⌲ ASSAULT ON PRECINCT 13 (1976)de John Carpenter avec Austin Stoker, Darwin Joston, Laurie Zimmer.
Histoire: Dans un commissariat en voie d'être désaffecté, et où téléphone et électricité ont été coupés, deux policiers et une femme doivent défendre le poste contre les assauts de truands.
Second film de Carpenter et on cerne déjà tout son style car ce film de 1h30 est un concentré de son cinéma: la peur, la violence, l'union et la débrouille. C'est uniquement mon troisième film de ce réalisateur et je peux déjà cerner comment il pose son intrigue, comment de par quelques scénettes mises les unes après les autres il nous présente ses personnages, et surtout comment il détruit tout ça et crée le chaos.
Je pense que Carpenter a une vraie qualité c'est la patience. Il sait poser sa caméra et laisser le temps au spectateur de se sentir à l'aise pour mieux le déstabiliser. Il y avait déjà ça (façon de parler vu que c'était chronologiquement ultérieur) dans Halloween, cette science de l'observation, dont il fait preuve et qu'il donne à ceux qui regardent. Parce qu'il me semble aussi que son cinéma est un partage, encore un truc qu'il a appris dans celui de Hitchcock, c'est à dire savoir jouer avec le spectateur, le manipuler tout en imposant un récit cohérent.
Je remarque aussi qu'il aime bien recentrer son intrigue autour d'un lieu serré. On est pas tout a fait en huit clos mais justement, même si les décors changent et le contexte change, on a toujours ce même cercle de personnages liés les uns aux autres face à une menace extérieure -qui représente le mal absolu ou la violence gratuite. Là c'est tout a fait ça, chaque personnage trace son chemin jusqu'au même point -le commissariat- et tout va exploser en ce point névralgique tout en créant un espace où l'espoir ne meurt pas.
Il a appelé son film Assaut mais ça aurait pu être "permis de tuer" tellement ça part dans tous les sens. Les lignes sont établies avant le tournant du film qui montre bien qu'on est dans les années 70. Qui, quand et où on oserait montrer un enfant se faire shooter gratos à bout portant ? Quand tu as montré ça, tu sais que tout peut arriver à n'importe quel moment car le film lui même n'a aucune limite.
Il l'a pourtant peut-être dans le jeu de regards un peu mielleux entre la brave secrétaire et le repenti meurtrier, même si ça n'enlève rien à l'excellence des deux personnages, tant dans ce qu'ils dégagent que dans leurs actions (et leur bravoure). J'adore le fait que la menace extérieure soit une sorte de rébellion urbaine. Il y a une, non, deux scènes dantesques dans ce film: la première quand le gang s'agrandit aux yeux de notre cercle de persos recroquevillés dans le commissariat et commence à shooter à tout va, mais attention, en silencieux car ils ont pensé à tout ; et la seconde quand nos persos se rebellent à leur tour et shoot une dizaine de gars aussi gratuitement que le plus taré des rebelles/terroristes, alors plus personne n'a de statut, il n'y a plus de flic, plus de femme, plus de prisonnier, tout le monde tue tout le monde, permis de tuer.
Et je n'ai pas parlé de la musique, géniale. L'ami Carpenter a quand même tout pour lui car il écrit, réalise et compose la musique de ces films qu'il rend uniques et inoubliables, et tout ça avec un budget dérisoire, il faut le dire.
Libre, couillu et même parfois drôle, bref un putain de second film, hâte de voir le premier.
8.5/10