La Charge de la 8ème Brigade Raoul Walsh - 1964
Film dont j'ai longtemps reculé la vision, ayant été très rarement convaincu par les westerns de Walsh à part
la Fille du Désert et le casting d'inconnu du film ne motivait pas des masses et contre toute attente ça se révèle très sympa. On pense forcément à la trilogie de la Cavalerie de John Ford et heureusement ici on est plus proche de l'excellent
Fort Apache que des 2 autres films ( très moyen je le rappel ).
On suit donc le parcours d'un jeune lieutenant débarquant de West Point en tant que major de sa promo, il se retrouve muté en Arizona aux abords de la frontière mexicaine où sévices les Chiricahuas, il arrive dans un fort délabré avec des hommes démotivés et sans condition, il va faire des erreurs mais on s'éloigne du personnage cliché habituel, même si il a des certitudes ça ne tombe pas dans le nian nian ainsi le héros considère les indiens avant tout comme des adversaires digne de respect et non pas des une sous race à détruire.
La première heure c'est donc le quotidien de ce petit fort où règne le racisme, la fainéantise et où on préfère aller au pute que faire son devoir, notre lieutenant va donc imposer une discipline de fer, c'est vraiment plaisant à suivre.
La seconde heure voit l'arrivé d'un général qui veut régler le problème indien et là c'est écrit un peu à la n'importe nawak, genre on a une scène de pseudo procès qui sert strictement à rien ( on nous donne une raison mais elle est complétement ridicule ), après on a une fin décevante, je pensais qu'on allait aller prendre le chemin de la noirceur, bon je demandais pas le soldat bleu mais je me retrouve devant un western aussi naif que la Rivière de nos amours finalement, c'est dommage car avant ça c'était bien traité et réaliste et là c'est un peu incongru avec un happy end forcé. Et du coup alors que le film est vendu comme un truc un peu sombre et équivalent du
Cheyennes de Ford ( genre le film testamentaire de Walsh ), je trouve qu'ici on est encore dans les films des 50's, on laisse tomber la réalité pour obtenir une fin fantasmé.
Par contre la grosse bataille est visuellement splendide mais sérieux c'est bien la peine d'essayer de rendre cette bataille tactique si pour au final c'est juste montrer les indiens allez s'empaler sur les tirs ennemis, c'est dommage car y avait un gros potentiel mais c'est raté, reste la beauté des images ( ce plan avec les centaines de cavaliers défilant dans le cayon ) et un quota spectaculaire respecté.
Et une nouvelle fois on y trouve des sources d'inspiration du Blueberry de Charlier et Giraud.
La photo de William Clothier ( Liberty Valance ou les Cheyennes quand même ) est splendide, les scènes de désert sont magnifique ( et quel merveilleux plan avec cette cascade en plein désert, mélange d'eau et de sable ). A la réal Walsh du haut de ses plus de 70 ans livre comme il l'a toujours fait un film débordant d'énergie, avec les années son sens du rythme n'est pas parti et il montre une nouvelle une grosse maitrise des séquences d'actions, toujours aussi spectaculaire, toujours à la recherche du montage le plus dynamique possible, jamais à la recherche du beau plan mais du plan le plus efficace possible.
Troy Donahue tient le premier rôle et cet illustre inconnu ( qui a des faux airs de Jon Voight ) se révèle plutôt pas mal dans un rôle de jeune officier pas spécialement facile, il n'a pas forcément de charisme mais ça colle très bien avec le rôle et il arrive très bien à faire passer les émotions de son personnage, le reste du casting est composé d'inconnu, l'acteur le plus connu étant un spécialiste des seconds rôle dans des petites production à savoir Claude Akins qui joue ici une fois de plus une crapule ( pimp en plein désert avec ses roulottes de putes, ce qui donne lieu à une séquence de baston avec des cascadeurs déguisé en femme, c'est assez ridicule ), les 2 persos féminins sont pas mal mais le triangle amoureux aurait gagné a être un peu plus traité, enfin c'est pas ce qui intéressait Walsh visiblement.
La musique de Max Steiner est vraiment bonne, pleine de puissance mais malheureusement elle est un peu trop présente.
Film de fin de carrière recommandable et clairement un pendant naif des Cheyennes, intéressant sur la forme peut être un peu moins sur le propos finalement trop conventionnel.
6,5/10