The Lords of Salem - Rob Zombie ( 2012 )
Film après film le père Rob est en train de forger une putain de solide filmo, le confortant ( mais alors tranquille... ) en première place sur le podium des nouveaux maîtres d'un cinoche de genre, hélas trop peu original ces derniers temps, celui-ci se limitant trop souvent à proposer des remakes, séquelles, préquelles et autres hommages peu ambitieux à certaines de ses oeuvres devenues grands standards, avec le temps...
Alors oui, à cette mode, Rob Zombie n' aura pas échappé, mais celui-ci a au moins eu le mérite d'aborder l'exercice sous l'approche de relectures très personnel, y injectant son style, ses références, cinématographiques ( allant des films de monstres de la Universal au cinoche de Tobe Hooper ) et musicales ( le bon gros son d'enfoiré, Rob il kiff ça... ), sa vision du cinéma, et plus globalement du monde et de l'humain, le réal de
Devil's rejects, on le sait, aimant bien venir gratter les zones d'ombres de l'esprit humain.
Ce
Lords of Salem me conforte dans l'idée que le réal a une approche de plus en plus sensoriel du cinéma, comme un retour à ses origines ( comme en témoignent les références à Mélies ) , où l'ambiance et la force de l'image en disaient bien plus long que n'importe quel ligne de dialogue.
Une proposition de cinéma privilégiant le voyage à l'analyse, élégante dans sa forme ( que l'on aime ou pas, il faudrait être d'une putain de mauvaise foi pour ne pas voir que le mec sait se servir d'une caméra... ), en plus d'être sacrement fascinante. Un peu comme si le scope ample et gracieux d'un Big John venait s'égarer dans la bizarrerie onirique et déstabilisante d'un David Lynch, le tout transposé dans une bonne vieille bobine de fantastique satanique des 60/70's. Un cocktail du tonnerre auquel on pardonne sans mal une écriture parfois quelque-peu à l'arrache ou certaines idées fonctionnant moins bien que d'autres ( forcement, quand on a l'imagination débordante il est difficile de faire mouche à tous les coups... ).
Et puis, il y a quelque chose que j'ai apprécié dans le film, quelque chose que hélas je vois de moins en moins souvent dans le genre, c'est le fait de consacrer du temps à nous faire évoluer dans l'environnement quotidien de l'héroine, comme pour mieux nous familiariser à ses habitudes, sa sensibilité, cela se fait de façon on ne peut plus simple, par le biais notamment de petites balades en ville. C'est quelque-chose qu'on pouvait retrouver dans un film comme
The house of the devil de Ti West et personnellement c'est une chose à laquelle je suis très attaché. Bon et puis surtout qu'ici l'héroine en question est la sublime Shéri Moon Zombie, muse et femme du cinéaste et accessoirement l'une des plus belles révélations féminines des ses 10 dernières années et ce, tous genres confondus...
Alors inévitablement le film ne plaira pas à tout le monde et ce, même parmi les spectateurs généralement amateurs de l'oeuvre du réal. Je pense que beaucoup y verront une jolie coquille vide ou juste un gros délire de mauvais goût. Déjà, il est clair que les cartésiens peuvent passer leur chemin, idem pour ceux qui accordent grande importance à une écriture élaborée. Car s'il y a bien un semblant d'intrigue, celle-ci passe tellement en second plan qu'on aurait pu s'en passer. D'ailleurs l'oeuvre aurait presque pu être muette, se limitant à l'expérience visuelle et sonore, que ça n'aurait pas changé la donne.
En tout cas pour ma part j'ai totalement adhéré à la chose. Son casting comme toujours impeccable, son impressionnante galerie de monstres, sa beauté visuelle, l'envoûtant de sa bande son ou ses délires à la poésie morbide.... J'attends donc ( comme toujours... ) le prochain Zombie avec impatience, car je le répète, à l'heure actuelle son cinéma est ( AMHA ) ce qui se fait de mieux dans le genre.
7,75/10