[Mr Jack] Mes critiques en 2013

[Hulkiss]

Publicité contre l'alcoolémie?...ou contre la superbe démonstration du pouvoir des médias à édifier ou démolir une personne aux vents de l'audimat...J'ai trouvé cette adaptation d'un fait réel, car il ne faut pas l'oublier, même si extrêmement romancée car je doute que l'original est fait un retourné, mais ne pourrait on pas se demander si à jeun, pris de panique, le pilote n'aurait pas envoyé le tout au tapis avec la totalité des passagers six pieds sous terre. Alors non, je ne fais pas l'avocat du diable, mais dans de telles circonstances, il serait surement plus juste de retenir le miracle qui aura sauvé la vie de tant de personnes de par les mains d'un homme hors du commun dans une situation particulière. Et pour ce qui est de l'histoire, personnellement, j'ai autant adoré l'interprétation incroyable de Denzel que la mise en scène de l'abysse de l'addiction extrêmement bien scénarisée dans laquelle on se noie. Chose qui plombera la conscience de ce dernier plus qu'un rattachement à une humanité quelconque ou un de ses représentants, un "éveil" au milieu d'un chaos et d'une tentation permanent tellement bien rendue. En définitive rien de bien antisocial, juste de la faiblesse humaine.

[Mr Jack]

ou contre la superbe démonstration du pouvoir des médias à édifier ou démolir une personne aux vents de l'audimat...

J'en parle justement. C'est un sujet que lance le film et qu'il délaisse au profit de la descente aux enfers d'un homme alcoolique. Le discours de toute fin est gentimment moralisateur, alors que juste avant on pense que ça va être transgressif et méchant, d'où mon petit pique sur l'aspect pub à la con.

En définitive rien de bien antisocial

C'est ça le problème, c'est bien aussi d'être antisocial

[Mr Jack]

⌲ PRISONERS
de Denis Villeneuve avec Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis, Maria Bello, Melissa Leo, Terrance Howard, Paul Dano.

Histoire: Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…

Voilà un film qui répond à toutes les attentes, qui justifie toutes ses comparaisons et ses compliments.

Qui justifie son titre avant toute chose. Car Prisoners est un titre évocateur qui porte plusieurs sens. Prisonniers, tous les personnages le sont plus ou moins, directement ou indirectement. Prisonniers de quelqu'un d'autre de qui ils dépendent de leur vie, prisonniers de leurs croyances, prisonniers de leur colère, de leurs frustrations qui surpassent à un moment donné leurs principes moraux, leur intégrité. Il y a un jeu de miroirs, de glaces qui renvoient un reflet qui montre une autre facette de l'humanité que vous pensez avoir. Les personnages sont tour à tour prisonniers, bourreaux, victimes, coupables, tout ça se brouille et la vérité est quasiment impossible à percevoir. Qu'est ce qui est bon, juste, et tout est-il relatif selon la position qu'on occupe ?

Prisoners est un film complexe filmé avec justesse, froideur, recul. Quand on a Roger Deakins (Fargo, No Country for Old Men, Skyfall) comme chef op', ça facilite déjà pas mal de choses. La photo est superbe, et notre ami Denis Villeneuve (que je découvre pleinement, ici) n'est pas non plus un manche derrière la caméra. Il dirige ses acteurs avec une justesse implacable et absolument tout le casting est au top, voir au delà. Par là j'entends Jake Gyllenhaal qui prouve une fois de plus qu'il est l'un des plus doués de sa génération. Certes, Hugh Jackman a tendance à tirer la couverture mais dans un autre registre, Gyllenhaal, qui campe un détective ultrafocus au look de serial killer fétichiste, maîtrise parfaitement son sujet, plante son regard bleu là où il faut, quand il faut et avec une précision chirurgicale. Le cadre joue beaucoup avec son visage et s'en sert pour animer le récit jusqu'au bout. Le scénario est tenu de bout en bout, je défie quiconque de prédire la fin et de traiter le film de prévisible.

Il y a une sorte de faux rythme très séduisant qui fait, c'est vrai, penser à Zodiac de Fincher, d'ailleurs le côté implacable et froid de la réalisation fait beaucoup écho au metteur en scène de The Social Network. Certes, à quelques moments, l'histoire aurait pu plus faire confiance à son inspecteur, accélérer un peu le processus, ça peut paraître à certains endroits quelque peu attentiste, mais ça fait partie du charme de Prisoners. Pareil, on aurait aimé un peu plus de fougue dans certains plans, il y a des scènes qui sont coupées au mauvais endroit et qui créent une frustration, mais ça c'est de l’exigence devant un matériau qui l'est déjà tout autant.

Le film a une petite étincelle qui le met au dessus de bien d'autres cette année, possède une maîtrise qui force le respect et le place dans les meilleurs thrillers de ces dernières années. Bref, Prisoners est un film à voir, car à la hauteur de la réput' qu'il commence à se faire, et d'une subtilité inattendue.

8.5/10

[Mr Jack]

⌲ REAR WINDOW (1954)
de Alfred Hitchcock avec James Stewart, Grace Kelly.

Histoire: A cause d'une jambe cassée, le reporter-photographe L. B. Jeffries est contraint de rester chez lui dans un fauteuil roulant. Homme d'action et amateur d'aventure, il s'aperçoit qu'il peut tirer parti de son immobilité forcée en étudiant le comportement des habitants de l'immeuble qu'il occupe dans Greenwich Village. Et ses observations l'amènent à la conviction que Lars Thorwald, son voisin d'en face, a assassiné sa femme. Sa fiancée, Lisa Fremont, ne le prend tout d'abord pas au sérieux, ironisant sur l'excitation que lui procure sa surveillance, mais finit par se prendre au jeu...

La première fois que je l'ai vu j'ai été fasciné par le point de vue que voulait donner Hitchcock au spectateur. Cette facilité extrême de poser le regard à l'exact même endroit que les yeux du personnage pour entrer en empathie parfaite avec lui et ainsi ressentir chaque parcelle de ce qu'il vit. Mais Au fur et à mesure des visionnages, j'ai vu au delà du simple regard car la cour représente un monde entier. Celui de Jeffries, certes, mais peut-être même celui de tout le monde.

Rear Window est un film sur l'amour. Jeffries ne veut pas se marier et Lisa elle voudrait faire partie de la vie de son amant. On pourrait trouver ça cliché mais c'est un statut qu'ils portent tous les deux: l'un regarde vers l'exterieur et l'autre ne cesse de lui montrer que l'intérieur a autant de bon. Malgré tout c'est elle qui va faire l'effort de céder une première fois en acceptant son obsession et en s'aventurant vers l'extérieur. Elle lui prouve qu'il a tort et que ce qui compte n'est pas la location géographique dans laquelle se trouve une personne avec une autre mais où elle est avec lui mentalement. Elle lui prouve sa volonté en jouant la femme dont il rêve, une aventurière qui risque sa vie et on le voit tomber ou retomber amoureux d'elle. A l'extérieur, en face d'eux il y a tout ce que Jeffries redoute sur le futur de son couple: la femme seule déprimée, l'homme artiste solitaire, le couple fusionnel qui fait l'amour sans arrêt, et le vieux couple qui s'use, mais avec Lisa il va créer une autre sorte de couple en cédant à son tour au bien-être intérieur. J'adore le plan final où Grace Kelly lit un livre sur le Kilimonjaro pour faire plaisir à son homme et quand elle se rend compte qu'il s'est endormi, reprend sa lecture d'un magazine féminin. Ca prouve à quel point Hitchcock considérait que la femme était le sexe le plus intelligent des deux -manipulateur, aussi (le plan où Kelly s'étale avec sa robe verte devant Stewart, en position dominante est plus qu'équivoque...).

Mais Rear Window c'est aussi un film sur les faiblesses humaines. L'homme est voyeur. Hitch présente Jeffries qui observe ses voisins positionné comme nous en train de le regarder, tranquillement assis dans notre siège. Toujours cette histoire de regard et de donner un sens à chaque image. L'homme est curieux et ne peut s'empêcher s'assouvir son besoin de sensationnel. C'est ce qui le rend humain. Après il construit toute une histoire autour mais c'est ça la base, la nécessité pour l'homme de jouer avec sa vie.

Niveau mise en scène Hitch était au top du top. Rien que dans la scène d'ouverture qui dure trois minutes il y a tout. Toutes les échelles de plans possibles et toutes les variations niveau mouvements de caméra. Le personnage a tous les points de vue, il a l'angle parfait. Tout ça entrainé par une musique bizarre, qu'on ne sait pas trop où placer, dans quel genre ou dans quel style et qui détermine déjà l'ambiance du film.

Et puis je peux pas dire à quel point chaque mouvement sur le visage de James Stewart me bouleverse. Le moment où il se rend compte qu'il vient d'envoyer sa copine risquer sa vie pour son simple désir d'amener du piquant dans sa vie, quand il remarque son impuissance...En une fraction de seconde, le nombre de trucs qu'il dégage, qu'il fait passer, c'est tout bonnement incroyable. De toute façon tout est incroyable dans ce film que j'apprends à connaitre, à analyser à chaque visionnage. C'est pour moi, et avec Vertigo, le plus abouti des films de Hitchcock voir du cinéma tout court.

10/10 (of course)

PS: Le Blu Ray est magnifique (comme d'hab chez Universal). Le moment où Grace Kelly se penche sur Stewart (telle une lionne prête à manger sa proie, btw) n gros plan, c'est...pff que dire...sublime, rien que ça, ça vaut les 15 euros d'achat.

[Scalp]

Surnotage détecté.

[zack_]

Peut etre mais un avis qui fait plaisir à lire, bon de là à être bouleversé par le visage de Stewart non quand même, je préfère Kelly

[angel.heart]

Bah moi il m'avait bien emmerdé celui-la. Comme un Hitchcock sur deux, en fait...

[Mr Jack]

Surnotage de quoi, monsieur je mets 10/10 à Pain & Gain ?

C'est un film parfait, avec des dizaines d'angles pour l'analyser. On peut ne pas aimer Hitchcock mais c'était un vrai metteur en scène qui croyait vraiment au pouvoir de l'image sur celui qui regarde et qui utilisait vraiment des techniques propres au cinéma, ce qui rendait son cinéma pur et inépuisable. Après on le trouve surcoté ou pas (perso je trouve qu'on galvaude trop ce terme à tord et à travers) mais il faisait ses films avec passion pour les passionnés. Et quand tu regardes la scène de douche de Psychose (ou on t'apprend la vraie utilité du gros plan), la scène de début de Rear Window (cf ma critique), l'attaque des Oiseaux (ou comment te faire sentir oppressé rien qu'en accélérant les coupes) ou la traque obsessionnelle de Stewart sur Novak dans San Francisco dans Vertigo, tu comprends soudain tout au cinoche, en tout cas moi c'est en voyant ça que j'ai eu envie de voir tous les films du monde.

Et puis Stewart me bouleverse là, dans Vertigo c'est pire, c'est comme Elizabeth Taylor dans Soudain l'été dernier, en un sanglot j'ai envie de mourir avec elle.

[Alegas]

Surnotage de quoi, monsieur je mets 10/10 à Pain & Gain ?

Nice one.

[Scalp]

Ca va vous durez longtemps cette note on dirait, autant que le 0 à venir de Gravity

[Alegas]

Ah mais le 0 à Gravity vas-y, au mieux tu seras suivi par 3 pèlerins, mais ça sera tout.

[Scalp]

La majorité si tu savais ce que je m'en branle

[Mr Jack]

Moi vos petits jeux d'apparence je m'en fous, mais viens pas me dire que je surnote un chef d'oeuvre quand toi même tu mets 10 à Pain & Gain.

[Scalp]

Sauf que ton Hitchcock c'est loin d'être un chef d'oeuvre, un bon film oui, mais pas un chef d'oeuvre, y a des carences au niveau de l'écriture un peu gênante pour un thriller.

[Mr Jack]

Carence de quoi ? C'est pas uniquement un thriller d'ailleurs, c'est bien plus que ça. Si tu cherches la petite bête évidemment que tu vas trouver des incohérences, mais même le plus grand des chef d'oeuvres tu peux pointer du doigt quelques erreurs. Rear Window c'est un film comme sa musique, difficile à cerner et à ranger dans une case. C'est un thriller oui mais c'est plus une aventure humaine avec en fond de toile un drame/une enquête.

Prisoners je veux bien qu'on aille piocher ses failles parce que c'est un film de genre mais là non.