Elysium - Neil Blomkamp - 2013
A ce jour, Elysium est clairement ma plus grosse déception de l'année 2013. J'ai beau chercher, je ne vois pas de film de SF qui m'ai plus réjoui que District 9 ces dernières années, mis à part Les Fils de l'Homme, qui joue cependant dans un registre plus orienté vers l'anticipation arrosée de post-apocalypse. C'est dire à quel point mes attentes étaient élevées concernant le second film de Neil Blomkamp. Las, en dépit d'un budget plus que confortable (115 millions contre 30 pour District 9), le nouveau venu échoue pratiquement dans tous les compartiments qui faisaient la force du petit frère. Première tare, et pas des moindres, une shaky cam crispante au possible qui se justifiait parfaitement dans la relecture de l'apartheid évoquée dans District 9 mais qui n'a pas sa place dans le cas présent. Et ça fait vraiment chier car dès que la caméra se pose, on peut difficilement cracher dans la soupe. L'univers créé par l'équipe du film a de la gueule, que ça soit la fameuse station qui donne son titre au film comme les armes et gadgets particulièrement fun avec lesquels les protagonistes se mettent sur la tronche (notmment des fusils chargers qui balancent des ions et envoient la purée comme il faut). Elysium est belle et aseptisée, comme ses occupants, et c'est là son problème. En fait, il ne s'y passe rien. L'élite et ses petits culs serrés s'y emmerde royalement, et nous avec.
Tout ça pour ça...
Sur terre, la populace s'agglutine dans des ghettos où règnent la précarité et les maladies. Tout le monde rêve de rallier Babylone pour s'y soigner et vivre enfin, plutôt que de survivre. Le bon Matt Damon (pas mauvais, mais jamais transcendant), ex crack de la cambriole multi-récidiviste en quête de rédemption, se voit dans l'obligation de renouer avec ses mauvaises fréquentations suite à un accident de travail. Il ne lui reste que quelques jours à vivre et il doit rallier Elysium vaille que vaille. Affublé d'un exosquelette, on se dit que ça va charcler sévère dans les chaumières. En fait, pas vraiment. Il y a bien quelques scènes d'action relativement correctes mais elles sont à chaque fois parasitées par cette caméra montée sur ressort... Sharlto Copley, excellent dans District 9, en fait des tonnes cette fois ci et balance de la punchline sentencieuse et caricaturale. C'est bien dommage car ça aurait pu être une belle raclure. Jodie Foster est elle à côté de la plaque, crispée de l'entre-sourcils dans son rôle de super-ministre de la défense/garde des sceaux/ministre de l'intérieur, véritable thermomètre régulateur de la station du bonheur. Le film est également très manichéen et nous refait le coup de la lutte des classes de manière peu inspirée. Il faut également se coltiner quelques facilités scénaristiques exaspérantes dignes d'un débutant et se farcir une bonne louche de guimauve avec une storyline impliquant la girlfriend du héros et sa fille... Jamais navrant, le résultat fait simplement montre d'un manque d'ambition eu égard à son univers. Il recycle aussi de manière assez éhontée tous les thèmes de son prédécesseur. Je le redis une seconde fois, ça fait chier! Au final, un film tout juste moyen, pas plus pourri qu'un autre, mais terriblement décevant au vu du talent entrevu auparavant chez son auteur. Fuck!(jamais 2 sans 3)
5/10