[Dunandan] Mes critiques en 2013

[Jimmy Two Times]

Tout pareil.
Sinon, je ne connais pas de Ted Harris.

[Dunandan]

Oups ça sonnait bien pourtant

(merci sinon)

[Dunandan]

Road house, Rowdy Herrington, (1989)

Road House, c'est du petit pain béni, de la série B comme on ne peut plus faire de nos jours, et que je mets à côté de Commando dans la catégorie Feel good movie (à voir impérativement en VF tant les dialogues et les grosses voix de mec sont bien bidonnants). Il fallait oser quand même de faire un personnage comme Dalton, le videur le plus cool du monde, traité comme un héros dans son milieu. Tempéré pendant les bagarres (ça doit venir de ses études en philo, véridique), bougeant la tête (et celle des meufs, car c'est un tombeur) au rythme du bon son rock (sans ironie, j'adore la BO) des bars, il n'est plus cool et sort des techniques de kung-fu si on le fait trop chier (avec un coup spécial dans la pomme d'Adam qui fait bien mal). Un vrai mec qui a les couilles pour savoir quand il doit agir ou quand ça n'en vaut pas la peine, adoptant la parfaite cool-attitude (son pote aussi a trop la classe, c'est le narrateur moustachu de The big Lebowski !).

A la revoyure, je suis surpris de voir à quel point le genre du western a porté sa marque sur ce film. Le refus d'utiliser les armes à feu avant l'affrontement final (alors que le méchant possède la ville entière, flics compris), le cadre rustique à l'ancienne, les videurs qui sont des redresseurs de tord presque considérés comme des héros lorsque l'ordre est rétabli, la bonne de service qui fait d'ailleurs son petit strip-tease qui cherche à troubler les sens de Dalton/Shérif (ce qui lui attire des ennuis, mais c'est un vrai : il préfère la bonne qui a un cerveau), tout ça respire les codes westerniens transposés de façon pour le moins insolite et jouissive.

Certes, le fond et la forme ne proposent rien d'extraordinaire, avec une histoire limite nanardesque (un videur solitaire adepte de sagesse et de kung-fu versus le baron de la ville qui emmerde tout le monde, à commencer avec le bar où bosse Dalton, pour montrer combien il est puissant et méchant), et des combats un peu désuets aujourd'hui avec des mouvements assez limités. Mais c'est aussi ce qui fait leur charme, c'est de la vraie baston de rue sans faire dans la dentelle, sans règles, où on pète le genou et on se met à plusieurs pour immobiliser l'adversaire, et j'adore cette ambiance de bars paumés où ça dégénère dans la bonne humeur (dans le cas contraire Dalton est là), où tout le monde se fout sur la gueule. Bon, on peut aussi se demander pourquoi Dalton habite en face de son ennemi (veut vraiment le faire chier lui aussi) ? Mais bon des énormités pareilles font partie du plaisir coupable qui se déguste plutôt avec une bonne bière, le cerveau off.

Road House, un état d'esprit, une philosophie .

- Comment un garçon comme vous a-t-il pu finir videur ?
- J’ai eu de la chance !

[Heatmann]

yeah , pas une note de timide , ca fait plaisir dun' !

[Dunandan]

The conjuring, James Wan (2013)

Tout comme Insidious, Conjuring est un film de possession et d'exorcisme qui n'a pas inventé la poudre. Si l'arc narratif est ici plus ambitieux (deux histoires parallèles qui se rejoignent, dont l'un nous offre une "explication" pour les non-initiés des phénomènes parallèles à l'oeuvre, tandis que l'autre nous présente une famille qui en fait les frais), malheureusement il coupe un peu l'immersion du spectateur qui est confronté à une belle expérience sensorielle, à défaut d'être surprenante et de faire réellement peur. Car tous les clichés du genre sont repris, mais avec une étonnante efficacité et virtuosité. James Wan est en effet étonnamment doué pour envelopper son ambiance d'angles de caméra soigneusement choisis qui nous forcent à prendre attention à toutes les zones d'ombres et bruits étranges, suivant de près la peur de ses protagonistes au point que les poils du cou s'hérissent un peu d'horreur.

Avec assez peu de moyens, James Wan sait donc parfaitement doser ses effets, certes classiques (on reconnait entres autre L'exorciste, et Poltergeist), mais terriblement efficaces, transformant la maison en personnage à part entière, filmée sous toutes les coutures, où chaque détail a sa petite importance et tout est affaire de regards. Dommage par contre que James Wan semble vouloir épargner ses personnages qui en ressortent avec presque aucune égratignure alors qu'ils s'en prennent plein la gueule physiquement et moralement. Pourtant il parvient à bien monter la tension en crescendo, en commençant doucement, et en terminant par une note résolument malsaine (je sais pas comment les enfants vont faire après une telle "aventure").

Film classique sous tous les aspects (script, clichés, personnages), mais transcendé par une maîtrise formelle exceptionnelle qui met nos nerfs à l'épreuve, je ne sais pas comment il va vieillir, mais en l'état cela reste l'une de mes meilleurs expériences dans le genre (maison de fantômes) depuis une bonne décennie.

[Dunandan]

:super:

yeah , pas une note de timide , ca fait plaisir dun' !

Ben ouais il y a des films comme ça où chaque défaut devient à la limite une qualité .

(j'ai bien dû le voir au moins 10x celui-là, mais je l'avais pas vu depuis bien 10 ans, et c'est toujours aussi fun )

Un milliard de mouches ne peuvent pas se tromper : il faut bouffer de la merde...

[Scalp]

Sam Elliott, la classe, tout simplement.

[Dunandan]

Outrage, Takeshi Kitano (2010)

Après une trilogie introspective marquée par un violent défaut d'inspiration (seul le troisième vaut le coup d'oeil), Kitano tourne la page et réalise un yakuza eiga plus proche de Aniki mon frère dans l'approche, en laissant de côté ses apartés poétiques qui constituaient la moelle épinière de son style, ce qui risque de laisser plusieurs anciens fans sur le carreau. Mais si on parvient à faire ce deuil artistique, et donc à passer outre une mise en scène plutôt conventionnelle voire plan-plan, et minée par un rythme légèrement ampoulé (une qualité pour ses films contemplatifs qui devient ici l'un de ses défauts) et une faute de casting (l'ambassadeur africain), on est récompensé par une intrigue psychologique globalement bien écrite aux airs de film choral, ponctuée par des sursauts de violence, et s'inscrivant ainsi pour toutes ces raisons dans la droite lignée de Kenji Fukasaku.

Certes, l'histoire n'a rien d'original en soi, mais elle est conduite efficacement (du moins dans son premier acte), et surtout constitue une sorte de chaînon manquant avec la saga de son ex-mentor (sans l'ambition historique) en nous offrant une lecture contemporaine de la criminalité japonaise. Ainsi en dépit du nouveau contexte d'expansion (les casinos qui s'installent dans les ambassades !), rien n'a changé depuis 60 ans. La fraternité et le code d'honneur n'ont toujours aucune valeur, une pure farce qui justifie un jeu d'intérêts personnels mené d'une main de maître par le cynique Big Boss qui retourne les uns contre les autres, tout en s'accaparant leurs gains. Or, Kitano sait parfaitement filmer cette spirale de violence crue et sans concession (sans une once de second degré) avec des règlements de compte qui font bien mal (on l'avait jamais vu comme ça le père Kitano). Dans ce jeu de la chaise musicale du pouvoir, aucune place n'est acquise pour toujours, et les faibles d'hier peuvent devenir les puissants de demain, laissant en bouche un goût de condamnation sans appel.

Je suis par contre moins enthousiaste par toute la longue séquence du casino que les yakuza ont pu introduire à l'ambassade africaine qui n'a nulle autre utilité que de révéler l'étendue de ces ramifications criminelles, et qui de plus introduit un acteur d'une rare médiocrité. Il faut alors prendre son mal en patience pour suivre une intrigue qui se renouvelle guère en intérêt, après avoir déjà dévoilé les motivations de chaque personnage au bout de moins d'une heure. Mais heureusement que le cynisme des personnages et les séquences de torture bien graphiques arrivent à point pour éveiller l'attention du spectateur jusqu'au dénouement final. Certainement l'un des moins bons yakuza eiga de Takeshi Kitano, qui peut s'apprécier davantage si on a une connaissance solide du genre. Et surtout, une page du cinéma est tournée, tant le second Outrage semble confirmer que le Kitano de Sonatine ne reviendra pas de si tôt.

Un bon yakuza eiga, certes peu original et à la forme conventionnelle, mais qui livre un constat sans appel, non sans cynisme tournant parfois à la farce, sur une criminalité inchangée depuis plusieurs générations.

[Dunandan]

Bah je viens de découvrir que Road house était nominé en 1989 pour recevoir un Razzie !

Et puis j'ai vu que cette chose existe aussi, on perd tout de suite en charisme (on dirait un porno soft) :

[angel.heart]

Vais me le refaire cette semaine le premier Road House

( Et je me ferais bien un double programme avec Harley Davidson and the Marlboro Man. Rah ouais putain, ça serait bon... )

[Dunandan]

Bad teacher, Jake Kasdan (2011)

Ce n'est pas la comédie du siècle, mais sérieux, que ça fait plaisir de voir Cameron Diaz dans le rôle de ce prof sexy en diable, superficielle, délurée, et anti-politiquement correct qui déteste ses collègues et surtout ses élèves, au point qu'elle se sert de ces derniers (en se transformant par exemple en bombe sexuelle pour laver les vitres des bagnoles et ramasser du fric) pour se payer de nouvelles miches et ainsi séduire le beau mec du coin, un pauvre type qui n'a que son fric pour lui (Justin Timberlake qui en fait des caisses pour rendre son personnage absolument ridicule et crétin, et qui adore baiser tout habillé ...).

Certes, la fin reste conventionnelle et la prof va finalement aider le garçon qui n'a pas la côte avec les filles, et sortir avec l'adulte équivalent, n'empêche que bien souvent cette comédie romantique sans prétentions touche dans le mille, en jouant avec le cynisme de son personnage principal et de tout ce qu'on attend d'un mauvais professeur (aucune attention et désobligeante envers ses élèves ; mettre en boucle des films - dont Scream - qui n'ont aucun rapport avec le programme, la moitié du temps "stone", etc.), la rendant ainsi attachante, car absolument naturelle, au contraire de sa pire ennemie "langue de bois"/excitée du bocal. Et au passage, les profs, les élèves, ainsi que leurs parents, sont bien épinglés.

Pas certain que ce film résiste à une seconde vision (mon appréciation finale prend en compte cet aspect), mais c'était quand même bien "fun", et c'est tout ce que j'en attendais (puis Cameron Diaz en véritable "bitch", ça le fait trop).

[zack_]

Ah merde vu en juin dernier un oubli de critique tiens ... faudra que je la fasse même si j'aime pas le faire quand c'est pas frais, enfin ça se rapprochera de ta note, une comédie sympathique même si Timberlake lui ne m'a pas fait rire.

[Dunandan]

C'est vrai que Tmberlake est plus navrant qu'autre chose, mais c'est marrant de le voir dans un rôle qui semble se moquer de son propre personnage (ah la scène de cul ).

[Dunandan]

BILAN D'OCTOBRE

Films vus : 18 (14 US, 1 Jap, 1 HK, 2 Esp)

Moyenne : 7.3/10

Découvertes marquantes

Autres : Devil's rejects, Perdita Durango

Plaisir coupable

Autres : La chute de la maison blanche

Le bousin

La bombasse du mois

[Dunandan]

Martyrs, Pascal Laugier (2008)

On ne peut pas dire que Pascal Laugier fait dans la dentelle avec Martyrs. On nous montre tout dans le détail, et je comprends le rejet qu'il peut occasionner à certains. C'est sombre, glauque, et absolument sans concession. A réserver vraiment aux coeurs les plus accrochés, et j'ai parfois eu du mal tant la caméra se place au plus près des corps ainsi martyrisés, faisant du spectateur un complice voyeuriste et malsain.

Mais ce n'est pas qu'un film sur la violence "pure", car l'histoire, même si elle est très légère, dominée par une emphase sur les effets graphiques, parvient à relancer l'intérêt du spectateur en enchaînant révélation sur révélation et en brouillant les pistes pour préserver le mystère jusqu'au bout, avec un final qui vaut vraiment le coup d'oeil dérivant vers la métaphysique, et justifiant ainsi en quelque sorte le jeu de massacres et tortures de tous genres. Film de tous les l'excès, il pousse jusqu'au bout la vengeance, l'amitié, et enfin la connaissance, et utilise à cet effet la souffrance des personnages, leitmotiv déviant et dérangeant.

Bref, ce film est une virée vers les limites du supportable, et je ne suis pas sûr que je vais le revoir, car une fois compris son propos général (que je trouve plutôt intelligent, dans la lignée de La secte sans nom), il ne reste pas grand chose à se mettre sous la dent, et j'ai aussi trouvé le jeu des acteurs assez approximatif, ce qui est gênant pour ressentir de l'empathie pour les deux victimes en jeu (la petite scène d'enfance à l'orphelinat et les sévices subis peuvent compenser).