Prisoners |
Réalisé par Denis Villeneuve Avec Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis USA Drame -2013- 2h23 |
9/10 |
SynopsisDans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller.
CritiqueAprès le puissant "Incendies", Denis Villeneuve revient avec un sujet tout aussi dramatique, servi par un scénario ciselé pour un métrage qui ne pourra laisser indifférent sur le thème du revenge movie.
Un film qui est loin d’être linéaire, mais offre une tension constante, avec un démarrage rapide dans le vif du sujet et une émotion grandissante qui ne lâchera jamais le spectateur face aux nombreux rebondissements qui nous sont offerts grâce au doute permanent sur l'identité du coupable qui oscille d'un personnage à l'autre et la dualité forte ancrée dans les 2 personnages principaux à la fois opposés et similaires.
Une mise en scène sobre mais efficace, avec une ambiance froide, grise enneigée qui est accord avec la dramaturgie de l'histoire. Villeneuve arrive à capter les émotions de façon subtiles, avec une grande part sur les regards qui parfois en disent long, d'autres sont trompeurs. Un bel effort aussi sur les profondeurs de plans et le travail photographique et du jeu des contrastes (Roger Deakins ).
Le casting est quasi-parfait avec un Jake Gyllenhaal incarnant l’enquêteur comme dans Zodiac, qui garde pourtant une face d'ombre car on assiste uniquement à son enquête et aucun plan ne porte sur sa vie privée. Néanmoins, les quelques tatouages nous font penser que tout n'a pas été rose.
Pourtant ce flic est loin d’être un protagoniste lisse, mais au contraire, le gentil cop évolue au fil de l'histoire, se rapprochant de plus en plus du personnage de Jackman, qui devient de plus en plus borderline, n'hésitant pas à se la jouer solo et ne plus respecter les lois.
Gyllenhaal est aussi bourré de tics tensionnels et offre une prestation crédible celui du fil conducteur.
Hugh Jackman délaisse ses griffes, tout en conservant un coté sauvage et instinctif du père protecteur avec une dualité qui nous fait osciller entre l'empathie et le dégoût. Un père modèle en apparence, mais qui a un passé houleux refoulé qui lui donnent des réactions de survie primaires.
Jackman est très impressionnant surtout dans les séquences où il hausse le ton, avec un rôle qui sent l'oscar.
Le personnage du père est intéressant car il est sans cesse empli de doute sur ses faits et gestes même s'il ne l'exprime pas forcément. Il doit mentir à sa propre famille pour la protéger. Un coté chasseur et animal aux instincts refoulés qui sera capable du pire.
Maria Bello est un peu sous-exploitée et vraiment pas du tout mise en valeur physiquement conformément à son rôle de mère meurtrie mais offre un ou 2 séquences fortes en émotions.
Melissa Leo est elle aussi méconnaissable physiquement, vieillie et qui est bluffante de vérité comme à son habitude, elle n’arrêtera pas de nous surprendre.
Paul Dano est encore une fois exceptionnel dans les pas d'un Edward Norton, et on peut dire qu'il a la gueule de l'emploi et un sacré talent.
Contrairement à d'autre films du genre "Death sentence" ou "A vif", le film est beaucoup plus réaliste et intimiste, qui prend littéralement aux tripes, sans aucun surjeu ou surenchère gardant néanmoins le même dilemme moral de base.
Métrage poignant qui montre une part de violence mais sait jouer sur des éclipses pour ne pas tout montrer et laisser place à l’imagination du spectateur sur des moments forts. Mais parfois la violence physique est encore en dessous de la violence psychologique omni-présente avec un doute constant sur les destin des fillettes et l'identité du criminel.
Les deux protagonistes principaux s'entraident, s'affrontent et se rejoignent au fil de l'intrigue en toute simplicité.
Une tension palpable à la "Gone baby gone" qui reste omni-présente.
Difficile de trouve des défauts à ce film qui sera aux coudes à coudes avec Django pour le top de cette année.
A la fois drame familial puissant et thriller psychologique captivant, le film s'en sort mieux sur le coté affectif que sur le coté enquête avec des indices un peu trop voyants parfois ou des fausses pistes inutiles.