Payback, Brian Helgeland (1998)
Il surprend ce nouveau montage, tant il change la portée du film, plus radical et bad-ass que jamais ! Exit la dernière partie avec le fils du boss et la fin gentillette, les touches d'humour sont moins présentes, et de nouvelles séquences viennent s'ajouter, qui permettent comprendre autrement la relation de Potter avec sa femme et sa cliente.
Or, je trouve que ces modifications collent vraiment bien avec le genre du film, du pur néo-noir, et donc aussi avec l'esprit du personnage principal, homme de principes qui fait tout pour récupérer son pognon qu'on lui a volé, ni plus ni moins (j'aime beaucoup le running-gag autour ce pinaillage, néanmoins moins appuyé que dans sa version ciné). Et Potter ce n'est pas un rigolo, et inspire plus de crainte que les prétendus gros méchants qu'il poursuit pour qu'on lui rende son fric. Mel Gibson à ce titre signe une très bonne prestation, un beau connard (l'introduction est géniale quand il se refait en se servant des autres) froid et implacable (flirtant entre professionnalisme et vengeance), mais qui attire néanmoins notre sympathie, car il a une putain de classe, sa motivation est pure, et il a du respect pour la gente féminine (du moins plus que ses camarades).
Et tant pis pour ceux qui se mettent en travers de son chemin, tout aussi salauds que lui, qui essaient de profiter de sa situation. La tension monte progressivement d'un cran, avec un beau chassé-croisé de truands qui se mettent sur la gueule pour notre plus grand plaisir. A ce titre, les scènes d'action sont toujours aussi efficaces, expéditives, et jouissives, avec un bodycount encore plus impressionnant que dans l'ancien montage. Parlant justement des seconds rôles, que des raclures hormis peut-être la prostituée de luxe. C'est l'un des autres gros points forts du film, cette galerie de truands accrochés aux couilles de Potter, avec le sadique, la tueuse SM (magnifique Lucy Liu) accompagnée de ses chinois belliqueux, les ripoux, et la petite merde opportuniste.
Puis enfin la réalisation est vraiment sympa, avec ses ambiances bleutées et enfumées, portée par une musique jazzy, malheureusement moins présente que dans la version ciné. D'ailleurs je serais bien en peine de dire ma préférence entre les deux versions tant les deux montages offrent une expérience différente, le montage ciné étant plus fun et rigolo, tandis que l'autre se noie dans la noirceur déjà bien présente de cette intrigue tournant aux règlements de compte ultra violents où personne ne sera épargné.
Au fond, ce film n'a rien de révolutionnaire, mais c'est du bon polar à la charpente classique, épuré au maximum qui s'apprécie justement dans la simplicité de ce qu'il propose, allant droit à l'essentiel et sans détours, s'offrant au passage un excellent casting (un des meilleurs rôles de Mel) .