⌲ CLOUD ATLAS (2013)de Andy & Lana Wachowski et Tom Tykwer avec Tom Hanks, Halle Berry, Jim Broadbent, Hugo Weaving, etc.
Histoire: À travers une histoire qui se déroule sur cinq siècles dans plusieurs espaces temps, des êtres se croisent et se retrouvent d’une vie à l’autre, naissant et renaissant successivement… Tandis que leurs décisions ont des conséquences sur leur parcours, dans le passé, le présent et l’avenir lointain, un tueur devient un héros et un seul acte de générosité suffit à entraîner des répercussions pendant plusieurs siècles et à provoquer une révolution. Tout, absolument tout, est lié.
Une fable pacifique riche, variée, fouillée qui semble infinie malgré sa naïveté enfantine.
Il fallait non pas un ni deux mais trois réalisateurs pour réaliser une oeuvre aussi dense et riche que Cloud Atlas. Trois heures durant lesquelles on ne s’ennuie absolument jamais, entrecoupées en six storylines, entrelacées de manière soignée, précise même si parfois abrupte, toutes animées par le même message qui vont les forcer à s'entremêler en une tresse commune qui va former un tronc chronologique (ou non, difficile de tout saisir) qui part de 1849 et qui se termine en 2321, surtout reliées par une croyance, une symphonie, celle d'une histoire racontée par un vieil homme ou d'une idée fine comme une petite goutte qui doit se pérenniser dans le passé comme le futur.
Cette croyance insufflée dans toutes les petites histoires et qui finit par surgir dans la grande, cette spiritualité est à la fois ce qui donne de la vie au récit, ce qui le fait tenir pendant autant de temps, et également la retenue que je dois avoir envers le film parce que les Wachowski ont toujours eu la même vision utopique et rêvée de la paix parmi les hommes. La rébellion, le bétail humain, les faibles contre les forts, la nécessité d'un(e) élu(e), tout ça était déjà présent dans Matrix et revient ici sous une forme, certes plus variée, mais toujours avec cette naïveté qui me dérange.
« Our lives are not our own. From womb to tomb, we are bound to others. Past and present. And by each crime and every kindness, we birth our future. »Tout ça reste beau, surtout dans le geste -même si je rentre totalement dans le discours sur la vie et la mort. Cloud Atlas fait partie des films les plus beaux visuellement qui m'ait été donné de voir. Et même si le film se repose sur un livre, les Wachowski restent dans les plus grands créateurs du cinéma. Au sens noble et technique du terme, je veux dire. Il y a très peu de cinéastes capables de créer ou de recréer de tels univers, et avec une si grande méticulosité (des décors au maquillage, tout est parfait) tout en laissant part inhérente à l'action. Dans les petits détails, c'est fou que ce film est riche, mais comme l'était Matrix d'ailleurs. L'imagination au profit du septième art, c'est rare de voir un film comme ça bercé par l'amour du cinéma total, libre et engagé. James Cameron peut aller se rhabiller avec son Avatar qui à côté fait vraiment pitié tellement il semble peu inspiré et manichéen jusqu'à l'os.
Mais il n'y a pas que sur la forme de Cloud Atlas force l'admiration, l'écriture également. Ca peut dérouter d'assister à un objet aussi étrange, mais si on regarde la structure du film autrement, on croirait assister à une série télévisée de trois heures, avec des intrigues différentes qui se déroulent de manière synchrone mais dans des temps chronologiques différents. Vu comme ça, trois heures d'un tel spectacle parait trop peu. Mais même j'aime beaucoup le style d'écriture, cette façon de lier tous ses personnages, parfois de près, parfois de loin ou de manière très discrète, comme ces petites voix qui semblent se cacher derrière celles des personnages qui parlent. Cette façon de marcher par binôme et de laisser soin au spectateur de, comme ça, mettre son aiguille dans le noeud qu'il aperçoit et relier par lui-même les fils. En somme c'est à la fois maîtrisé et participatif. Du cinéma total comme on aimerait en voir plus souvent.
8.5/10