7.5/10
The Outfit de John Flynn - 1973
Parker (qui ici ne s'appelle pas Parker) a été joué par Lee Marvin, une femme (dans un bon gros film de merde de Godard), Mel, Peter Coyotte, Jim Brown, Michel Constantin, Statham (à noter que c'est le seul film où Parker s'appelle Parker) et donc ici Robert Duvall, le point commun c'est qu'ils ont aucun point commun. Après clairement c'est Lee Marvin qui se rapproche le plus de l'idée qu'on a du personnage de Richard Stark, ici Robert Duvall est crédible (évidemment) mais on pense plus volontiers à Charley Varrick de Siegel ( on y retrouve d'ailleurs un acteur commun ) et The Last Chance de Fleischer qu''au film de Boorman, on y retrouve un homme indépendant contre une organisation ( d'ailleurs comme dans ces 2 films on délaisse les grosses cités urbaine habituelle ), un homme à chaque fois de principe avec qui on ne tergiverse pas et comme dans les 2 films cités ici on est devant des films où les flics et les civils n'existent pas, on a juste des malfrats qui règlent leur compte. Enfin on est bien devant un polar des 70's, ça y a pas de doute. Mais le film définitif du genre qui pourrait être aussi une adaptation de Parker arrivera juste après : The Getaway et McQueen joue un personnage qui rappelle clairement Parker.
John Flynn est un cinéaste assez sous estimé je trouve, alors son film le plus cité est assez bof pour moi (Rolling Thunder) mais sa filmographie est plus que respectable et le mec est quand même derrière le meilleure Steven (et de loin) et un Stallone un peu trop oublié.
Par contre Flynn décide de donner un motif de vengeance à son Parker ce qui va à l'encontre des autres adaptations (on lui donne un passé, Parker a pas de passé), enfin la vengeance chez Parker ça reste spéciale, c'est à dire qu'il ne veut pas retrouver les tueurs de son frère, non il veut juste faire payer au sens propre en fixant un prix et donc il va faire chier la mafia jusqu'à ce qu'il soit payer, d'ailleurs à la base il veut tuer personne, il veut juste son pognon mais bon les armes finiront bien par cracher du feu vu que tout ne se passera pas comme prévu. Le film ne fait pas dans le sur-explicatif, les personnages ne parlent jamais pour rien dire, ici on raconte pas ses états d'âme et quand la nana de Parker commence devenir trop bavarde, bim 3 claques dans la tronche ( bon la raison est un poil différente ). Parker c'est un artisan du crime, un pro qui monte ses coups de A à Z et on suit tout le processus. Du coup Flynn a une approche à la Milius avec un gros fétichisme sur les armes à feu ( enfin surtout dans un scène où elles nous sont bien détaillées, bon Milius aurait fait un truc visuel ), on a le même genre de scène avec la voiture que Parker et Cody vont acheter, où le vendeur détaille toute les modifications faite à la caisse, en soit c'est pas utile au récit mais c'est utile pour le personnage.
La fin original était plus cynique et plus sombre mais bon la fin qu'on a là avec un gros éclat de rire fonctionne quand même pas mal.
John Flynn a été à la bonne école puisqu'il a apprit à tourner avec des gars comme Wise et Sturges, c'est du cinéma sans esbroufe visuel, qui choisit toujours l'efficacité, et le découpage est plutôt minimaliste lors des rares séquences d'action. Mais là où c'est vraiment bon c'est lors des nombreuses confrontation : Cody et les tueurs dans son restau, Parker qui rencontre le big boss Robert Ryan, et Flynn utilise le hors champs très intelligemment avec notamment la mort de 2 persos ( le premier on sait qu'il est mort c'est juste qu'il choisit de filmer autre chose, la seconde c'est en plein coeur de l'action d'un seul coup on s'aperçoit qu'un perso est mort ).
On ne peut pas crier au virtuose de la caméra, c'est pas Peckinpah quoi, mais c'est le genre de réalisation brut qui fait toujours plaisir à voir, un vrai film 70's.
Duval incarne un Parker moins magnétique que Lee Marvin, mais pas moins bon, il campe un professionnel méthodique, taciturne et froid alors que Marvin incarnait plus un icône, comme Charley Varrick, Parker un artisan du crime. John Don Baker habitué jusque là au rôle de bad guy campe ici l'acolyte de Duval et dès sa première scène il impose sa grande carcasse et on sent le gars qu'il faut pas faire chier ( et pour l'anecdote il se nomme Cody en hommage au Cody de L'Enfer est à lui ). Pour les seconds rôles Flynn a choisit tout une galerie d'acteur emblématique du film noir avec bien entendu en tête de gondole le formidable Robert Ryan qui ici fait ce qu'il sait faire à la perfection c'est à dire du Ryan et sa carrure charismatique, mais on trouve aussi Jane Greer, Richard Jaeckel ( dans une meilleure scène du film avec un couple bien fuck up ), Elisha Cook Jr. et Marie Windsor.
John Flynn ne sera jamais l'égal des grands mais ce genre de film se voit et se revoit toujours avec plaisir et ça ça n'a pas de prix, surtout quand on voit l'année 2021 ciné qu'on se tape où on parle de bons films pour des trucs comme Suicide Squad ou Teddy (ouais eux seront bien placé dans mon top merde de l'année), revoir un film 70's c'est se rappeler que le cinéma a pas toujours été merdique.