[elpingos] Mes critiques en 2013

[elpingos]

CABEZA DE VACA
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Nicolás Echevarría | 1991 - Chili | 7,5/10

Film d'aventures historique, Cabeza de Vaca est aussi le nom de ce personnage assez incroyable, un conquistador qui à la suite d'un naufrage sur les côtes de Floride va traverser le nouveau continent jusqu'au Mexique, passant près de 8 années au contact des tribus autochtones. D'abord réduit à l'esclavage par les Indiens, il va ensuite s'affranchir et devenir une figure quasi messianique.
Le film est passionnant, réaliste dans son point de vue ethnologique quasi documentaire et, un peu à la Chilienne, jusqu'au-boutiste et fantastique dans ces trips mystiques. Il faut dire que le récit autobiographique dont est tiré cette histoire réserve quelques moments étranges, où la foi et les croyances sont remises en question, mettant ainsi en opposition le mensonge chrétien conquistador (formidable dernière scène) et la magie des rites chamaniques.
Mais le film, malgré quelques problèmes elliptiques, réserve aussi et surtout des moments de cinéma intenses, livrant ainsi des scènes tribales de toute beauté (au maquillage un certain Guillermo Del Toro), une multitude de plans somptueux à hauteur d'homme et de corps et un cast formidable, dont cet acteur principal assez stupéfiant, Juan Diego, sorte d'Aguirre, habité mais pourtant tout en retenue.
Un film intelligent et atypique d'une beauté formelle évidente qui lui a valu sa première sortie française seulement 20 ans après sa sélection à Berlin. La moindre des choses pour ce trip visuel historique absolument bluffant.

[pabelbaba]

Ca me plaît bien, j'adore Aguirre, justement. Hop, wishlisté.

[elpingos]

Ca vaut le coup franchement.

[elpingos]

GRAVITY
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Alfonso Cuarón | 2013 | 10/10

Du jamais vu, forcément. Au bout d'un projet de 5 ans Gravity est bel et bien le trip spatial rêvé, espéré. Avec un survival en temps réel, épuré et poétique, le réalisateur Mexicain s'affranchit des dernières limites techniques en terme d'immersion, avec perfection chorégraphique à la clé. Son huis-clos de l'espace, immense, repose sur les épaules fragiles d'une Bullock de porcelaine retenue par quelques fils dans un ciel grandeur nature, noir et vide. Un décor incroyable qui n'a jamais semblé si réel et donc fascinant, grâce à un travail d'alchimiste sur l'image et le son, densité et élégance en plus : une "Arrivée en gare de la Ciotat" de l'ère numérique par un artiste qui a tout compris au cinéma et au sujet abordé et un spectacle incroyable pour le spectateur qui souhaite être ébloui simplement et s'émouvoir du combat de cette femme face à sa solitude; avec pour seul espoir la fin du voyage, comme cette Terre magnifique qu'on n'a rarement vue si loin, et pourtant si proche et aussi si féminine.

[osorojo]

Tu trolles ou t'es sérieux ?



Moi j'ai trouvé ça tellement froid que j'ai tout suivi de loin. La pauvre Bullock me faisait l'effet d'un être humain se débattant dans un univers pictural hostile qui ne voulait pas d'elle.

Par contre, effectivement, gros boulot sur le son.

[elpingos]

Ben non je suis sérieux ;

un film qui divisera certainement (pendant longtemps), mais pour moi c'est l’œuvre ultime d'un certain idéal de cinéphile. Et qu'importe la technique pour moi, car à mes yeux elle s'est complètement effacée. Et j'ai trouvé ça sublime du début à la fin, froid aussi, avec 2-3 scènes d'anthologie, des plans séquences ambitieux et virtuoses, et touchant parce que simple et humble... Je comprends les buts recherchés par Cuaron et je l'en félicite.

Superbe voyage, certes bien marqué par l'inspiration de son auteur, ce qui est aussi le propre de l'oeuvre des grands cinéastes ...

S'il pouvait y avoir plus de films comme Gravity que d'Iron Man 12 au ciné, le monde s'en porterait mieux je pense.

[osorojo]

Moue. Moi j'espère surtout que Cuaron va pas s'enfermer à nouveau pour un projet de ce genre

Et puis tiens, pour en parler aussi, j'ai pas trouvé la troidé non plus à tomber par terre. Et c'est triste parce que je pense que Cuaron est allé aussi loin qu'il le pouvait à ce niveau. Ca prouve vraiment que la techno qui équipe les salles troidé pour le moment est quand même super limitée. On est loin de l'immersion totale, et l'image est toujours aussi détériorée par le procédé.

[francesco34]

S'il pouvait y avoir plus de films comme Gravity que d'Iron Man 12 au ciné, le monde s'en porterait mieux je pense.

Ouais drôle de syndrôme, dans le monde des blockbusters tout le monde râle quand sortent en pagaille des suites franchisées et autres remakes... et dès qu'un projet original sort, ben y'en a qui râlent encore.
Enfin, bien d'accord avec Elpingos, Gravity c'est un peu un rêve de cinéma. Et contrairement à Oso ou ceux qui trouvent le film froid (l'espace c'est froid de toute façon), ben je trouve que ce qui émane du personnage de Bullock est très bien et apporte le contrepoint émotionnel parfait, fragile, à cet univers glacial.
Et puis bon, à vouloir suranalyser et vouloir absolument qu'il y ait un fond aussi dense que dans 2001 ou Tree of life, on en oublie quand même la notion essentielle: le plaisir. C'est pas un pamphlet philosophique, c'est un film de divertissement, un voyage dans l'espace.

[osorojo]

Je vous prie de bien vouloir excuser mon caractère à la con hein. J'ai pas choisi de ne pas accrocher, et j'étais l'un de ceux qui défendaient le film sur son topic.

J'suis pas le genre à troller, je suis le premier à être triste de ne pas avoir accroché au film ... Si le fait que le film ait pris 5 ans à son réal, qu'il soit """"" novateur """"" dans sa façon d'appréhender les acteurs et surtout une référence nouvelle en matière de film spatial le dédouane du reste, faut le dire

Et vous pouvez m'expliquer en quoi c'est un rêve de ciné qu'on aurait pas déjà vu ailleurs ? Vous parlez juste de la reconstitution spatiale ou j'ai loupé autre chose ?

Je n'ai jamais reproché à Gravity son expérience technologique, j'en suis même le premier curieux. Je lui reproche seulement de ne pas savoir varier ses cartes. J'ai même réussi à m'ennuyer alors qu'on est devant une bobine d'une heure et demie seulement. Il y a, pour moi, un vrai problème d'écriture. Il manque un liant qui permettrait de se détacher parfois du simple survival ultra méga catastrophique (non parce que bon Bullock c'est une sacré poissarde).

Mais encore une fois, c'est mon ressenti, le plus sincère. Je n'ai aucun intérêt à descendre gratuitement le film et reconnait le gros boulot qu'il y a derrière.

[francesco34]

zut j'ai énervé Oso
Désolé je t'apporte les croissants pour me faire pardonner
Nan mais que des gens trouvent ça lisse ou accrochent pas c'est pas un problème, je disais juste qu'il faut pas y chercher des trucs trop profonds (la symbolique de la renaissance est assez simple, mais plutôt jolie je trouve), c'est juste un film de divertissement tout public...

[osorojo]

J'ai été un peu sec effectivement, mais tu ne m'as pas énervé rassure toi

Ben oué, mais bon, d'un boulot de 5 ans, qui a tant fait parler, j'attends plus qu'un simple concept qui tiendrait en une demie heure étirée sur 90 min. En fait ce qui me gêne, c'est vraiment ça, j'ai l'impression d'être devant une démo de type Géode étirée en format long métrage (c'est beaucoup mieux fait hein, je parle du principe).

Du coup, je trouve que c'est un peu gâcher le talent qu'il a fallu déployer sur 5 ans pour nous offrir ce voyage, sympa, mais qui n'a rien de nouveau. Finalement, les différents lieux investis restent très limités et du coup le voyage semble pas vraiment grandiose. Quand on fait le bilan, on reste longtemps dans l'espace, mais on ne voit pas grand chose, à part trois stations en métal qui permettent à Bullock de faire l'acrobate, une terre très bien rendue mais qu'on a déjà vu 1000 fois et des débris métalliques qui se promènent pour faire naitre une petite adversité dans ce petit jeu de séduction qui se joue entre Clooney et Bullock.

Et puis je trouve ça un peu facile de tout de suite coller l'étiquette blockbuster à Gravity pour que l'on ne puisse pas le critiquer sur son fond

ps : je veux bien les croissants

[francesco34]

Ben un blockbuster c'est bien ce qu'il est je pense, gros budget, gros score au box-office... Après je trouve ça quand même moins creux qu'un Fast 6 tout de même...

Après je vois ce que tu reproches à Cuaron, et ça fait plusieurs critiques qui reprochent au film un fond peu fourni ou une symbolique trop simpliste. Si on fait ce reproche c'est donc qu'on s'attendait à quelque chose de plus profond. Mais à mon avis l'intention de Cuaron ne passe pas par la réflexion ou le pensif, mais très clairement par le ressenti (la fameuse sensation d'immersion dont on a tant parlé), et c'est uniquement là-dessus que joue le film.

Après j'ai déjà vu des films type géode ou au planétarium, et ça n'a rien à voir niveau ressenti, immersion et implication émotionnelle, ces docs là misent davantage sur la contemplation et l'information.
C'est comme la plupart des films qui t'invitent à un voyage sensoriel, si tu rentres dans le trip tu es captivé, sinon ben tu cherches autre chose que tu trouves pas forcément, d'où les différentes critiques sur le fond...

[Scalp]

Oue enfin Fast 6 ça a pas vocation a raconter quelque chose de spirituel.

[elpingos]

Après je vois ce que tu reproches à Cuaron, et ça fait plusieurs critiques qui reprochent au film un fond peu fourni ou une symbolique trop simpliste. Si on fait ce reproche c'est donc qu'on s'attendait à quelque chose de plus profond. Mais à mon avis l'intention de Cuaron ne passe pas par la réflexion ou le pensif, mais très clairement par le ressenti (la fameuse sensation d'immersion dont on a tant parlé), et c'est uniquement là-dessus que joue le film.

Après j'ai déjà vu des films type géode ou au planétarium, et ça n'a rien à voir niveau ressenti, immersion et implication émotionnelle, ces docs là misent davantage sur la contemplation et l'information.
C'est comme la plupart des films qui t'invitent à un voyage sensoriel, si tu rentres dans le trip tu es captivé, sinon ben tu cherches autre chose que tu trouves pas forcément, d'où les différentes critiques sur le fond...

Pareil. J'ai pas envie de trop m'épancher sur la critique, car le film joue à fond sur le ressenti (qui est oui fort heureusement mieux qu'une Géode)...

Mais vite fait, y a 2 façons de prendre le film, soit on dit ouais bof, quel intérêt ? (une question qui peut se poser sur des pensums mais je trouve pas ici), avec en plus la comparaison avec les 2 supposés chefs d'oeuvre du genre, 2001 et Solaris, qui sont eux perchés, hermétiques, philosophiques.

soit l'autre façon qui consiste à saluer et vivre l'expérience proposée : Car quand même d'un point de vue caméra surdouée et pourtant fluide on n'a pas vu ça depuis des lustres. Et l'aspect simpliste du film est juste à fond dans le thème : la survie dans l'espace, avec les moyens du bord avec au fond l'idée qu'on est très seul dans l'espace, et sur la forme, la sensation de vide, d'apesanteur et d'espace, que perso je n'ai jamais ressenti avec une telle clarté. Bref un contrat rempli au delà de mes espérances (ce rêve dont je parlais d'être projeté dans l'espace), qui transmet émotions et la sensation si claire à regarder le ciel au dessus de soi et de s'y projeter.

Et en ça Gravity rejoint clairement les 2 films cités plus haut, car il donne ici (très humblement) des sortes de réponse à l'immensité de l'espace et à la relation de l'homme avec elle. (Spinnin') En tout cas des visions amenées à rester longtemps dans mon humble regard de cinéphile, de la perfection géométrique qui en ressort.

Poissarde Bullock ? non, chanceuse, car en vrai bien sûr elle devrait crever 1000 fois. Mais c'est un survival, encore eux que les péripéties soient nombreuses (et une fois de plus adaptées au sujet - en plus d'être une belle réflexion sur notre pauvre condition d'habitant de la Terre).

[osorojo]

De toute façon c'est le genre de film pour lequel deux camps vont s'opposer à coup d'arguments redondants sans jamais trouver de consensus.

Je comprends ce que vous y avez appréciez, ce sont les mêmes choses qui m'ont gêné.

Deux perceptions différentes en gros ^^