[Jack Spret] Mes critiques en 2012

Modérateur: Dunandan

Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2012

Messagepar zack_ » Lun 28 Oct 2013, 20:13

Faut que je le matte ce Paprika je viens de voir que c'est le réal du très bon Perfect Blue, hop je le passe en priorité
Jeux d'enfants tu me re-rassures je vais le revoir et peut etre meme me prendre l'intégral, même si le dernier film est très faible
Ted, Taken 2, L'échine du diable, Hobbo: J'approuve ;)

Une belle salve de critique
zack_
 

Locataire (Le) - 9,5/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 20:15

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Le locataire - Roman Polanski


Le Polanski des débuts était vraiment un sacré diable pour nous pondre des oeuvres aussi puissantes, malsaines et intelligentes. Rosemary’s Baby flirtait déjà pas mal avec le thriller et le fantastique mais ce Locataire, à la tension creshendo, est un véritable miroir de la personnalité de tout un chacun en plus d’être le reflet de l’éventail des talents du cinéaste. Endossant le rôle du personnage principal, Roman Polanski ne délaisse jamais sa réalisation, soignée jusqu’à la dernière minute. Une manière perfectionniste de garder un contrôle total sur l’adaptation du roman.

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Métaphore diabolique de la double personnalité (par le reflet du miroir et l’aspect schizophrénique de la relation locataire/propriétaire), le film instille une atmosphère pesante et anxiogène entre les différents locataires de l’immeuble, allant jusqu’à créer un sentiment de paranoïa contagieux chez le personnage principal et le spectateur. Les plans sont choisis de telle manière à ce qu’ils montrent toujours le mauvais aspect de chaque intervenant. La dernière partie, mêlant comique burlesque (le travestissement) aux peurs enfantines (le changement facial des personnages), transforme le film en un théâtre de marionnettes le protagoniste croyant n’être que le pantin d’une machination diabolique cherchant lui nuire.

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Partant du constat simpliste que l’être humain n’est qu’une enveloppe de chair dans laquelle n’importe quelle âme pourrait s’y enfermer, il est facile de se rendre compte du cours que prend l’intrigue. Le personnage de Trelkovsky ne fait pas qu’emprunter l’appartement mais il loue également toute la personnalité de l’ancien résident. De là, le cycle ne peut qu’être fatal et se répéter sans fin, ce que met bien en évidence Polanski par cette scène finale absolument dérangeante du reflet mutique. La haine de l’étranger mêlé au huis-clos psychologique que représente la part fantastique et kafkaïenne du récit font du Locataire un film absolument unique et terrifiant.

9,5/10
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Black Death - 8,5/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 20:20

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Black Death - Christopher Smith


Heureusement qu’on peut taper sur le christianisme avec un peu plus de ferveur que sur d’autres religions (je ne les citerai pas pour ne pas alimenter le débat) car ce qui en découle tient souvent du chef d’oeuvre. Lorsque la morale et la conscience laisse place à la foi, c’est avec une brutalité sans précédent qu’elle laisse une trace de son passage, la peste faisant rage dans les villages n’étant que le présage d’un châtiment imminent, sentinelle éclaireur des envoyés de Dieu. Qu’ils soient athées, impies ou vertueux, aucuns personnages n’est développé de manière à ce qu’une identification soit possible. On ne fait que les détester, puis les aimer, basculant ainsi notre jugement de valeur aux oubliettes pour nous montrer que nous sommes aussi manipulables que les villageois.

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Partant d’un postulat simple (la peste ravage le pays), Smith parvient à faire s’entrecroiser des destins divers et variés par le biais d’un scénario habile. Personne n’est plus méritant que l’autre à obtenir sa place à la gauche du Seigneur et leur fourvoiement dans la foi leur fera commettre des actes impardonnables. Ce bouclier religieux n’aura de cesse de s’imposer entre la cruauté et la barbarie dont ils font preuve et la quête salvatrice qu’ils sont venus accomplir. Le Bien comme le Mal perd alors toute nuances pour ne devenir que violence et aliénation. Le réalisme cru dont fait preuve le cinéaste durant la scène de bataille fait froid dans le dos (c’est ultra violent), contrebalançant avec des dialogues intelligemment mis en scène comme la confession du pestiféré avant sa mort ou celle d’Ulric dans l’église (Sean Bean parfait en tout points).

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Sale, sans parti pris, réaliste, terrifiant, Black Death parvient à mélanger différents genres sans jamais se perdre en chemin. La scène finale, iconisant définitivement Sean Bean et l’homme de foi, tient plus du survival que du film médiéval. Les mouvements de caméra sont fluides, parfois inventifs (la crucifixion en caméra à l’épaule) et permettent au cinéaste, malgré le manque cruel de moyens, de livrer un film dense, aux multiples rebondissements (certains trop faciles) et à l’envergure importante, emportant tout le monde grâce à un message universel. En mettant en porte à faux les valeurs de l’église et l’étroitesse d’esprit des êtres humains, malgré leurs croyances et leurs vénérations, Black Death nous plonge dans l’horreur quotidienne du Moyen Âge, où toute chose doit avoir une explication rationnelle ou spirituelle, la peste étant décrite comme l’oeuvre du démon.

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N’allant jamais dans l’extrême et ne montrant que le principal, ce film dégraissé de toutes imperfections par une économie de moyens et une gestation en haut-lieu permet d’asséner son message à coup de massue, sans jamais chercher à nous adresser une morale écoeurante. Nous sommes juste spectateurs de la folie des hommes et sommes libres de choisir notre camp, à l’instar de la troupe mené par Ulric. Mais tout comme dans le film, à la fin, quelque soit le choix que l’on fait, une seule issue est possible et la mort vient tous nous chercher, que l’on soit athée ou non.

8,5/10
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Resident Evil Retribution - 2/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 20:23

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Resident Evil Retribution - Paul W. S. Anderson


C’est nul. Mais c’est nul ! Affligeant de voir ça sortir en salles. En plus de nous pondre un film à chier (même si j’ai l’impression que la saga vidéoludique semble prendre le pouls des adaptations au niveau de l’action vu l’ambiance de Resident Evil 6), Anderson nous fait le coup du retour des anciens acteurs de la franchise par un procédé scénaristique absolument bancal. Ils sont tous venus cachetonner pour prendre les derniers centimes qui traînaient dans nos poches. Et quand je dis scénaristique, je blasphème tant cette purge immonde nous est vendu sans mode d’emploi. On dirait que la caméra a été filé à un passant et qu’on lui a dit de tourner un film d’action horrifique. A savoir que le seul moment où j’ai eu peur, c’est quand j’ai vu, l’ennui venant, qu’il me restait 30 minutes de film à regarder !

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Anderson essaie de compiler Memento et Irréversible pour son intro et nous pond une scène au ralenti inversé. Ouais, ouais, ça existe ! Mais comme c’est encore qu’un prototype de mise en scène, il nous la remontre en sens normal juste après avoir fait un briefing de tous les films précédents pendant 10 minutes. Comme ça, il a pas besoin de faire un court métrage et il peut sortir son film en salles. Au bout d’un quart d’heure de film, en plus de n’y rien comprendre (m’est avis que je ne devais pas être le seul), j’en avais déjà ras-le-bol. C’était sans compter sur la suite des opérations. Un commando chargé de sauver Alice s’infiltre dans la base sous-marine d’Umbrella Corporation afin de justifier leur salaire d’acteurs et de rajouter des lignes à leur CV.

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C’est mal joué, c’est injustifiable, c’est drôle (mais c’est pas voulu je crois) et y’a même pas de quoi se rincer l’oeil. Autant dire que c’est très mal barré pour Milla Jovovitch qui va devoir continuer à jouer dans les films de ses compagnons (après Luc Besson, Anderson himself) ainsi que pour tout le reste de l’équipe. Entre Jill Valentine qui a appris à tirer en regardant les westerns de Sergio Leone, Leon Kennedy qui a oublié de s’acheter du charisme, en passant par Ada Wong qui réinvente la mode du treillis « Grandes occasions », tous les personnages sont passés à la moulinette du blockbuster pour débiles et les copeaux ont été rassemblés pour donner ça. Une distribution au rabais pour un film qui explose tout le budget dans…dans…ben sans doute à la cantine parce qu’à l’écran, on voit pas grand chose.

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Entre les monstres qui se prennent des dizaines de headshots d’Uzi sans broncher et qui meurent explosés par une voiture, les fusillades interminables entre zombies et humains qui, une fois qu’ils n’ont plus de balles, tentent des assauts voués à l’échec et les « zomphibies » (ne cherchez pas, le terme est de moi), ces fameux zombies amphibies qu’on aperçoit à la fin (oui parce qu’en plus de courir, ils vivent sous l’eau aussi, c’est pratique pour éviter la pourriture des tissus et tout et tout…) et qui ne servent à rien si ce n’est combler les trous du scénarios (et ceux de Michelle Rodriguez mais c’est hors champ), la liste des conneries est longue. Comment justifier après tout ce branle-bas de combat qu’on va terminer en beauté avec un sixième et ultime opus ? En montrant une scène finale qui donne forcément envie de remettre le couvert. Allez, mon vieil Anderson, t’as absolument tout compris au teasing, c’est déjà ça de pris.

2/10
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Fais-leur vivre l'enfer Malone ! - 4/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 22:21

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Give 'em hell, Malone ! - Russell Mulcahy


Sortir un film noir dans l’ère du temps malgré le look d’époque des personnages était déjà un pari risqué. Prendre une brute épaisse en la personne de Thomas Jane n’était pas non plus la meilleure idée du siècle. Le sortir en DTV, c’est peut être la meilleure chose qu’il ait pu lui arriver. Parodie sérieuse des films noirs de l’époque, Give ‘em hell, Malone (injustement traduit Fais leur voir, Malone) déçoit, autant par ses parti pris assumés (le look Sin City qui ne fonctionne jamais à plein et est maladroitement utilisé) que par ses intentions de vouloir dépoussiérer le film de privés badass en accumulant les clichés.

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Mélange de Sam Spade pour sa brutalité et de Philip Marlowe pour son alcoolisme, le personnage de Malone (à l’oreille, on s’y perd d’ailleurs) n’est que l’ombre de ceux à qui il tente de ressembler. Détective privé déplaçant comme bon lui semble la frontière entre le bien et le mal, sa justice expéditive et punitive ne prend jamais, la faute à un monumental Thomas Jane impassible et chiant comme la mort (il faut le voir réclamer son whisky à sa mère au lieu de le récupérer de force). D’ailleurs, la mort, il la sème partout où il passe, la fusillade du début étant aussi brouillonne qu’elle est jouissive. Coincé entre la référence au comic book et le film noir, le film n’a jamais véritablement d’identité et s’oublie aussitôt le DVD retiré du lecteur.

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Certains clichés sont pourtant nécessaires pour jouer la carte de la référence au maximum: la femme fatale, brune de préférence avec un grain de beauté placé juste au dessus de la lèvre supérieure qui émoustillerait n’importe quel eunuque (Elsa Pataky au charme divin). Le méchant psychopathe, adepte de Batman qui imite passablement le Joker dans ses accès de folie. Et les répliques cyniques que balance Malone à l’emporte-pièces pour jouer les gros durs. Mais même si l’emballage est joli (certains plans claquent, comme les empreintes de pas ensanglantés de Malone sur le carrelage blanc), le cadeau n’est pas forcément tentant. Voire même empoisonné tant certaines longueurs ou surjeux viennent fausser toute la compassion qu’on pourrait avoir pour ce DTV.

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Même s’il reste bien au dessus de la moyenne que tout ce qui sort dans les bacs, Give ‘em hell, Malone n’est pas non plus le fleuron du genre, réempruntant énormément à ces prédécesseurs pour ne rien inventer (même à Pulp Fiction: la malette + Ving Rhames + Bad Motherfucker) ou mal l’utiliser (les décors et les personnages secondaires). Dommage car j’en attendais beaucoup de bien.

4/10
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Necronomicon - 8,5/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 22:23

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Necronomicon


Autant Lovecraft est l’un des écrivains les plus adulés par les admirateurs de récits d’angoisse pur, autant tout est histoire de sensibilité lors d’une adaptation. Et celle de ces trois cinéastes est carrément centrée vers la poésie macabre (Gans), la romance fantastique (Kaneko) et le thriller gore (Yuzna). Lorsque je lis qu’ils ne sont pas fidèles à l’univers complexe et mystique de l’auteur ou qu’ils ont pris des libertés trop grandes par rapport à l’horreur, beaucoup trop appuyée, je rigole. C’est vrai que le Yuzna devient comique à force d’être gore mais cela fait partie de son style. C’est bien simple: je préfère voir des réalisateurs tenter de donner vie à des oeuvres existantes en leur instillant leur personnalité et leur vision plutôt que de voir des adaptations fidèles à la virgule près, débordantes d’amour et écoeurantes d’académisme..

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Artisanal, c’est le mot qui me vient à l »esprit lorsque je repense à ce film. Autant les trois segments sont différents par leur thème abordé et leur façon d’amener le fantastique dans la réalité, autant les maquillages utilisés et les effets spéciaux à l’ancienne semblent raccord. Qu’ils s’agissent de l’homme poisson chez Gans ou du savant fou chez Kaneko, tout un savoir faire est mis en oeuvre pour livrer les plus magnifiques prothèses qui nous rappellent le bon vieux temps et collent parfaitement à l’ambiance de Lovecraft (les CGI sont bannis pour son univers). Ces déguisements collants et dégoulinants, ces costumes où le génie et l’art semblent s’être accouplés, ces maquillages sont tout autant d’éléments qui relient les différents sketches ente eux.

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Même si le fil rouge est bien présent (Jeffrey Combs incarne Lovecraft lui même, nous remémorant notre premier visionnage de Re-Animator), il ferait presque partie d’un segment à lui tout seul, tout autant ravagé et gore que le reste. Cependant, il y a tout de même un problème majeur à soulever: la différence de rythme. Autant le Gans délivre de belles images et une vision du fantastique old school, autant son court aurait pu se passer de dialogues tant il semble rendre hommage aux vieux films d’horreur qu’il vénère (ça sent la Hammer derrière tout ça). Ce qui n’aide pas à rentrer dans le Kaneko qui lui, reste bloqué entre les deux extrêmes shootés par ses collègues. Une sorte d’entracte efficace mais chamboulé par le Yuzna qui défonce tout sur son passage, livrant un trip sensoriel et gore, à la limite du cartoon tant on rit autant qu’on frissonne.

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Quoi qu’il en soit, même si Necronomicon n’est pas un véritable hommage vibrant et sincère à Lovecraft comme on le définirait (on attend toujours l’adaptation des Montagnes hallucinées par Guillermo Del Toro), c’est fait par des amoureux inconditionnels du genre et des artisans de première main. Et rien que le pari fou d’oser s’approprier un monstre comme Lovecraft, ça vaut tout les honneurs du monde.

8,5/10
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Edmond - 9,5/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 22:26

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Edmond - Stuart Gordon


Une pièce de théâtre brutale, viscérale et noire comme l’encre de son script transposée à l’écran, on a vu ça récemment avec Killer Joe. Mais Stuart Gordon n’a pas la même vision que Friedkin. Il ne cherche pas à enfermer ses personnages pour les rendre marteaux ou leur faire commettre des actes impardonnables. Dans Edmond, c’est le monde entier qui est dingue. Et William H. Macy est au milieu de cet enfer urbain, victime de la loi du plus fort. Pour s’en sortir, devenir le plus fort et être craint par les autres. Jouer des coudes, être déterminé et vivre sa vie pleinement. Sauf que pour le réalisateur, il ne s’agit pas de gambader nu dans les champs de blé en humant l’air frais de la campagne mais de prendre sa vie à pleines mains jusqu’à l’étouffement, de croquer dedans à pleines dents jusqu’à en arracher la meilleure part. Celle-là même qui nous fait nous sentir unique.

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Gordon transcende cette idée en faisant du personnage d’Edmond un martyr qui, après une nuit pleine de rencontres lui ouvrant définitivement les yeux, ressuscitera sous une autre forme, plus pure et lavée de tous péchés (la métaphore par l’uniforme blanc est pleine de symbole). Le rythme est soutenu, les dialogues sont géniaux (la mise en abîme du théâtre de la vie est géniale) et la mise en scène, aussi simpliste soit-elle, garde à tout moment une place dans le cadre pour son ange déchu. Un ange qui, par des paroles d’évangile, va tenter de professer la bonne parole dans des oreilles débauchées et encrassées par un quotidien morbide et glauque. Un petit bijou de réalité brut.

9,5/10
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Note: 6/10
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Sanjuro - 10/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 22:28

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Sanjuro - Akira Kurosawa


Comment peut-on être autant à l’aise dans le film de sabres et dans le polar social ? Entre le ciel et l’enfer m’avait grandement donné envie de m’intéresser à ce cinéaste, adulé par une pléiade de grands réalisateurs de notre temps. Et je commence à voir s’esquisser un début de compréhension concernant cette vénération que je croyais exacerbée. Akira Kurosawa est tout simplement un chef d’orchestre, disposant ses acteurs comme autant d’instruments rutilants et ses décors comme autant de scènes de spectacles, faisant de Toshiro Mifune le stentor qui va pousser le reste du groupe à s’investir au mieux dans l’opéra.

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Le génie de Kurosawa, c’est de proposer un film complexe où chacun manipule l’autre, tout en simplifiant la compréhension du récit par un choix de plans aussi maîtrisés qu’audacieux (il filme Mifune derrière un arbre, au centre de l’écran, renforçant l’aspect mystérieux du personnage). Sa caméra semble virevolter et des plans qui auraient été moins poétiques chez d’autres se transforment entre ses mains en ballets chorégraphiques insaisissables et pourtant si simples à étudier. Une sensibilité qui lui permet de donner un aspect qui se rapproche du conte au scénario, l’histoire pouvant facilement être raconté à un enfant pour l’endormir. L’humour dont fait preuve le personnage de Sanjuro le rend encore plus charismatique, les disciples du chambellan le suivant aveuglément, jusque dans la mort si nécessaire.

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Sa connaissance de l’âme humaine allié à une grande connaissance des stratégies de guerre (on suppose qu’elle provient de son passé, Sanjuro apparaissant déjà dans Le garde du corps du même Kurosawa un an plus tôt) fait de lui un allié de poids et un adversaire de taille. Mais comme les deux clans ne savent jamais de quel bord il est, les situations tantôt cocasses, tantôt dramatiques se multiplient et finissent d’étoffer le scénario, bien loin de souffrir d’incohérences. Tout est calculé à la virgule près et aucune place ne semble laissé à l’erreur ou à l’hésitation. Un travail de perfectionniste qu’il est bon d’observer encore et encore (surtout après avoir enchaîné les films moyens depuis quelques jours).

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Observez ce placement de personnages ! C'est de l'art avec un grand A.


Deuxième incursion dans le cinéma de Kurosawa, deuxième genre maîtrisé,deuxième chef d’oeuvre. Je commence petit à petit à me rallier à la cause du grand maître et j’ai hâte de regarder ceux qu’ils me restent en cale. Mais avec un tel niveau de génie, je préfère les disséminer au fur et à mesure plutôt que de plus rien avoir à me mettre sous la dent les jours de vache maigre.

10/10
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Jade - 6,5/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 22:30

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Jade - William Friedkin


Méconnu pour la simple et bonne raison qu’il est mineur dans la filmographie de William Friedkin, Jade n’en oublie pas moins de briller à certains moments. Dans sa critique maladroite mais bel et bien présente du système judiciaire américain dont les rouages semblent fonctionner au spermicide (la fellation de Monica Lewinsky n’est que la face visible de l’iceberg), dans sa faculté à tenir en haleine le spectateur avec un scénario qui tient sur un sachet de thé et dans sa générosité. Willy, même si le sujet ne semble pas lui tenir à coeur (ça se voit comme le nez au milieu de la figure là !), pense toujours à son public.

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C’est donc en nous gratifiant d’une course poursuite monumentale qu’il nous récompense de notre patience et de notre fidélité. Et qui de mieux placé pour filmer ce genre de scène que le maître en personne ? Nerveuse, brutale, bruyante et originale, il nous démontre par sa signature si personnelle que même les mauvais films méritent des scènes d’anthologie. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Un mauvais film. Pas plus intéressant qu’un épisode des Experts (la présence de David Caruso sans le rôle principal doit y être pour quelque chose…), rien de bien mémorable (hormis la course poursuite et le corps sublime, à se damner, de Linda Fiorentino).

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Aussitôt vu, aussitôt oublié ? Presque au vu du simple exercice de commande que le film semble représenter. Et même s’il se démarque du vulgaire feuilleton par ses plans choisis et une régularité dans le propos du cinéaste, ça reste très moyen et regrettable que le talent d’un tel conteur soit sous-exploité. Le casting assure (à part Caruso, impassible et fidèle à lui même), les couleurs sont 90′s, ça sent le sexe et le bitume mais vraiment rien d’excitant.

6,5/10
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Police Frontière - 8,5/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 22:32

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Police Frontière


Ce titre peut paraître quelconque au premier abord. Mais il est plus efficace qu’il n’y parait. Le film de Tony Richardson ne se contente pas de nous conter la vie d’un douanier cherchant un moyen simple de terminer sa carrière et permettra à sa femme de s’embourgeoiser. Le sous-texte est beaucoup plus subtil que cela. La frontière correspond à celle, bien sûr, entre les Etats-Unis et le Mexique, entre pays du Sud et pays du Nord. Mais elle est également la frontière qui démarque la pauvreté de la richesse, celle de l’élévation de l’âme (la première scène) face au fourvoiement des autres (les magouilles des douaniers), la limite entre un destin scellé et un avenir incertain. Plus simplement, on peut clairement dire que cette frontière délimite le bien et le mal.

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Mais ce serait mentir que de dire que tout le bien est d’un côté et le mal de l’autre car les exceptions à la règle ne dérogent pas ici. Le personnage de Jack Nicholson représente la seule parcelle de bienveillance existante dans le camp ennemi tandis que le receleur Manuel pourrit l’innocence des Mexicains. En les déshumanisant dès leurs premières apparitions (ils sont appelés wetbacks du début à la fin), le cinéaste permet à Nicholson de mystifier son image auprès de cette population recluse dans des bidonvilles, resserrant le cadre psychologique sur les personnages qui ont de l’intérêt vis à vis du scénario. Sauveur de la veuve et de l’orphelin (au propre comme au figuré), il cherche par cette action de sauvetage à être pardonner de ses péchés et donner un sens à sa vie.

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Mais les préjugés ont la vie dure (la scène où la jeune femme le remercie pour l’adresse vaut plus que tout ce que je pourrais dire) et les différentes manifestations d’humanité du douanier vont paraître superflues aux yeux de ses collègues et étranges aux yeux des Mexicains. Nicholson joue toujours juste malgré un rôle sur le fil du rasoir, à la fois colérique et tendre, ces humeurs changeant suivant le personnage qui lui fait face. Hors du moindre carcan émotionnel, il peut donc libérer son jeu et sa prestation n’est est que plus époustouflante. Ne vous fiez jamais mais alors jamais aux titres des films (ni à leurs jaquettes).

8,5/10
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Tim & Eric's Billion Dollar Movie - 6,5/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 22:34

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Tim & Eric's Billion Dollar Movie - Tim Heidecker et Eric Wareheim


La soirée a débutée avec l’avant première d’un film qi n’a pas encore trouvé distributeur en Europe (on se demande pourquoi). Sortis tout droit du site Funny or Die (la maison mère de Will Ferrell), Tim Heidecker et Eric Wareheim sont des avant-gardistes dans le domaine de la débilité. Allant à outrance dans le gag pipi\caca, il en ressort un décalage avec la réalité qui nous fait entrer dans un autre monde. Un monde où les blagues les plus nulles deviennent drôles, où notre échelle de valeur est bafouée par une plongée sans oxygène dans un océan de bêtise crasse.

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Ce qui fait le charme de ce duo de comiques, c’est leur amour pour le mélange des genres. Par le biais de blagues frôlant la bienséance et faisant tilter l’éthique morale de toutes comédies qui se respectent, ils arrivent à créer une atmosphère unique qui rend leurs surjeux nécessaires pour faire baisser la pression. L’étrangeté de ce mélange réside dans certaines scènes où le fantastique allié à des images violentes s’installe et laisse un arrière-goût d’incompréhension et de malaise au spectateur (certains effets gores sont surprenants). Le politiquement incorrect trône aux côtés de la bouffonnerie la plus exacerbée (voir la bande annonce peut vous donner une idée de la chose).

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Se payant un casting trois étoiles, les deux comparses donnent libre cours aux interprétations les plus hilarantes et à l’improvisation la plus grotesque grâce à des talents comiques qui éclaircissent le ton du film (Will Ferrell en fan de Top Gun, Jeff Goldblum en vendeur de sièges brevetés, John.C Reilly en concierge crasseux). On rit beaucoup, on ne sait pas toujours pourquoi mais il est agréable de voir de tels gogos prend leur « travail » autant à coeur. Ils ne leur reste plus qu’à canaliser leur folie pour en faire quelque chose d’ultime.

6,5/10


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Troll 2 - 2,5/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 22:36

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Troll 2


« Et si on faisait un film tout moche, avec des acteurs pitoyables, un scénario au raz des pâquerettes et des créatures abominablement ratées ? On pourrait le vendre à des distributeurs aveugles ou à des producteurs manchots. Je donnerai mon aval ou signerait à leur place. Et si les critiques viennent me dire que j’ai accouché d’une merde intergalactique, je leur répondrais que c’était voulu car j’avais perdu ma fibre créatrice durant le tournage et que je n’avais pas eu les acteurs que je voulais au départ par manque de budget. Ça me permettra de faire un Troll 3 et de conclure ma trilogie ! ».

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Non content d’obtenir la 95ème place du top 100 des pires films jamais réalisés sur IMDb, Claudio Fragasso vendrait du sable dans le désert. Partant d’un pitch déjà alarmant mais vendeur (une famille cherche le repos en partant un mois à la campagne, dans un village habité par des gobelins), il nous pond incohérences sur incohérences sur une toile de fond fantastico-féérique plus grotesque que gore. C’est simple, il n’y a pas une seule goutte de sang dans ce film (ou alors en hors champ peut être). Le gamin est insupportable et on ne désire qu’une chose: le voir se faire éviscérer avant la fin de la première bobine.

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C’est marrant au début mais on se lasse vite du rythme mou du film qui ferait passer n’importe quel épisode de Derrick pour une préquelle de la série 24. Heureusement, quelques répliques cultes viennent pimenter le film (« Don’t piss on hospitality ! »). Mais nous avions été prévenus, on ne verra que le pire. Et pour renégocier son échelle de valeurs, rien de mieux qu’une telle bouse en guise de plat de résistance.

2,5/10
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Infernale poursuite (L') - 4/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 22:37

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The Amazing Mr. No Legs


Parce qu’il nous fallait notre cotât d’handicapés durant l’évènement, ZoneBis a décidé de frapper fort en nous diffusant le seul film mettant en scène, dans le rôle du méchant, un cul de jatte. Avec un tel florilège de scènes incroyables (dont un ralenti où ledit bad guy met à lui seul une raclée à quatres gonzes alors que son garde du corps se fait moucher malgré ses jambes), c’est clair que The Amazing Mr No Legs éclate tout les pourcentages pour l’année à venir au Comoedia. C’est sûr que c’est pas notre François Cluzet national qui peut se vanter de tels exploits.

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Malgré ce personnage surréaliste, le film peut se targuer d’avoir un scénario clair et concis (on peut pas en dire autant de tous les films projetés) malgré la VF éclatante d’inventivité et les acteurs sous-doués. Ca aurait même pu faire un fabuleux double feature avec un film de sabres où le héros serait amputé des deux bras (vous moquez pas, j’suis sûr que ça existe). Ce film reste mon préféré de la soirée.

4/10


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Clash of the Ninjas - 3,5/10

Messagepar Jack Spret » Lun 28 Oct 2013, 22:39

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Clash of the Ninjas


Que dire si ce n’est qu’en démarrant ce film à 3h30 du matin, on se demande si on est pas un peu masochiste. Un 2 en 1 où toute la saveur et la réussite de la bobine tient à la seule et unique VF (et au montage, cela va sans dire). Plusieurs films sont mêlés en un seul et on ne sait jamais réellement qui joue dans quoi mais le tout garde un rythme soutenu et compréhensible. Les scènes d’actions sont dignes des plus grands chorégraphes connus et les acteurs semblent tout donner. C’est la course à l’Oscar du plus ringard: entre le ninja à l’accent british prononcé et l’agent d’Interpol se prenant pour Stallone dans Cobra, on a une ribambelle de scènes inoubliables. Une clôture à la hauteur de l’évènement. Merci ZoneBis.

3,5/10
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Re: [Jack Spret] Mes critiques en 2012

Messagepar Moviewar » Jeu 31 Oct 2013, 09:38

Je viens de te corriger la référence pour Jeu d'enfant car c'était référencé à Jeux d'enfants avec Canet et Cotillard :-P
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