[Val] Mes Critiques en 2013

Modérateur: Dunandan

Twin Peaks - 9/10

Messagepar Val » Mar 03 Sep 2013, 10:38

Twin Peaks - Fire Walk With Me de David Lynch (1992)

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GROS SPOILER SUR LA SERIE !

Sans doute le film le plus difficile d’accès de David Lynch si on n’a pas vu la série dont il est dérivé, (pour preuve ayant découvert le film très jeune, je n’avais rien compris du tout, mais certaines images m’avaient pourtant marquées comme la Red Room/Black Lodge, The Man from Another Place ou encore Bob), Twin Peaks - Fire Walk With Me est pourtant un de ses bijoux. Achevant son œuvre Twin Peaks, pièce centrale de son œuvre tant tous ses opus précédent semblent converger vers elle et ses œuvres postérieures en être des réinterprétations ou relectures, il livre une nouvelle variation sur le film Noir avec sa femme fatale (Laura Palmer) torturée et condamnée d’avance.

L’ambiance du film pourra cependant dérouter plus d’un fan de la série. Si cette dernière, mélange audacieux de comédie policière et de fantastique à la limite du glauque, dégageait une ambiance chaleureuse quoique inquiétante, le film fait le pari de plonger les deux pieds joints dans ce glauque que la série prenait soin d’édulcorer par ses pauses parfois loufoques. Ainsi, certains trouveront que le film n’a rien à voir avec la série. Oui et non. Disons qu’il s’agit d’une variation sur la même histoire. Film et série sont indépendants et pourtant liés dans le sens où voir la série avant permet de mieux appréhender le film et de ne pas se gâcher le sel de la série. Mais il faut dans le même temps savoir se détacher de la série pour mieux rentrer dans le film comme dans une œuvre indépendante. Cela s’explique par une différence de taille : le point de vue. Si la série se montrait accueillante et portait un regard amusé mais bienveillant sur ses petites bourgades paumées, c’est parcequ’elle épousait le point de vue de Dale Cooper, agent du FBI décalé et humaniste, profondément attachant et découvrant en même temps que le spectateur cette petite ville étrange de Twin Peaks.

Ici, le point de vue adopté est celui de Laura Palmer, adolescente paumée, droguée et victime d’un bourreau mystérieux peut-être pas si étranger au malaise présent dans sa famille. C’est un personnage en perdition dont l’âme est sur le point d’être « prise » par le maléfique Bob. Pas étonnant que le film n’ai rien d’un conte de fée. Ici, la ville semble sale, les personnes antipathiques, et le glauque à tous les coins de rues. L’enfer sur terre en somme.

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Avec cela, Lynch signe un portrait bouleversant d’une auto destruction, celle d’une jeune femme paumée et qui aurait pourtant tout pour réussir mais dont les démons intérieurs l’empêcheront de s’en sortir, détruite par la prise de conscience de l’identité de la personne qui la torture. Il me semble qu’au délà de l’histoire d’un inceste, déjà bouleversante, Lynch signe surtout un des meilleurs films sur l’adolescence. Contrairement à beaucoup de films qui tentent d’évoquer cette période complexe et font fiasco en se résumant souvent à des problèmes de petits bourgeois qui font leur crise, Fire Walk With Me me semble être la meilleure représentation de ce sentiment d’enfermement , de fin du monde, et de véritable enfer que procure parfois cette période de la vie, que certains tentent d’occulter en plongeant dans tous les excès possibles, d’une vie sentimentale compliquée, à la drogue et passant par une sexualité dissolue, et dont certains ne reviennent pas, victimes de quelques adultes aux pulsions elles aussi destructrices.

9/10
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Mar 03 Sep 2013, 11:47

Enfin quelqu'un qui salue l'énorme prise de risques de Lynch, qui a su "casser le jouet" que constituait la série en adoptant le point de vue de Laura :super:

Un diamant noir, tout simplement.
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Val » Mar 03 Sep 2013, 12:07

C'est clairement une redécouverte pour moi, voir la redécouverte de l'année. Sans doute le film le plus émouvant de David Lynch.

Par contre, je dois admettre que la première partie fait un peu hors-sujet du coup, même si elle fonctionne comme un avertissement pour le fan : on commence par une télé qui explose, comme pour montrer que la série devra être oubliéé, puis tous les fondement de la série sont pris par le contre-pied. Mais cette intro permet d'avoir des scènes absolument géniales et des invités tout aussi géniaux : Chris Isaak, Harry Dean Stanton et un David Bowie manifestement évadé de la Black Lodge. Et quelle transition, quand apparaît l'entrée de Twin Peaks sur les notes de Badalamenti. :love:

Il est juste dommage de commencer à donner des indices sur la Red Room sans aller plus loin. Il semble juste que Bob obéisse aux autres membres de cette chambre et que Laura finisse par réussir son passage jusqu'a la White Lodge si on en croit le dernier plan.
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Mar 03 Sep 2013, 12:18

C'est vraiment un film que j'ai appris à apprécier grâce au livre de Michel Chion consacré à Lynch. Si tu peux mettre la main dessus, je te le recommande.
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Val » Mar 03 Sep 2013, 12:24

Ah je vais essayer de me chopper ça. :super:
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Mar 03 Sep 2013, 13:09

C'est donc très conseillé de voir la série avant le film pour apprécier ce dernier à sa juste valeur ?
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Mar 03 Sep 2013, 13:13

Le film est une préquelle : tu te flingues la série en le matant.
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Dunandan » Mar 03 Sep 2013, 13:16

D'accord, bon alors je ne réfléchis même pas et je mets le film de côté :super:
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Plein Soleil - 8,5/10

Messagepar Val » Lun 23 Sep 2013, 21:51

Plein Soleil de René Clément (1960)


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Sorti à l’aube des années 1960, Plein Soleil, mis en scène par René Clément allait lancer la carrière de son tout jeune premier rôle, jusqu’à le transformer en mythe vivant : Alain Delon.

Le film débute par la description du quotidien canaille du duo Greenleaf/Ripley en Italie, partagé entre blagues potaches, détente au bar et séance de drague malsaine. Sous un soleil de plomb, Clément plonge le spectateur dans le quotidien étrange de ces deux hommes se présentant comme des amis d’enfance. Pourtant, dès ces scènes d’introduction, on repère chez le jeune Ripley une forme de double jeu, un non-dit, comme une menace. Greenleaf traite son invité comme un moins que rien et s’amuse de lui, tout en menant la grande vie avec sa compagne. Cette dernière se posant d’ailleurs de plus en plus de questions sur les rapports de son compagnon et de son invité. Greenleaf finira même pas avouer qu’ils ne sont nullement amis mais que Ripley vient de débarquer dans sa vie, sois disant à la demande de son père voulant le rapatrier aux Etats-Unis. Allant de plus en plus loin dans le mauvais traitement qu’il impose à Ripley, celui-ci se venge en détruisant le couple de Greenleaf et en prenant son identité.

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Plein Soleil est l’histoire d’une fascination : celle d’un jeune homme (Alain Delon, au physique angélique, parfait, que l’on croirait tout juste pubère) pour un homme plus âgé (Maurice Ronet, à la beauté plus burinée et mature) dont il envie le mode de vie flegmatique, les relations et les amours. Poussant l’identification jusqu’à revêtir les habits de Greenleaf ou à imiter sa voix, Ripley finit par disparaître sous les traits de son idole.

Sublimé par la caméra de Clément, Alain Delon est magistral de bout en bout, la caméra ne voit plus que lui. La scène où le bateau est pris dans une sorte de tempête est un grand moment de tension, réalisé à l’improviste, mais qui permet de placer le spectateur dans l’état d’esprit de Ripley à ce moment-là du film. Maurice Ronet impose tout son flegme dans son rôle de mentor pervers. On retrouvera ce duo quelques années plus tard dans La Piscine, film que l’on pourrait voir comme une suite si les événements ne s’étaient pas déroulés de la même manière. On y retrouvera la rivalité en deux hommes ayant mûris tous les deux, l’un continuant sa vie dissolue et l’autre menant une vie rangée avant que leurs retrouvailles ne remettent tout en question.


8,5/10
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Scalp » Mar 24 Sep 2013, 13:30

Je l'ai toujours pas vu celui là.
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Oslo 31 aout - 10/10

Messagepar Val » Sam 12 Oct 2013, 15:03

OSLO 31 AOÛT de Joachim Trier (2011)

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A Oslo, le jeune Anders est sur le point de terminer sa cure de désintoxication. Pendant des années, il aura tout pris, coke, ecsta, amphèt,... Il aura même dealer. Il aura pris soin de tout détruire dans sa vie : sa famille, ses amis, ses amours, son talent. Ce 31 août, Anders à l’autorisation de sortir du centre où il se soigne pour se rendre en ville et passer un entretien d’embauche. Il en profite pour revoir ses amis et sa famille. Cette journée sera l’occasion de faire un point sur sa vie, et de tenter, du moins le pense-t-il, de trouver un nouveau départ. Pourtant, chacune de ses rencontres l’enfonce un peu plus dans sa déprime et sa solitude.

On a souvent dit que Oslo, 31 Août était un film sur l’addiction. Je ne le crois pas. Si l’addiction d’Anders est ce qui l’a conduit à se couper du monde en subissant une cure de désintoxication, le film évoque surtout la dépression qui l’a conduit à se droguer. A ce titre, il s’agit sans doute d’un des films restituant le plus fidèlement qui soit le sentiment dépressif. Anders est extrêmement intelligent, plutôt doué et pourtant il est mal dans sa peau. Son problème est sans doute sa difficulté à communiquer. Ayant grandi avec pleins d’idées contradictoires sur ce qu’il est bon de faire ou non (la scène où il évoque ses parents), il s’est construit avec l’envie de se démarquer du monde qui l’entoure. Et de fait, il est différent, mal à l’aise dans cette société qu’il déteste. Il se sent d’une autre époque. De là, Anders ne parvient plus a communiquer, à exprimer ses sentiments, de peur de devenir comme les autres. Et de cette impossibilité à communiquer, il développe une attitude le faisant passer pour un connard prétentieux auprès des autres, lui qui ne cherche que des preuves d’affection. Le résultat est que dès qu’un ami pense l’aider à s’en sortir à base de conseils d’une rare banalité (mais peuvent-ils sérieusement dire autre chose ?), cela ne fait qu’enfoncer Anders dans sa déprime.

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Le film dépeint aussi de manière très juste ce sentiment contradictoire qui est que malgré son jeune âge (32 ans), on a l’impression que notre vie est déjà finie. C’est-à-dire, qu’elle est déjà tracée, qu’il faudra s’en accommoder, qu’elle a déjà commencée sans nous. On ne pourra pas la recommencer, le train est parti sans nous et il faudra réussir à monter en marche. Et même si on pouvait la recommencer, on n’en aurait pas la force. D’où un sentiment de solitude exacerbé. De vraie solitude, pas celle qui consiste à être physiquement seul, mais mentalement aussi. L’impression que toutes les personnes du monde ne parviendront jamais à vous redonner le goût de vivre, malgré tous leurs efforts. Un des dernières scènes, celle de la piscine, est à ce titre d’un pessimisme total : malgré les appels à rejoindre ceux qui s’amusent, Anders restera toujours sur le bord. Il le comprend, l’accepte et décide de s’autodétruire jusqu’au bout.

Pour son second film, le jeune Joachim Trier signe un drame bouleversant, d’une justesse incroyable, porté par un acteur magnifique (Anders Danielsen Lie). Sa mise en scène, discrète et élégante met en avant ses acteurs et son histoire en se permettant des moments de spleen magnifiques. Un film indispensable.

10/10
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Velvet » Sam 12 Oct 2013, 16:04

Très bon film oui. Comme tu le dis dans ta critique, ça décrit de façon très réaliste ce sentiment de perdition, de dépression.
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Logan » Sam 12 Oct 2013, 17:57

Carrément 10 :shock:

En tout cas complétement d'accord un grand petit film qui mérite d'être découvert :)
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Val » Sam 12 Oct 2013, 18:07

Bah ouais, j'avais bien aimé la première fois sans plus. Mais j'y repense très souvent depuis et je l'ai revu hier soir et je l'ai trouvé parfait. Il intègre même mon Top 100. Sans doute parceque je me reconnais pas mal dans le personnage d'Anders.
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Re: [Val] Mes Critiques en 2013

Messagepar Val » Ven 01 Nov 2013, 13:13

Deux mois plutôt lights :

Septembre 2013

189) The Kremlin Letter (La Lettre du Kremlin) de John Huston (1969) [Blu-Ray, VOST] : 7/10
190) Twin Peaks : Fire Walk With Me de David Lynch (1992) [Blu-Ray, VOST] : 9/10
191) Evil Dead de Fede Alvarez (2013) [Blu-Ray, VOST] : 7/10
192) Mud (Mud - Sur les rives du Mississippi) de Jeff Nichols (2012) [Blu-Ray, VOST] : 8/10
193) Carnage de Roman Polanski (2011) [DVD, VOST] : 8/10
194) Vertigo (Sueurs Froides) de Alfred Hitchcock (1958) [Blu-Ray, VOST] : 8,5/10
195) Eraserhead de David Lynch (1977) [DVD, VOST] : 8,5/10
196) The Butler (Le Majordome) de Lee Daniels (2013) [Cinéma, VOST] : 6/10
197) Plein Soleil de René Clément (1959) [Arte HD] : 8,5/10
198) High Plains Drifter (L’Homme des Hautes Plaines) de Clint Eastwood (1973) [Blu-Ray, VOST] : 8,5/10

Octobre 2013

199) Blue Jasmine de Woody Allen (2013) [Cinéma, VOST] : 6,5/10
200) Only God Forgives de Nicolas Winding Refn (2013) [Blu-Ray, VOST] : 9/10
201) Rush de Ron Howard (2013) [Cinéma, VF] : 7/10
202) Oslo, 31. August (Oslo, 31 Août) de Joachim Trier (2011) [Blu-Ray, VOST] : 10/10
203) Querelle de Rainer Werner Fassbinder (1982) [Blu-Ray, VOST] : 6,5/10
204) La Strada de Federico Fellini (1954) [Arte, VOST] : 8/10
205) Halloween de Rob Zombie (2007) [DVD, VOST] : 9/10
206) Halloween II de Rob Zombie (2009) [Blu-Ray, VOST] : 7,5/10

Découvertes marquantes :
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