The World's End (Le Dernier Pub avant la Fin du Monde) de Edgar Wright
(2013)
Peut-être bien le meilleur opus de la Blood & Ice Cream Trilogy entamée par Edgar Wright, et peut-être même bien le meilleur film de ce dernier, tout simplement. S'il fallait résumer The World's End dans la filmographie de son auteur, on évoquerait certainement un script à la fois touchant et intelligent, en plus d'une œuvre totalement maîtrisée sur la forme, qui permet à l'ensemble d'être bien plus qu'une simple comédie british et qui risque donc de très bien vieillir avec le temps. Partant d'un postulat de départ finalement assez simple, The World's End se veut être la conclusion logique d'une trilogie beaucoup plus profonde qu'elle n'y paraît. Là où beaucoup y voient seulement la revisite humoristique de cinémas de genre, c'est davantage une parabole sur une société contemporaine froide, où tout le monde tente de ressembler à un idéal dicté au point de renier ce qui fait l'essence même de la nature humaine. Ainsi, après le monde zombiefié de Shaun of the Dead, l'illusoire ville parfaite de Hot Fuzz, on a donc le droit à la revisite du body snatchers movie où même les bars se Starbuckisent, mais là où le film surprend encore plus, c'est bien évidemment dans son discours sur l'amitié et le passage à l'âge adulte, bien plus fort que dans les films précédents. On retrouve donc avec le personnage de Simon Pegg une version différente de ce que l'acteur incarnait dans Shaun of the Dead, à savoir un protagoniste vivant dans le déni total des responsabilités, et voulant à tout prix vivre pour toujours dans la jeunesse éternelle, avec les mêmes amis, la même voiture et la même cassette audio. Évidemment, on retrouve une véritable évolution à travers le métrage qui se transforme peu à peu en œuvre touchante sur l'amitié à travers les années, mais aussi une évolution inter-métrage, avec notamment Nick Frost qui devient le personnage le plus responsable du groupe, là où il était le désespoir incarné dans le premier opus.
Bref, l'écriture du film est une totale réussite (les dialogues touchent souvent au génie), un savoureux mélange entre comédie, revisite SF du body snatcher et drame entre potes, mais là où Edgar Wright étonne davantage, c'est bien entendu dans sa mise en scène bien plus maîtrisée qu'auparavant. Si les séquences de combat de Scott Pilgrim VS The World avaient déjà de quoi impressionner, Wright relève encore le niveau d'un cran avec ce qui restera sûrement comme les combats les mieux filmés de cette année 2013. Entre fights en plans-séquences et bastons ludiques où un personnage doit à la fois sauver sa peau et finir sa bière, c'est tout simplement un déluge d'idées de mise en scène qui est visible à l'écran, une surprise d'autant plus grande qu'on ne s'attendait vraiment pas à ça de la part d'un tel film et qui laisse espérer beaucoup quand à l'adaptation de Ant-Man par Wright au sein de l'écurie Marvel. Rajoutons à cela un casting excellent (brillant Simon Pegg), des caméos savoureux, une soundtrack inspirée et on obtient ce qui s'impose certainement comme LA comédie de l'année (mais qui ne se résume pas qu'à ça), un film qui impose définitivement Edgar Wright comme l'un des meilleurs réals anglais actuels.
NOTE : 9/10