L'enfer est à lui Raoul Walsh - 1949
Made it, Ma! Top of the world!. Précédé d'une énorme réputation, genre meilleur film de Walsh et classé dans le top 10 des meilleurs films de gangsters par l'AFI, le film tient à peu près ses promesses mais je suis loin de penser que c'est son meilleur film, je lui préfère largement
La Fille du Désert ou même
Aventure en Birmanie (auquel j'ai mit une moins bonne note mais je le préfère quand même ).
Enfin on est quand même devant un sacré bon film qui mélange pleins de film : gangster movie, caper, zonzon, et histoire de flic infiltré, c'est dense, on voit pas passer le temps et c'est vraiment sans temps mort. On suit donc un truand de la pire espèce ( même si ça reste un psychopathe ça reste un psychopathe prévisible dans ses agissements, genre c'est pas Forsythe dans Justice Sauvage, quand il tue quelqu'un c'est soit par vengeance ou par "nécessité", jamais gratuitement ). Un truand qui effraie tout les hommes de son gang, qui vénère sa mère ( oedipe inside et relation qui fait immédiatement penser à Ma Dalton et Joe avec cette mère possessive qui à modeler son fils ) et sujet à des grosses crises d'épilepsie ( ce qui donnera un gros gros morceau d'acting de la part de Cagney quand son perso apprend la mort de sa mort, il explose littéralement et c'est totalement improvisé pour l'occasion ).
Après un casse d'intro et une petite course poursuite, notre truand va se retrouver en prison et un flic débrouillard va infiltrer son gang en gagnant son amitié en zonzon.
Avec un personnage principal aussi fort, le reste des persos a forcément un peu plus de mal a exister et le fait qu'il soit aussi fou et sans pitié fait que la fin est très (trop) prévisible, de plus le flic infiltré on a un peu de mal à avoir pour lui (on s'en fout quoi) malgré des bonnes idées ( la fin avec le truand qui peut l'identifier est superbement mise en scène, Walsh jouant à merveille sur les plans ) du coup j'ai regardé ça intéressé mais jamais impliqué, jamais j'ai sentit un personnage en danger et je me suis attaché à aucun d'eux.
Mais bon heureusement l'atout principal du film avec Cagney est une grande réussite, on ne sait jamais ce qu'il va faire à l'avance et Walsh joue vraiment avec ça, genre les séquences en prison avec le gars qui a voulu le tuer, on se dit que n'importe quand il peut aller lui planter un couteau dans la gorge.
Walsh film ici les gangsters comme il l'avait rarement été filmé avant, ils sont pas glamour, ils ont pas d'honneur, sont pas spécialement intelligent, c'est juste des tueurs sanguinaire qui n'hésite pas à tuer des amis et ici on a pas de flic dur à cuir pour donner le change, non ici on a flic malin et bricoleur qui fera tomber le gang grâce à la technologie.
Walsh dans son style alerte et sec ( comme Fuller, mais Fuller par contre il a un coté un peu plus chiadé tout de même ), ne fait jamais de fioriture, il va toujours à l'essentiel, ses scènes d'actions vieillissent parfaitement et le climax finale est apocalyptique ( on pense au coup de l'escalier de Wise ) avec un Cagney qui sombre définitivement dans la folie et le plan final est parfait. D'ailleurs elle est marrante cette fin quand on y pense, en général dans ce genre de film on a toujours une confrontation finale entre le gentil et le truand, ici pas de ça, ici les truands se font tous abattre froidement sans aucune chance de s'en sortir.
Walsh de toute façon c'était un cinéaste de l'action, il aimait ça, pour lui il fallait que ce soit rythmé
"Il ne faut jamais laisser le public vous devancer, il faut toujours aller de l'avant" déclarait il et ici clairement le film a un sens de rythme de fou ( sauf lors des passages avec les flics qui essayent de repérer le camion, c'est un peu redondant et ça casse le rythme mais bon heureusement c'est pas envahissant ), et il réussit à nous surprendre par plusieurs évènements : Cagney qui décide de lui même d'aller en prison c'est le genre de péripétie qu'on voit jamais dans ce genre de film.
James Cagney qui était alors dans le creux de la vague et ne voulait plus jouer de gangster acceptant finalement ce rôle et il livre un prestation dantesque, portant le film sur ses épaules étant aussi à l'aise dans les scènes de folie ou les séquences où son personnage est humanisé ( très belle scène dialogué où il se confie à son "camarade" ), son jeu naturel, son jeu toujours en mouvement, son débit, il retranscrit le coté boule de nerf qui peut exploser à n'importe quel moment, tout est parfait et ce genre de performance a dut inspirer plusieurs grand acteurs ricains des 70's. Virginia Mayo a joué dans un paquet de Walsh et ici elle compense la salope parfaite, une femme vénale menant sa barque le mieux qu'elle peut pour survivre dans ce monde requin et la voir retourner sa veste à chaque séquence est un vrai plaisir ( et c'est marrant de la voir se faire envoyer chier par le flic ). Edmond O’Brien dans le rôle du flic infiltré est pas trop mal mais il est un peu trop passe partout et il lui manque le truc en plus qui fasse qu'on accroche vraiment à son personnage. Margaret Wycherly dans le rôle de la maman est parfaite ( elle a la gueule de l'emploi ).
Un bon film de gangster qui vieillit admirablement ( un classique quoi ) et qui fait tout simplement dire que le cinéma c'était mieux avant, Cagney donne ici ses lettre de noblesse aux personnages de anti héros qui vont envahir les écrans ricains par la suite et m'est d'avis que ce film a fortement influencé des petits gars comme De Palma ou Mann.
En tout cas j'ai complétement changé d'avis sur Walsh, après avoir découvert ses 4 ou 5 plus mauvais films (sans le savoir) je me rend compte qu'il a une putain de filmo et surtout un putain de talent de réal.
7,75/10