[nicofromtheblock] Mes critiques en 2013

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VACAS
Julio Medem - 1992
6,5/10

Dès son premier film, le réalisateur espagnol Julio Medem imprime son style symbolisé par une ambiance mystérieuse et onirique. Il nous plonge ici dans un récit ambitieux retraçant la rivalité entre 2 familles sur 3 générations entre 1875 et 1936. En 1875, 2 jeunes voisins Manuel et Carmelo sont envoyés à la guerre pour affronter les carlistes : Manuel s'en sort en se faisant passer pour mort pendant que Carmelo se fait tuer. 30 ans plus tard, la rivalité entre leurs fils Ignacio et Juan, tous 2 devenus bûcherons, est à son apogée mais Ignacio est amoureux de Catalina, la sœur de Juan ...

Julio Medem filme donc cette grande fresque familiale d'une façon assez onirique sous le regard hagard de plusieurs générations de vaches qui pèsent sur le film comme une entité fantastique. D'ailleurs, Manuel devenu grand père, passera sa vie à peindre des vaches comme si elles étaient une figure protectrice de sa famille. Cette ambiance est aussi accentuée par la première collaboration entre le réalisateur et le compositeur Alberto Iglesias.

Dès ce premier film, on retrouve un casting d'habitués qui retravailleront avec le réalisateur. Carmelo Gomez et Kandido Uranga ont la particularité de jouer plusieurs rôles : les pères puis les fils à l'âge adulte. Et la jeune Emma Suarez joue le rôle de Cristina, cette jeune fille libre qui ne prendra pas parti dans cette rivalité. Tous s'en sortent plutôt bien.

Au final, voici un premier film ambitieux qui manque peut-être d'un peu de budget pour être à la hauteur de ses ambitions : il n'y a pas un gros travail sur la photographie et la mise en scène. Mais le film se suit aisément et est déjà très prometteur quant à l'avenir du réalisateur.

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L'ECUREUIL ROUGE
Julio Medem - 1993
7/10

Pour son second film, Julio Medem s'inscrit dans un genre qui fera son succès : le drame aux accents fantastiques. On suit ici l'histoire de Jota, un jeune homme qui est sur le point de se suicider lorsqu'il est témoin d'un accident de moto. La jeune femme accidentée a perdu la mémoire et il décide de se faire passer pour son petit ami auprès des secours. Mais pour éviter les questions des médecins, il l'emmène en camping près d'un lac où ils vont faire la connaissance d'une famille voisine ...

On retrouve déjà dans ce film un fort potentiel érotique devenu la marque du réalisateur. Les 2 personnages vont entamer une relation passionnelle mais la tension va monter au fur et à mesure que la jeune femme va retrouver la mémoire. Il est d'ailleurs déjà question d'hypnose, thème qu'on retrouvera dans Caotica Ana. Le réalisateur arrive plutôt bien à mélanger les genres entre drame et thriller tout en instaurant une ambiance assez pesante (Alberto Iglesias est toujours à la musique).

Le trio d'acteurs Emma Suarez/Nancho Novo/Karra Elejalde est le même qu'on retrouvera dans son film suivant Tierra. Le réalisateur joue sur la ressemblance physique entre Novo et Elejalde pour accentuer la confusion du personnage féminin qui ne fait plus la différence entre la réalité et ses souvenirs. Julio Medem sait également mettre en valeur son actrice Emma Suarez qui dégage une grande sensualité. Le film est néanmoins marqué par des personnages au look très 80's.

Au final, ce second film de Julio Medem s'appuie sur une ambiance réussie et un scénario flirtant avec le thriller qui nous tiennent en haleine tout du long. Par contre, il faut noter une course poursuite en voiture tellement mal montée qu'elle en devient risible. Et comme sur Vacas, il est dommage qu'il n'y ait pas d'avantage de travail sur la photographie un peu fade.

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TIERRA
Julio Medem - 1996
6,5/10

Avec Tierra, Julio Medem s'oriente encore d'avantage vers le fantastique avec un sujet qui fait un peu penser à Sixième sens de M. Night Shyamalan. On y suit Angel, un représentant commercial qui fait la tournée des vignobles pour promouvoir la désinsectisation contre les cochenilles. Sur sa route, il va faire la connaissance d'Angela, une femme vivant avec son fille et son père fraîchement veuf et Mari, une jeune motarde qui couche à droite à gauche. Entre les 2, son cœur balance ...

Dès la scène d'introduction et la foudre qui frappe un mouton, le réalisateur met en place une ambiance étrange traitant de la fatalité, du cycle de la vie et du deuil. Prenant comme décor la campagne espagnole et ses grandes plaines recouvertes de vignes, le film traite également du rapport de force de l'homme avec la nature.

Dans le rôle principal, Carmelo Gomez joue un homme qui semble avoir un dédoublement de personnalité et s'adresse à une voix intérieure. A ses côtés, les 2 femmes qui se partagent son cœur sont interprétées par Emma Suarez et Silke. Comme à son habitude, le réalisateur les met parfaitement en valeur grâce à sa mise en scène "érotisante". Dans les seconds rôles, on retrouve Karra Elejalde et Nancho Novo qui avaient déjà joué dans d'autres films du réalisateur.

Ici, Julio Medem va encore plus loin dans l'onirisme que ses précédents films jouant sur des scènes métaphoriques et poétiques pour symboliser ses thématiques. D'ailleurs, ça n'est pas un hasard si ses personnages principaux se prénomment Angel et Angela ... Pour ce qui est de la musique, Alberto Iglesias reste fidèle au poste et livre une bande son toujours aussi envoûtante.

Au final, Julio Medem nous livre un troisième film qui marque définitivement son style : un drame à l'ambiance pesante et mystérieuse. Les thématiques abordées ne m'ont pas particulièrement touché mais je suis sûr que le film se bonifiera à la seconde vision.

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LES AMANTS DU CERCLE POLAIRE
Julio Medem - 1998
8/10

A ce film, Julio Medem délaisse un peu les histoires d'amour charnelles et passionnelles pour quelque chose de plus romantique. On suit Otto, jeune garçon dont les parents sont séparés et Ana, jeune fille dont le père est mort qui vont se rencontrer lorsque leurs parents respectifs vont sortir ensemble. Se retrouvant sous le même toit, ils vont progressivement développer des sentiments amoureux l'un pour l'autre ...

On suit leur relation sur 3 périodes : l'enfance, l'adolescence et l'entrée dans l'âge adulte à la manière de La solitude des nombres premiers. Julio Medem opte pour une narration restructurée qui alterne le point de vue des 2 personnages accompagnés d'une voix-off. Et il redouble d'ingéniosité dans le montage et les transitions pour passer d'un point de vue à l'autre et d'une période à une autre.

Les personnages principaux sont interprétés par Fele Martinez et Najwa Nimri, tous les 2 très bons. Lui tombe tout de suite amoureux d'elle, ils entretiennent une relation secrète à l'adolescence puis tout s'écroule quand Otto perd sa mère et décide de tout plaquer. Ils se perdent de vue jusqu'à ce que leur chemin se recroise en Islande, à la limite du cercle polaire. Le réalisateur définit parfaitement ses personnages à fleur de peau et on s'attache rapidement à leur histoire.

Au final, Julio Medem nous livre une belle romance traitant de la notion d'âme sœur et de destin. Les 2 acteurs sont excellents et la musique d'Alberto Iglesias colle toujours aussi bien à l'ambiance du film. Beau et touchant.

[Mark Chopper]

Je ne commente pas, vu que je n'ai vu que Lucia et le sexe et Room in Rome, mais je suis ton cycle Medem avec attention

[nicofromtheblock]

Il m'a fallu du temps pour m'y mettre mais maintenant je suis lancé : les 3 dernières critiques arrivent dans la soirée.
Si t'as vu Lucia et le sexe et Room in Rome, t'as déjà vu les 2 meilleurs.

[Mark Chopper]

Tu as pris le coffret espagnol ou tu t'es fourni en Albanie ?

[nicofromtheblock]

Je me suis fourni en Albanie pour ceux qu'il me manquait mais je pense que j’achèterai le coffret un de ces jours.
39€ sur le site de Potemkine, je ne trouve pas ça encore trop cher.

[puta madre]

Je suis moi-même en plein découverte/redécouverte des films de Julio Medem. Je me suis procuré le coffret espagnol il y a 3-4 mois et je dois avouer que je suis moins avancé que toi dans mes visionnages. Pour l'instant, j'ai juste vu Vacas et L'écureuil rouge. Il me reste 2 films à découvrir (Tierra et Caotica Ana) et 2 à revoir (Les amants... et Lucia...) + Room in Rome qui n’est pas dans la box.

L'écureuil rouge, je l'avais vu il y a une quinzaine d'années et, à l'occasion de cette redécouverte, je suis vraiment tombé sous le charme. J'ai particulièrement apprécié son histoire d'amour atypique et l'ambiance irréelle, aux frontières du fantastique, instaurée par Medem et renforcée par des mouvements de caméra "expressionnistes", qui permet de faire avaler les grosses coïncidences de l'intrigue et quelques moments "autres" (le passage dans la voiture avec le boyfriend). Les 2 acteurs principaux sont vraiment excellents (Emma Suarez est juste ).

Je rejoins ton avis sur Vacas: beaucoup de bonnes choses, mais pas tout à fait abouti.

[nicofromtheblock]

LUCIA ET LE SEXE
Julio Medem - 2001
8,5/10

Ce cinquième film de Julio Medem est certainement le plus ambitieux et le plus abouti scénaristiquement comme visuellement. On y suit les vies entrecroisées de plusieurs personnages. Lucia vient de se faire plaquer et part se changer les idées sur une île isolée du monde. Elle y fait la connaissance d'Helena, une femme qui a perdu sa fille. En flash-back, on découvre également sa rencontre avec Lorenzo et le début d'une relation passionnelle. Petit à petit, le destin des différents personnages se met en place ...

Avec ce scénario complexe, le réalisateur nous livre une réflexion sur le métier d'écrivain et l'inspiration puisque Lorenzo est romancier et que petit à petit la réalité et la fiction se mélangent, en particulier quand il fait la connaissance de Belen et qu'il se sert des histoires qu'elle lui raconte pour créer ses personnages. Mais le film traite également, comme souvent chez le réalisateur, de la passion amoureuse à travers la relation entre Lucia et Lorenzo ainsi que du deuil à travers l'histoire d'Helena.

Niveau mise en scène et photographie, c'est également le film le plus abouti du réalisateur qui s'est appliqué pour nous livrer un film à l'esthétique travaillé jouant sur les lumières saturées de cette île ensoleillée. Et Alberto Iglesias est toujours là pour nous livrer l'une de ses plus belles compositions qui participe grandement à cette ambiance poétique.

Côté interprétation, c'est bien sûr Paz Vega qui crève l'écran dans un rôle tout en sensualité d'une jeune femme un peu perdue dont on découvre progressivement le passé en flash-back. Mais Elena Anaya n'est pas en reste dans le rôle de Belen, la jeune babysitter qui se laisse entraîner dans une aventure avec Lorenzo. Et puis, on retrouve la jolie Najwa Nimri (vu dans Les amants du cercle polaire) dans le rôle d'une mère qui a perdu sa fille et qui s'efforce de retrouver le goût à la vie en discutant avec un inconnu sur internet. Julio Medem fait donc la part belle aux femmes dans ce film. Mais elles gravitent toutes autour du personnage de Lorenzo joué par Tristan Ulloa.

Au final, Julio Medem livre ici son film le plus abouti tout en gardant son style bien à lui symbolisé par une ambiance étrange et poétique. Et il met tellement bien en valeur ses actrices que ça fait plaisir d'y retrouver Paz Vega et Elena Anaya. Objectivement, c'est certainement son meilleur film à ce jour même si je garde une légère préférence pour Room in Rome.

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CAOTICA ANA
Julio Medem - 2007
7/10

Voici le sixième film de l'espagnol Julio Medem toujours inédit en France. C'est certainement son film le plus étrange. On y suit l'histoire d'Ana, une jeune artiste qui vit dans une sorte de grotte coupée du monde avec son père jusqu'au jour où une mécène la découvre et lui propose d'intégrer une école d'art à Madrid. Elle y rencontre Linda qui deviendra sa meilleure amie, Said pour lequel elle aura un coup de foudre et Anglo, un jeune homme qui pratique l'hypnose. Mais quand celui-ci va lui proposer de l'hypnotiser, sa vie va changer ...

Le film traite de la mort, de la réincarnation, du féminisme et des femmes martyrs, tout cela au travers des expériences qu'Ana va vivre sous hypnose. En effet, elle va revivre le destin plus ou moins tragique de femmes ayant vécu des décennies voir des siècles auparavant parmi lesquelles la mère de Said et une amérindienne qui a vécu au moment de la découverte de l'Amérique.

Le réalisateur arrive toujours à mettre en place une ambiance étrange chapitrant son film de 10 à 0 comme le décompte qui permet de mettre quelqu'un sous hypnose. Il joue beaucoup sur les symboliques de façon intelligente mais j'ai trouvé la scène de fin avec le politicien américain un peu "too much" dans la symbolique de la femme martyr ...

La jeune Manuella Velles porte le film sur ses épaules dans le rôle principal de cette jeune "hippie" qui découvre le monde et se découvre une capacité déstabilisante à revivre des vies passées l'aidant à trouver sa voie dans sa propre vie. A noter qu'on retrouve également l'acteur français Nicolas Cazalé dans le rôle de Said ainsi que Charlotte Rampling dans le rôle de Justine, la mécène qui la découvre.

Au final, ce sixième film est clairement le plus difficile à aborder tant cette histoire est étrange. Néanmoins, si on rentre bien dans le film, il se suit avec plaisir et fait réfléchir. Et puis, Manuella Velles est une belle découverte. A noter que c'est la première fois que le réalisateur ne collabore pas avec Alberto Iglesias et les compositions de Jocelyn Pook sont beaucoup moins marquantes.

[Mark Chopper]

Ta critique de Lucia manque de captures

[Moviewar]

Je connaissais pas ce Lucia !

@Mark, il lui reste Room in Rome pour se rattraper

[nicofromtheblock]

Allez, parce que c'est vous, je vais faire des captures de Lucia y el sexo et Room in Rome.

[nicofromtheblock]

ROOM IN ROME
Julio Medem - 2010
8,5/10

Voici mon film préféré du réalisateur, Objectivement, il est moins ambitieux que Lucia y el sexo mais à chaque fois que je le vois, je reste envoûté du début à la fin par cette romance à fleur de peau. C'est un peu le film-somme de Julio Medem sur les thèmes de la sensualité et de la passion amoureuse.

On y suit donc Alba, jeune femme espagnole et Natasha, jeune femme russe qui se rencontrent lors de leur séjour à Rome. Chacune devant repartir dans son pays respectif le lendemain, elles décident de passer la nuit ensemble dans une chambre d'hôtel. De fil en aiguille, elles vont apprendre à se connaitre mais quelle est la part de vérité et de mensonge dans leurs histoires ?

Le réalisateur nous livre un huis-clos qui se déroule du début à la fin dans une chambre d'hôtel. Les actrices s'y livrent corps et âme : elles sont nues la majeure partie consommant assez rapidement cette passion qui les anime. Et comme à son habitude, le réalisateur sait mettre en valeur ses actrices de façon érotique et sensuelle.

Au fur et à mesure que la nuit avance, les personnages se dévoilent dans leur caractère et leurs sentiments faisant passer leur nudité au second plan. Et Julio Medem sait toujours aussi bien instaurer une ambiance poétique en donnant une place prépondérante aux tableaux se trouvant aux murs de leur chambre. Et la scène finale dans la salle de bain est tout simplement magnifique dans sa symbolique. Quant à la musique de Jocelyn Pook, elle participe parfaitement à l'ambiance du film. Et la chanson "Loving strangers" de Russian Red qui revient à plusieurs reprises nous reste en tête bien après la fin du film.

Elena Anaya et Natasha Yarovenko sont sublimes et se livrent totalement dans cette histoire d'amour impossible. On s'attache rapidement à ces 2 personnages fragiles qui dévoilent petit à petit leur passé. L'une vit encore le deuil du fils de son ex-petite amie tandis que l'autre est sur le point de se marier et tente de vivre dans l'ombre de sa sœur jumelle qui est actrice. L'alchimie entre les 2 actrices est parfaite et on se laisse prendre totalement dans leur histoire d'amour.

Au final, Julio Medem nous livre une superbe romance portée par 2 actrices au sommet de leur talent. La passion amoureuse entre 2 femmes n'a rarement été aussi bien mise en valeur que dans ce film. Je me rend compte que j'ai quand même un regard très masculin sur le film et que si l'histoire avait été entre 2 hommes, j'aurais certainement été beaucoup moins conquis mais ça reste malgré tout une histoire d'amour universelle.