des chasseurs de fantômes et la disparition de la petite), avec un double climax de toute beauté qui envoie la sauce en apparitions fantomatiques de tous genres. Dommage par contre pour les petits ratés d'interprétation (les réactions de peur pas toujours crédibles), mais je tiens à souligner l'interprétation de la jeune Heather O'Rourke qui joue avec beaucoup de naturel, et aide à entrer dans l'ambiance par son regard d'enfant.

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En fin de compte, en dépit de quelques éléments faits de bric et de broc qui ont légèrement vieilli, il s'agit là d'un beau classique qui ne se contente pas d'être une base fondatrice à connaître si on apprécie le genre, mais enterre une bonne partie de la production actuelle en termes de richesse (télékinésie, apparitions, nature qui se rebelle), de générosité en termes d'effets, et finalement de divertissement fantastique, que presque toute la famille peut regarder sans trop de soucis (ce n'est pas plus horrible qu'un Gremlins ou un Evil Dead 3).
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Village (Le) - 9,5/10

Messagepar Dunandan » Sam 02 Nov 2013, 23:53

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Le village, M. Night Shyamalan (2004)

On peut dire tout ce qu'on veut sur Shyamalan, mais il faut reconnaître qu'il était l'un des auteurs les plus doués de sa génération jusqu'à son quatrième film, Le village, d'après moi son oeuvre la plus aboutie et la plus touchante. Avec Deakins à la photo et Howard à la musique (l'une de ses plus belles réussites), le réalisateur parvient à poser avec délicatesse un voile à la fois romantique et angoissé sur cette petite communauté, isolée du monde et marquée par la crainte insidieuse de pénétrer ces bois peuplés d'étranges créatures qui leur en interdisent l'accès (symbolisant l'autre, l'insécurité, et la violence). Mais ce film est surtout une petite merveille de construction narrative en entrelaçant, à travers son personnage aveugle et son courageux protecteur (qui miroitent, avec le déficient, le bien-fondé du comportement de tous les autres qui obéissent sans recul aux "règles"), une magnifique réflexion tout en images, silences, et sous-entendus, sur la peur (de se toucher, du changement, de l'inconnu) d'une part, et l'amour d'autre part qui transcende toute crainte, frontière, et loi établie.

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C'est vraiment un film qui mûrit à chaque vision, et j'ai été particulièrement touché par la relation amoureuse entre Lucius Hunt et Ivy Walker (leurs interprètes y sont pour beaucoup) qui voient le monde autrement, l'un par le courage de faire selon son coeur et sa raison, et l'autre par son fabuleux regard aveugle qui pénètre les apparences. Deux personnages candides qui, par leurs qualités, représentent l'avenir de cette communauté qui ne peut se passer d'eux car le passé et la vérité rattrapent, lentement mais sûrement, les fondements même de son existence, un secret bien gardé teinté de culpabilité et de mensonge. Plus que jamais, Shyamalan parvient à maintenir le mystère jusqu'au bout avec un usage maîtrisé du cadre et du hors-champ tout en manipulant notre attention, et en mettant en place un canevas fantastique qui une fois de plus, n'est qu'un prétexte pour traiter des questions enfouies en chaque être humain : oui, la violence fait partie de nous, même en stigmatisant le mal avec les créatures et en se focalisant sur les belles choses, et si la "foi" justifie le respect superstitieux des règles de la communauté (d'éviter la couleur rouge et de ne pas aller dans les bois), elle permet aussi le dépassement de ses interdits.

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Pour aller plus loin, Le village peut aussi être compris comme une relecture des évènements du 11/09, symbolisant ainsi la relation des Etats-Unis avec le reste du monde dont ils fuient la violence comme la peste. Mais Shyamalan est assez doué pour atteindre un degré d'abstraction tel que l'histoire de cette communauté "idéale" (tout en empruntant des traits visuels familiers aux communautés utopiques de la Renaissance qui en renforcent la crédibilité), et le désir des "anciens" de préserver l'innocence de ses membres en toute occasion, peuvent nous parler de façon universelle en délivrant multiples niveaux de signification. Et la révélation finale est loin d'en réduire la portée, bien au contraire (avec le temps, on sait que le style de ce réalisateur ne se réduit pas seulement à un twist d'attrape-nigauds).

Un chef-d'oeuvre bouleversant qui vient me chercher très loin. A la fois une magnifique allégorie sur la communauté, son fondement, et ses peurs, ainsi qu'une incroyable histoire d'amour plus forte que tout.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Hulkiss » Dim 03 Nov 2013, 00:25

Je ne comprends pas tes arguments quant à l'initiation que suivent les personnages, ils sont reclus au fond d'une forêt pour fuir les violences du mondes réels et échapper à un système dont nous sommes les esclaves, la foi n'étant qu'un vecteur pour se donner bonne conscience (vecteur contre lequel ils vont se retourner, sur le principe, d'ailleurs vers la fin!), donc pas d'initiation mais fuite et évolution pour les enfants dans un monde faussé. Et l'image que représente ce village isolé de tout représente une allégorie de quoi selon toi? Au delà de ça, j'avais adoré ce film également pour une mise en scène à la MNS comme il sait si bien le faire bien qu'il est un peu perdu de son prestige sur ses derniers films...
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Dim 03 Nov 2013, 00:35

L'initiation par la force des choses, dans la seconde partie (car une initiation implique toujours une mise à l'épreuve, ici amour vs l'extérieur). Je vais corriger ça, car c'est plus "épreuve initiatique").

Pour moi la foi c'est quelque chose de plus large, c'est vraiment la raison de nos actes (pour les uns comme tu dis, pour se donner bonne conscience, mais les autres pour se donner la force de faire ce qu'il faut).

L'aspect allégorique, je le perçois dans ce que chaque communauté recèle, coupée ou non du monde.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Hulkiss » Dim 03 Nov 2013, 00:48

Donc, ta perception des communautés en générale et de celle ci en particulier serait une image tel un message "caché" ou représentatif de quelque chose si je te suis, mais à ce moment là, quel en est l'hyperbole ou la représentation? ; pour ma part, je ne le voyais pas ainsi d'autant que les personnages ne traversent pas d'épreuves si ce n'est un volontarisme d'isolement, une création fantome pour parvenir à le conserver, en plus bref je ne vois pas de renaissance...mais de toutes les manières ça reste une vision qui se défend bien aussi... vraiment bon ce MNS...
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Dim 03 Nov 2013, 00:51

Je parlais seulement du dernier acte. Une initiation est toujours une mise à l'épreuve non ? Mais le plus beau c'est qu'elle est aveugle donc ce combat est intérieur avant tout :mrgreen:.

Edit : bon j'ai préféré virer cet élément d'initiation, c'est un peu confus.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Hulkiss » Dim 03 Nov 2013, 00:53

je ne me souvenais plus de ce détail.........superbe :super: .......faut vraiment que je le revois .........pour y mettre mon 10 :mrgreen:
Et l'initiation est toujours en vue d'une renaissance symbolique également.... :mrgreen:
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Hobo with a shotgun - 8,5/10

Messagepar Dunandan » Lun 04 Nov 2013, 02:24

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Hobo with the shotgun, Jason Eisener (2011)

Bordel de nouilles, mais c'est quoi ce film de psychopathes ! Bon j'avoue avoir eu un peu peur au début de ce parti-pris esthétique avec ces couleurs criardes, le sur-jeu des acteurs, et cette hyper-violence à la façon Troma. Mais c'est clair que tout ça est à prendre comme un bon comic-books à l'énergie débordante et sous acide, où l'on retrouve l'empreinte du film de genre '80, le western de Leone ou encore le cinéma fantastique de Carpenter (et bien d'autres références bisseuses que je n'ai pu reconnaître mais tout aussi kiffantes, comme probablement Street Trash dont je reconnais le "mauvais goût qui arrache" culte).

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Alors certes la dénonciation sociale est abordé de façon très légère, mais franchement pas besoin de plus de blabla, les images et situations trash (du père-Noël pédophile au parrain de la mafia qui adore décapiter les gens de façon fort originale, en passant par l'amateur de snuff-movie qui fait payer ses victimes), suffisent à faire un petit topo sur cette ville décadente (appuyées par des filtres de couleur fluo qui servent en fait très bien le propos). En outre, les petites séquences intimistes avec Hobo, la prostituée, et la tondeuse à gazon (son rêve qu'il échange par un shotgun), fonctionnent du tonnerre, le tout avec un gros second degré jubilatoire. Il n'en fallait pas plus pour créer une attente avec le sans-abri Hobo (interprété par le dément Rutger Hauer qui a une sacrée classe avec son fusil à pompe), tout décidé à dessouder du sale jeune immoral, meurtrier ou junkie, et nettoyer ainsi cette ville-poubelle de ses véritables détritus, à renfort de séquences tout aussi furieuses, inventives, et délirantes.

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C'est donc un sacré morceau de Vigilante Movie qui ose des séquences bien tendancieuses (le bus scolaire ou encore l'hôpital), avec un final dantesque qui ne déçoit pas avec ces deux mecs mystérieux en armure et la prostituée qui s'y met aussi en bricolant son armement. Je suis le premier étonné à avoir apprécié ce type de bobine, mais pour peu qu'on aime le cinéma de genre un brin expérimental qui n'a pas peur de tenter des choses crasseuses et irrévérencieuses (encore une fois qui prête plus à sourire qu'à dégoûter, on est plus proche du gore de Braindead que celui de Martyrs, avec un soupçon de Tueurs nés pour le côté hystéro), c'est du premier choix. En plus la musique électro qui fait penser à des groupes comme Goblin est juste géniale et fout bien l'ambiance.

Back to eighties, Hobo est un film pour sales gosses qui veulent s'en prendre une bien bonne devant une bobine qui malmène tous les standards esthétiques et éthiques, avec en arrière-plan une critique sociale au goût pas dégueu. Absolument jouissif.
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Comment tuer son Boss - 5,5/10

Messagepar Dunandan » Lun 04 Nov 2013, 08:17

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Comment tuer son boss ?, Seth Gordon (2011)

Je m'attendais à mieux avec un tel casting 5 étoiles et son pitch, mais ça reste gentillet dans l'ensemble avec un humour en dessous de la ceinture peu original, dans l'ère du temps, mais qui nous fait lâcher quelques sourires. La partie la plus réussie, c'est l'enthousiasme communicatif des acteurs, surtout ceux qui interprètent les boss, avec une introduction assez efficace dans le genre (J. Aniston en nymphomane qui montre la naissance de ses miches, K. Spacey en tyran manipulateur, et C. Farrell en fils à papa et gros con raciste).

Mais bon l'intrigue s'enfonce ensuite un peu trop dans le pathétique avec les employés parfois irritants (le dentiste a une voix super aigüe et devient vite énervant même si son personnage hystérique fonctionne assez bien) qui s'embourbent dans les gaffes en allant glaner des infos chez leurs boss, avec des situations vues et revues (sauf la scène du parking, bien que courte, qui est bien "fun" et montre à quel point ce sont des "quiches"). Je m'attendais surtout à quelque chose de plus corrosif et subversif (car on parle quand même de patrons tellement horribles qu'on voudrait les flinguer), mais passées les quinze premières minutes et un langage assez vulgaire (sympa par contre le caméo avec Jamie Fox aka "Mother Fucker"), ça devient assez répétitif, et pire encore, ça titille les limites sans jamais les dépasser.

Bon ce n'est pas la comédie du siècle, mais ça vaut le coup d'oeil pour le casting, l'intrigue de fond (malheureusement pas exploitée jusqu'au bout), et les situations et répliques qui font parfois mouche.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar zack_ » Lun 04 Nov 2013, 09:39

J'avais pas vu ta critique sur Hobo
Une belle pépite ce film, une œuvre qui tache et qui donne envie d'être encore plus connue :super:
zack_
 

Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Heatmann » Lun 04 Nov 2013, 09:40

Aaaaah hobo , je me souvient encore ma tronche quand j'avais mit le film pour le decouvrire sans trop savoir a quoi m'attendre .... :shock: :shock: :love: :love: tient , jme demande ce que devient le real , tres tres douer le mec
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar zack_ » Lun 04 Nov 2013, 09:43

Il va avoir un segment dans VHS 2 (Slumber Party Alien Abduction). Hobo n'a pas été assez porteur pour lui donner un autre long? Le temps nous le dira
zack_
 

Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar nicofromtheblock » Lun 04 Nov 2013, 10:47

Segment tout pourri d'ailleurs.
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar angel.heart » Lun 04 Nov 2013, 12:10

Pour Hobo :

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Grosse tuerie, blindée de scènes mémorables ( le bus scolaire, l'hôpital, le montage bien badass avec la meuf, la pieuvre, le final... )

La classe, quoi ! 8)

( et moi aussi j'ai pourtant eu un peu peur au début, pour les mêmes raisons que toi... )

PS : Tu peux commencer à éditer ( :mrgreen: ). C'est pas Trauma mais Troma... :wink:
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Re: [Dunandan] Mes critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Lun 04 Nov 2013, 14:19

ça fait toujours plaisir de voir cet "approved" arrivé sur mon topic :oops: (surtout que bon, vu les films que je me tape, ça risque de ne pas arriver souvent ^^)
c'est corrigé sinon

Merci les gars, une sacrée bobine qui déménage et qui décoince là où ça fait du bien 8)
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