L'Assassin habite au 21 HG Clouzot - 1942
Du giallo avant l'heure, dès l'intro et son meurtre en vue subjective on se dit que Bava et cie ont vu le film, alors l'enquête pourrait faire penser à du Agatha Christie mais en moins chiant et plus drôle mais le dénouement c'est du Sergio Martino avec un "twist" qu'on voit pas venir et qui finalement pose les jalons de tout un pan des films de tueurs à venir.
Comme dans Quai des orfèvres le film dispose d'excellents dialogues à la Audiard signé Clouzot himself ( je trouve ça vulgaire pour l'époque quand même ), le ton est sans concession et très acerbe, et les personnages sont tous vif d'esprit avec un art de la répartie de premier ordre, et Clouzot on voit que la censure ça doit le titiller un peu parce qu'il ose déjà pas mal avec ce premier film, c'est assez cru ( y a une scène de séduction qui ose pas mal pour l'époque) et Clouzot est fort pour les sous entendus.
Le coté Agatha Christie c'est forcément la galerie haute en couleur de coupable potentiel : un valet imitateur d'oiseaux, un magicien, un ancien médecin, un ancien officier des Indes, un boxeur aveugle, une vieille bique ... enfin du beau monde tour à tour coupable, car le scénario est malin extrêmement malin car jamais on ne peut dire avec assurance qui est le coupable, on peut avoir des doutes sur chacun mais chaque fois un élément vient tout remettre en question.
Le film ose aussi dans sa narration car pendant près de 20 minutes on a quasiment aucun personnage majeur du film à l'écran, faut oser quand même.
Bon le casting à part Suzy Delair ( compagne de l'époque de Clouzot ) une nouvelle fois pleine de gouaille qui lui donne un coté irritant mais attachant, je connais pas le nom des gars, y a bien quelques têtes que j'ai déjà vu mais je serais incapable de dire qui est qui, donc mention au flic tenace et malin qui rappel dans un style un peu plus sobre le flic de Quai des Orfèvres, sinon le colonel boiteux est savoureux.
Sur la forme c'est marrant on a jamais l'impression d'être devant un film français mais on est plus dans une ambiance Londonnienne. Et puis ouvrir son film sur un meurtre en vue subjective démontre déjà que Clouzot pour son premier long, sait où il va et sait ce qu'il veut faire, la suite du film sera du même acabit avec un beau noir et blanc où ça joue très bien des ombres et on voit que Clouzot prend soin tout particulièrement du placement de ses personnages dans le cadre, rien n'est laissé au hasard.
Voilà rétro Clouzot terminé, la Prisonnière ça me tente pas du tout, Clouzot c'est donc du cinéma intemporel et un gars qui a sa place dans l'histoire.
7,75/10