"- Ça vous dirait un petit échange dans la ruelle, derrière le bar ? - Si c’est un échange de fluides corporels, je suis pas contre. Mais alors dans ce cas, tu passes devant."
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."
Barry Detweiler (William Holden), un producteur indépendant américain, se rend à Corfou afin de persuader Fedora (Marthe Keller), une ancienne star hollywoodienne qu’il a connue trente ans auparavant, de tourner dans son prochain film. Mais la rencontrer ne sera pas aisé, l’actrice étant récluse par son entourage qui refuse qu’on l’approche…
28 ans après Boulevard du Crépuscule, Billy Wilder revisite le thème de la déchéance des idoles hollywoodiennes avec Fedora. Mais là où Boulevard du Crépuscule avait été tourné au sein même du système hollywoodien, avec les fastes budgétaires que cela implique, Fedora sera financé par des producteurs indépendants et tourné en Europe avec des moyens plus limités. (On peut d'ailleurs s'amuser à dresser un parallèle entre la situation du personnage principal, qui galère à financer son film, et celle du réalisateur.) La différence de budget est visible à l’écran, Fedora ne bénéficiant pas du lustre de son prédécesseur et propose une photo terne et une reconstruction de l'âge d'or hollywoodien étriquée. Même la réalisation de Wilder est peu inspirée, là où ses autres films bénéficiaient de mises en scène finement ciselées.
La structure de l'intrigue n'est pas non plus des satisfaisantes. On suit avec intérêt dans la première partie les tentatives de Barry pour rentrer en contact avec Fedora et pour percer le mystère entourant sa réclusion forcée (un élément sonore rend la solution de ce mystère facile à deviner). Les flashbacks font ressentir la nostalgie d'un âge d'or à jamais perdu: la première rencontre entre les deux protagonistes est particulièrement bien dialoguée et la simplicité avec laquelle avec laquelle ils deviennent intimes admirable. Mais une fois la solution du mystère révélée, les flashbacks deviennent purement explicatifs, servant uniquement à relier entre eux les différents points de l'intrigue, tout ce qui nous est montré étant assez peu surprenant. Le film est sauvé in extremis par son final, les adieux entre deux couples s'avérant extrêmement touchants.
Le film aborde les méfaits de la chirurgie esthétique et la recherche de la jeunesse éternelle, les sacrifices pour devenir et rester célèbre, le culte voué aux idoles...l'image idéalisée projetée par Fedora au début étant sérieusement égratignée par la suite. Niveau l'interprétation, si William Holden est impeccable, on ne peut pas en dire autant de Marthe Keller: soit elle surjoue, soit elle est excessivement figée. La musique de Miklos Roza est parfois envahissante, avec une emphase mélodramatique déplacée.
On retiendra donc du film davantage sa critique acerbe de certaines célébrités prêtes à tout pour protéger leur image et sa première partie intrigante, que sa seconde partie trop explicative.
Une petite comédie assez mollassonne qui injecte des touches d'humour dans une intrigue à la Hitchcock (dans un train qui traverse les Etats-Unis, un homme est seul témoin d'un meurtre et doit convaincre les autres de ce qu'il a vu).
Gene Wilder y est convaincant en monsieur-tout-le monde qui doit déjouer un complot seul contre tous mais son potentiel comique n'est quasiment pas exploité et il faut attendre l'arrivée de Richard Pryor à la moitié du métrage pour dynamiser un peu l'ensemble. Jill Clayburgh est excellente dans la scène de séduction qui ouvre le film, mais est vite reléguée au rôle de potiche par la suite. Parmi les seconds couteaux, on retrouve des habitués de la saga Bond: Richard "Jaws" Kiel (qui, un an avant L'Espion qui m'aimait, porte des dents en...or! ) et Clifton "Shérif Pepper" James (qui est aussi drôle ici qu'il était navrant dans les Bond).
Le scénario est assez plan-plan, mais parvient à relancer l'intérêt à plusieurs reprises lorsque le personnage de Wilder est balancé du train en marche et doit trouver un moyen de remonter à bord. La réalisation de Hiller est fonctionnelle, sans véritable personnalité, mais le cinéaste emballe quand même une impressionnante collision de train réalisée en "dur".
Avis aux connaisseurs: un plan du film sera réutilisé plus tard pour le générique de L'Homme qui tombe à pic! (voir ci-dessous)
J'ai des souvenirs très lointains du Shérif est en prison, mais leur collaboration a quand même donné naissance à un pur chef d'oeuvre comique, avec Frankenstein junior, le seul film qu'ils ont écrit ensemble d'ailleurs.