The Verdict Don Siegel - 1946
Premier film de Siegel et c'est surprenant de voir qu'il est déjà annonciateur de Dirty Harry ( oui carrément ) alors que sur le papier on est le Londres de la fin du XIXème. On y retrouve donc une ambiance à la Jack l'Eventreur avec pleins de petites ruelles plus ou moins glauque très mal éclairé et un tueur qui rôde.
Le film s'ouvre sur l'exécution d'un homme, mais on apprend que c'est un innocent et le flic en charge de l'affaire doit donc démissionner, mais le tueur rôde encore, et il qui fera une seconde victime très rapidement et c'est parti pour un whodunit avec une sympathique galerie de personnage qui maintient le suspens : une bonne qui s'endort avec du whisky, un dessinateur alcoolique et morbide, un ancien flic, l'amante éconduit, le concurrent politique, le flic qui se croit plus malin que tout le monde.
Le film accumule les fausses pistes, le meurtre étant été commis dans une pièce close, les hypothèses se font rare et le coupable idéal est forcément innocent et là pour le coup j'ai pas vu venir l'identité du tueur, tant le film se montre malin dans son déroulement, un cluedo super ludique au twist Dirty Harry approved B)/> . De plus c'est pas du twist gratuit c'est totalement cohérent et les indices sont bien donné tout au long du film ( y a notamment un plan bien explicite sur un personnage mais le moment où il est placé dans le film fait qu'on est pas un déboussolé ) et les motivations du tueur ne sont finalement pas celle qu'on pourrait croire au départ.
Certaines séquences sont vraiment drôle et notamment le passage où un voleur professionnel explique comment il aurait pu s'introduire dans la chambre.
Siegel bosse son ambiance et ses plans, on a donc pas mal de jeux sur les ombres où Siegel fait toujours attention à bien placer les acteurs et varie sur les rapports de force entre les différents personnage qui varie d'une scène à l'autre, une scènes avec un tueur ganté en vue subjective qui fait immédiatement pensé à un giallo, une scène de cimetière plastiquement merveilleuse, bref de l'excellent boulot.
Le film doit beaucoup à son duo principal Sydney Greenstreet et Peter Lorre dont c'était le 8ème film en commun, d'ailleurs on peut un peu penser à Sherlock et Watson quand on les voit. Greenstreet c'est la force tranquille, il joue à l'économie mais dès qu'il parle on l'écoute, grosse présence, Lorre il a un phrasé bien spécifique qui fait que dans tout les films où il joue c'est le traitre ou le méchant parfait, c'est un véritable voleur de scène et là avec son personnage bien cynique il s'en donne à coeur joie et c'est un régal de le voir.
Premier film et première réussite pour Siegel, en tout cas un film qui mérite de sortir du relatif anonymat dans lequel il est tombé.
7/10